Deux mois de chantier en Antarctique
Ce spécialiste du montage en bois travaille à Libramont. Il part deux mois en Antarctique avec cinq autres Liégeois.
Publié le 19-11-2019 à 06h00
Lundi, il s’envolera pour l’Afrique du Sud, direction l’Antarctique. Au programme: la construction d’une structure en bois, pour le compte d’une société russe d’aviation Alci (Antarctic Logistic Centre International).
«Il», c’est Benoit Compère, de Remouchamps (Aywaille). Il travaille comme formateur au sein du centre de compétence Forem Wallonie Bois, situé à Libramont.
« Je fais un métier que j'adore, qui me passionne. Construire cette structure en Antarctique, c'est extraordinaire», confie-t-il, des étoiles dans les yeux.
Pour la construction de leur bâtiment en ossature bois, les Russes ont fait confiance à un entrepreneur liégeois, qui a déjà travaillé sur la station princesse Élisabeth. Cet entrepreneur, également guide de haute montagne, a choisi son équipe de cinq pour l’accompagner. Parmi eux, Benoit Compère donc.
« Ce sont des amis, on se connaît, commente-t-il. Sachant qu'on va passer deux mois ensemble, loin de tout, dans des cab'house, des containers aménagés en logement, c'est bien de se connaître avant. »
Sur la glace
Le bâtiment que cette équipe 100% liégeoise va construire est une structure de 16,5 m sur 18,5 m, pour une hauteur de 8 m. « Le hangar est attenant à une piste d'atterrissage. Je pense que leur but est de développer des vols commerciaux », avance Benoit Compère. À 23 000€, le vol aller-retour opéré par Alci, entre l'Afrique du Sud et l'Antarctique, autant dire qu'il faut avoir les moyens pour se permettre le voyage.
Les six hommes auront deux mois, pour venir à bout du chantier, sous des températures moyennes de -10°.
«Du fait des conditions extrêmes, le montage sera particulièrement lent, explique Benoit Compère. En Belgique, ce genre de structure est monté en une semaine, une fois les fondations réalisées.»
En Antarctique, les monteurs devront d'abord réaliser les fondations… dans la glace, avec la particularité que le sol bouge et n'est donc pas stable. « La structure doit être autoportante, rien ne doit empêcher qu'elle bouge », avance d'ailleurs le formateur.
Des blocs de glace seront enlevés, pour intégrer une partie de la structure dans la glace, fixée à celle-ci avec de l’eau chaude.
Un vent terrible
Qui dit glace, dit crampons. Sans parler de tout l'équipement contre le froid. Une autre difficulté sera le vent. «On sera à 1 500 m d'altitude sur un plateau battu par les vents. Des conteneurs seront empilés pour former une forme de paravent.» L'équipe travaillera avec des cordages.
Sur place, Benoit Compère sera en quelque sorte responsable de la sécurité. Ses compétences sur le travail en hauteur seront aussi sollicitées.
Le formateur du Forem prend part à cette aventure à titre privé. Il a donc pris deux mois de congé sans solde. Mais nul doute que les étudiants, enseignants, travailleurs et demandeurs d’emploi qui sont formés au centre de compétence Wallonie Bois de Libramont profiteront, à son retour fin janvier, de son expérience.