Népotisme et chasse aux sorcières à Awans
La non-reconduction de l’emploi d’un travailleur vire au règlement de comptes
Publié le 11-03-2023 à 11h27
:focal(265.5x208:275.5x198)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/WKGFA3L4ONEBBC4GQDA5RNLBSU.jpg)
Si Elio Di Rupo alors président du PS en avait marre des parvenus, si Paul Magnette crie partout qu’il veut mettre fin aux vieilles pratiques du PS, à Awans le message ne semble pas être passé.
Pire, non seulement ces pratiques continuent, mais celles et ceux, au sein du PS local, qui voudraient y mettre fin, sont la cible d’une chasse aux sorcières et risquent même des sanctions.
C’est en tout cas ce qui ressort des courriers, P.-V. de réunion et échanges écrits entre le bourgmestre d’Awans, Thibaut Smolders et une échevine d’une part et des conseillers PS du CAS (Conseil d’Action sociale) de la commune de l’autre.
Pour comprendre ce qui se passe à Awans, un flash-back de quelques mois est nécessaire. À cette époque, le fils d’une échevine est engagé au CAS de la commune et obtient un contrat à durée déterminée (CDD). Le souci, c’est que selon plusieurs membres de l’équipe du CAS, le nouveau collègue ne donne pas satisfaction.
Le malaise est tel, que le 27 décembre, de nombreux membres du personnel écrivent aux membres du CAS ainsi qu’à la Directrice générale et la Directrice financière de l’institution, un courrier dans lequel ils se plaignent du comportement de l’intéressé.
Pourtant, malgré ce malaise, le PS a donné une consigne de vote à ses mandataires du CAS : voter pour le passage du travailleur d’un CDD à un CDI. Le vote a lieu le 28 décembre et là : patatras ! L’opposition… s’oppose (avec une abstention) et deux conseillers PS votent “pour” alors que deux autres votent “contre”. Le travailleur n’est, du coup, pas prolongé. Fin de l’histoire… Sauf que…
Convoqués pour s’expliquer ?
En apprenant la chose, l’échevine pique une grosse colère bientôt suivie par le bourgmestre. On en veut pour preuve un P.-V. de la réunion du PS local qui s’est tenue le 21 février de cette année : “Quand on fait partie d’un groupe, il faut tous tirer le bateau dans le même sens” et l’échevine “voudrait que ceux qui ont voté contre soient destitués de leurs mandats”. Selon le P.-V. (qui est en notre possession, et dont Thibaut Smolders conteste la véracité expliquant qu’il a été modifié depuis), le bourgmestre enchaîne alors “et propose de convoquer les conseilleurs CPAS devant les élus et de prendre les mesures et sanctions.” Étonnant de la part d’un homme qui veut incarner le renouveau du PS.
Cette convocation est contraire à la loi sur le CAS qui prévoit pour ce genre de vote sur le personnel le huis clos et le vote secret. Cela implique que les conseillers n’ont pas à se justifier devant quiconque.
Deux d’entre eux ont, dès lors, décidé de ne pas se présenter à cette réunion, du style tribunal de Salem où l’on jugeait et condamnait les vilaines sorcières. Affaire à suivre…
Une discipline de groupe
Interrogé par nos soins, Thibaut Smolders ne nie pas qu’il y a actuellement une certaine tension au sein de PS local.
“C’est vrai que cela ne va pas, lorsque les conseillers se sont réunis à la veille de la réunion du CAS, le vote en question a été évoqué. Il a été décidé, à l’unanimité, de voter pour la prolongation du contrat de travail. Je n’ai pas de problème à ce que chacun vote en son âme et conscience, mais alors il faut en discuter et le dire. Il ne faut pas rester muet et voter autrement ensuite.”
Quant aux sanctions à l’encontre des votants récalcitrants, le bourgmestre d’Awans botte en touche. “Aucune sanction n’a été prise au moment où je vous parle même si une réunion est prévue dans les prochains jours pour comprendre ce qui s’est passé.”