Tuerie de la place St-Lambert: «mieux accompagner les victimes»
Six mois après le 13 décembre, le père de l’une des victimes nous confie son souhait de voir un meilleur encadrement des proches, à l’avenir.
- Publié le 13-06-2012 à 07h33
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Cela fait six mois aujourd’hui que la Cité ardente a été frappée par la folie meurtrière de Nordine Amrani. Au cœur de cet événement, les familles des victimes sont sans doute les plus touchées, à tel point que la maman de Mehdi-Nathan, l’une des victimes, s’est donné la mort voici une dizaine de jours.
"Il y aura toujours des choses qui nous le rappelleront"
«Ça nous a tous marqués et rappelé ces moments difficiles», témoigne Thierry Kremer, le père de Laurent. Ce dernier, décédé des suites de ses blessures le 23décembre, fait partie des six victimes directes de la tuerie. «Ce 13juin est une date difficile, parce que cela fait six mois que c'est arrivé. Dans dix jours, ce sera aussi difficile, parce que cela fera six mois que notre fils est décédé, confie-t-il. Il y aura toujours des choses qui nous le rappelleront».
Mais l'homme veut aller de l'avant, résolument, en espérant que l'accompagnement des proches des victimes soit mieux appréhendé à l'avenir. «Je ne vous dirai pas que nous avons été oubliés, ce serait faux. Mais il est certain qu'on s'est retrouvés complètement démunis.» Immédiatement après les faits, bien sûr, une assistance se met en place, «quoique notre situation était particulière, puisque notre fils est décédé quelques jours après». Mais une fois la situation de crise passée, «il faut se débrouiller. Personne ne vous dit véritablement ce qu'il faut faire».
Des familles démunies
Frais funéraires, démarches vis-à-vis de la justice, de la police, droits de succession, aspects psychologiques: ce sont autant de questions très concrètes qui se posent. «C'est toujours le cas lors d'un décès. Mais dans de telles circonstances, ne pourrait-on pas imaginer un encadrement?», s'interroge Thierry Kremer. «Il y a une assistance psychologique immédiate, mais pas de suivi psychologique plus long dans le temps. Un numéro de téléphone a été mis à notre disposition, mais uniquement dans l'urgence. Après la crise, plus de réponse».
C'est justement pour exprimer toutes ces interrogations que plusieurs familles de victimes se sont réunies la semaine dernière, en présence du bourgmestre de Liège, Willy Demeyer. «C'était une volonté de notre part», explique Thierry Kremer. Cette démarche constructive pourrait aboutir un jour sur un modus operandi destiné à accompagner les victimes.
Élaborer une check-list ?
«Je trouve en tout cas qu'il faudrait mettre en place quelque chose pour venir en aide aux victimes. Une cellule spécialisée, par exemple, ou une check-list sur laquelle se trouvent toutes les démarches à accomplir. Je ne sais pas quelle forme ça doit prendre, mais que ce soit un attentat, un accident de train ou un drame comme à Sierre, je peux vous dire que vous ne savez vraiment pas comment vous y prendre pour gérer la situation», en ce qui concerne tous les aspects pratiques.
Avec l’aide des proches de victimes du 13décembre, peut-être ce constat pourra-t-il évoluer un jour. La démarche vient en tout cas d’être initiée, en toute humilité, par les premiers concernés.