Le père de Zazie en vedette à Liège dès jeudi
L’inclassable Raymond Queneau, le joueur de mots, l’expérimentateur en littérature sera la vedette d’un colloque universitaire, dès ce jeudi 29, à Liège.
Publié le 26-11-2012 à 07h00
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«J'ignore si on lit encore Queneau dans le secondaire mais je peux vous assurer que quand j'interroge mes étudiants, ils le connaissent tous.» Jean-Pierre Bertrand est professeur de littérature contemporaine à l'Université de Liège et un des organisateurs avec Claude Debon et Daniel Delbreil (tous deux professeurs à Paris III) d'un colloque de trois jours consacré à Raymond Queneau, dès ce jeudi 29novembre à Liège. «L'écrivain français occupe une double place dans la littérature. D'un côté, il y a son aspect populaire et grand public que l'on retrouve dans des romans comme Zazie dans le métro. Et de l'autre c'est aussi un grand expérimentateur avec l'Oulipo – Ouvroir de littérature potentielle – dont il était un des fondateurs. Il s'y est engagé dans un type de littérature expérimentale qui n'aura pas le même succès que ses romans plus populaires. Il menait ces deux types d'activités de front. C'est une grande figure romanesque. Et s'il était issu du surréalisme, il va totalement s'en démarquer, entre autres, avec l'Oulipo. Il fera alors cavalier seul.»
Un cavalier seul passionné de mathématiques, rare chez un écrivain… «Il avait une véritable fascination pour les modèles mathématiques. Et il n'était pas le seul à l'Oulipo où il avait développé l'idée d'imposer les mathématiques au langage littéraire, avec des règlesetc. Mais Queneau c'était d'abord un grand érudit. Il était d'ailleurs directeur de l'Encyclopédie de La Pléiade chez Gallimard.»
Le thème du colloque «Queneau et l'esprit de famille» est assez surprenant et marque, de la part des organisateurs, la volonté d'élargir les axes d'analyse des œuvres et de la vie de l'auteur. «Chez Queneau, dans ses romans, on retrouve souvent la famille mais ce sont des familles ordinaires à l'encontre de la famille idéale. Et les relations familiales sont souvent un peu foireuses… Nous allons mieux explorer cet aspect de l'œuvre. Mais nous voulons aussi replacer Queneau au cœur de sa "famille littéraire ", ses relations avec d'autres écrivains, ses amitiés littéraires, ses réseaux…»
Et n'y a-t-il pas une grande ironie à voir se développer actuellement un certain «néo-français» utilisé par l'écrivain dans ses romans? «Faire le lien entre Queneau et le langage SMS ou celui des blogs est pertinent. Il y a un parallèle amusant à faire. Mais chez Queneau c'était une façon de jouer avec le langage, de l'ironie. Le langage SMS, c'est rarement de l'ironie…»
Colloque international Queneau, Du 29/11 au 1/12 à l’Université de Liège, secrétariat Kanako Goto, 0494/08 61 22, kgoto@ulg.ac.be