À la rencontre d’éleveurs canins… en colère !
Le MR entend mettre la pression sur la ministre Céline Tellier.
Publié le 24-03-2023 à 07h57 - Mis à jour le 24-03-2023 à 07h58
Depuis le 1er mars 2023, les conditions d’agréments dans les élevages de chiens et de chats, les pensions, les refuges et les établissements commerciaux ont été renforcées… conséquence de l’arrêté pris par la ministre wallonne du Bien-être animal Céline Tellier. Mais ces nouvelles mesures sont jugées “catastrophiques” par le secteur ; “suicidaires” commentaient même ce jeudi 23 mars certains éleveurs qui crient au scandale.
Dans les locaux de l’élevage de la Brise, situé à Soiron (Pepinster) en région verviétoise, une rencontre était organisée entre plusieurs éleveurs et quelques députés du groupe MR, qui entend bien mettre la pression de son côté sur la ministre Céline Tellier. Stéphanie Cortisse et Philippe Dodrimont entendaient des requêtes qu’ils ne connaissent que trop bien, ce dernier étant l’auteur d’un rapport sur le sujet rendu en 2019…
”La ministre doit revoir sa copie”
”Je fais partie de cette majorité wallonne et en 2019 déjà, nous avions rendu un rapport qui se basait sur un travail de terrain, de fonds, avec 24 recommandations”, indiquait ce jeudi Philippe Dodrimont. “Mais force est de constater que, si certaines recommandations ont été rencontrées et sont des avancées positives, comme la limitation du nombre de portées, la labellisation des éleveurs, d’autres vont totalement à l’encontre de ce qui est recommandé, comme la limitation du nombre de races autorisées”. Deux en l’occurrence, alors que les élevages n’avaient jusqu’à présent aucune limite de cet ordre.
”En prenant cette décision, on ne tient pas compte de la réalité du terrain”, poursuit le député libéral “et aujourd’hui, le groupe MR estime que la ministre doit revoir sa copie, pour permettre aux éleveurs de vivre de leurs activités”.

Pire, plutôt que d’œuvrer pour le bien-être animal insiste l’élu MR, la mesure limitant le nombre de races comporterait de nombreux effets pervers pour les animaux, sans parler du fait “qu’on détricote la filière”. “Qu’on renforce les contrôles, je n’ai aucun souci au contraire mais il faut revenir au dialogue et continuer à investir dans ce secteur”.
Porte ouverte à la maltraitance… et au marché noir ?
Pour les éleveurs présents à la Brise ce jeudi, c’est clair, “la ministre n’a pas d’autre objectif ici que d’en finir avec le secteur des éleveurs, au profit des refuges et des associations”, estime Léonard Monami, président de l’association Andibel et qui défend également le statut d’éleveur-commerçant.
Pour Laurent et Julien Blanchy, père et fils en charge de l’élevage de la Brise, il en va clairement de leur survie… “mais la ministre prend ici une mesure dogmatique”. “Aujourd’hui en effet, nous avons 8 races différentes à la Brise. Or on sait que les chiens c’est aussi un effet de mode. Quid demain si certains chiens ne peuvent plus intéresser le public, on doit les euthanasier ? Quand nous disposons de plusieurs races, nous pouvons sélectionner celui qui convient le mieux à une famille tout comme celui qui ne convient pas. C’est cela aussi le rôle de l’éleveur : tenir compte du bien-être de l’animal. Pour faire ce métier, il faut avant tout être un passionné des animaux”.
Pour Julien Blanchy, cette limitation n’aura qu’un seul effet : mettre à terre de nombreux élevages, “au profit d’autres filières. Or on le sait, les chiens qui sont le plus abandonnés sont ceux qui sont élevés chez un particulier”…
Recours au Conseil d’État
Après avoir réalisé plusieurs travaux afin de se conformer aux dernières recommandations wallonnes, “comme un local de quarantaine, un local spécifique vétérinaire”, les éleveurs présents ce jeudi à Soiron se sentaient littéralement “trahis”. Et n’avaient qu’un mot à la bouche : recours. “On ne se laissera pas faire”.
D’ici peu, l’ASBL Andibel, présidée par Léonard Monami, introduira d’ailleurs un recours en annulation au Conseil d’État. “Comme nous l’avons déjà fait en Flandre où nous avons gagné”, rappelle le président. “Ce que nous contestons principalement, c’est cette limitation absurde à deux races mais aussi la suppression de la catégorie éleveur commerçants. Sans parler du fait que cet arrêté crée des discriminations entre les éleveurs occasionnels et les autres”.
