Des perles “titanesques” sur le pont de Fragnée
Elle pèsent chacune 350 kilos, un test va être réalisé dans quelques jours.
Publié le 27-03-2023 à 07h51
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D’ici peu, le pont de Fragnée qui enjambe la Meuse aura une tout autre allure. En effet, dès le début du mois d’avril, quatre perles nacrées d’un poids unitaire de 350 kilos seront installées sur les titans jusqu’alors vides et qui se trouvent aux quatre extrémités de l’ouvrage d’art liégeois.
Si tout se passe comme prévu, le 28 avril, l’œuvre d’art sera inaugurée sur cet emblématique pont, construit en 1904 pour l’Exposition Universelle de 1905 et reconstruit après la seconde guerre mondiale.
Le projet, lancé il y a trois ans, consiste donc à déposer sur les coquilles des Titans, jusqu’alors vides et sculptées par l’artiste Victor Rousseau quatre perles en acier verni.
Une œuvre “respectueuse”
Jeune artiste ukrainienne vivant à Liège depuis 2017, Maria Vita Goral est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Lviv et de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. C’est elle qui est à l’origine de ce projet.
Champagne, rosé, noir, et blanc, quatre couleurs qui, selon l’artiste, “font référence à la richesse culturelle et naturelle de notre temps. Les quatre coins du monde, les quatre teintes de peau, représentés par ces quatre couleurs des perles, ont tous leur beauté”, conclut-elle.

”L’entièreté du projet a été pensée dans le respect de l’œuvre originale du sculpteur, à la fois structurellement puisque le projet bénéficie des autorisations urbanistiques nécessaires et respecte les contraintes de poids et de forces, notamment pour ne jamais abîmer les œuvres existantes”, indique Caracas, l’agence en charge de la communication du projet.
Un budget conséquent
Si les perles ne resteront en place que six mois, elles représentent un budget global de pas moins de 60 000 €, un budget qui n’est pas encore atteint. Malgré les nombreux financements privés, notamment d’une entreprise luxembourgeoise qui a fait don de 70 % du budget total, il manque encore de l’argent pour rentrer dans les frais.
Le projet a été “grandement financé par le privé”, indique l’artiste. “La Ville de Liège a fait un geste en payant l’architecte (2 000 €) et la Province de Liège a fait don de 5000 euros", ajoute-t-elle.
Faute de financements, Maria Vita Goral a également investi beaucoup de temps et d’argent dans ce projet, qui ne lui rapportera rien : “Je ne serai pas payée pour mon œuvre, le projet coûtait plus cher que prévu”, conclut-elle. Un crowdfunding a été lancé mais seulement 1 080 € (sur les 5 000 espérés pour la première phase du projet) ont été récoltés.
Une exposition à la Galerie “Les Drapiers” permettra au public de voir les coulisses du projet mais aussi, l’artiste l’espère, de vendre quelques-unes de ses œuvres pour trouver l’argent manquant.

Un test préalable
Si l’inauguration aura lieu le 28 avril, un test s’impose. En effet, le pont de Fragnée, inscrit au patrimoine exceptionnel de Wallonie, doit résister au choc de quatre nouvelles installations de 350 kg chacune. Même si des études et des expertises ont été réalisées, et que l’œuvre a été “construite sur mesure”, “un risque existe toujours”.
Ainsi, vers la deuxième semaine d’avril, une première perle sera installée. Quelques jours plus tard, les équipes en charge du patrimoine viendront constater si, oui ou non, les trois autres perles peuvent être installées. L’artiste et tous les mécènes retiennent leur souffle et croisent les doigts pour que ce projet de longue haleine voie, enfin, bien le jour.