Liège: un «Manifeste» pour des universités à la hauteur de leurs missions
Un « Manifeste pour des universités à la hauteur de leurs missions » est rédigé par un groupe de travail de l’Ulg suite à la démission médiatique d'Annick Stevens, Docteur en philosophie. Un pavé dans la mare ?
Publié le 30-03-2012 à 23h55
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Sa démission avait fait grand bruit en janvier. Chargée de cours à temps partiel en philosophie à l'Université de Liège, Annick Stevens claquait la porteen envoyant une lettre ouverte à l'ensemble de la communauté universitaire liégeoise. Elle y dénonçaitla dégradation des universités européennes et en particulier le productivisme, l'arrivisme ambiants et la course à l'excellence. Bref, une université appauvrie qui ne formerait plus à la réflexion,nià l'esprit critique. Ambiance...
Slow science et désexcellence
La publication du texte et ses échos dans la presse avaient provoqué une vague de soutien inattendue, des dizaines de collègues se reconnaissant dans le diagnostic. Un groupe de travail s'est ainsi formé au sein de l'université de Liège et a rapidement reçu l'écho d'autres universités belges (notamment l’ULB), mais aussi françaises et espagnoles qui partagent le même constat et prônent le mouvement de « slow science » et de désexcellence.
Après plusieurs réunions et un travail participatif, le groupe de travail liégeois vient de rédiger un manifeste envoyé via les réseaux universitaires et posté sur un nouveau portail web (http://www.univendebat.eu/). En une semaine, le textea déjà reçu plus de 900 signatures. Le mouvement semble être en marche. Reste à voir quelles seront les suites concrètes données au document…
Bernard Rentier, en tant que recteur de l'Université de Liège, comment percevez-vous ce mouvement contestataire ?
Je suistout à fait d'accord sur de nombreux points, autant danslemanifeste que dansla lettre ouverte d'Annick Stevens. Il est important que des débats d'idées de ce type aient lieu au sein de l'institution et je les encourage. Je ne suis pas un étouffeur d'idées...
Vous souscrivez à l'analyse ?
Pas sur le plan de l'utilitarisme.Oui, l'université reçoit de l'argent du grand capital. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle vend son âme. Il ne faut pas tomber dans un gauchisme élémentaire. Etablissons des limites à ne pas franchir avecla sphère économique, sans pour autant ériger un mur devant. Oui, l'université pense à l'employabilité des diplômés. Mais nousdevons équiper les étudiants d'outils pour faire face au monde du travail, sans pour autant les formater.L'université n'est plus une tour d'ivoire... Elle doit être au coeur de la société.
Ce mouvement prend de l'ampleur…
La démission de madame Stevens a cristallisé ce mouvement qui existait déjà mais qui n'était pas beaucoup entendu.