Lantin : ils se sont acharnés sur les gardiens lors d’émeutes
Les détenus ont porté des coups de pied, de poing, de fronde et voulaient utiliser une serpe artisanale munie de rasoirs
Publié le 08-03-2023 à 15h19
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Huit détenus ont écopé jusqu’à 32 mois de prison ferme devant le tribunal correctionnel de Liège après avoir participé à des degrés divers à d’impressionnantes émeutes qui se sont produites à la prison de Lantin le 27 mars 2020, juste après la mise en place des mesures Covid par le gouvernement.
Il faut se replacer à l’époque pour comprendre à quel point la situation était tendue. Un peu partout dans le monde, on découvrait avec horreur des images de personnes qui décédaient à la suite de cette impressionnante épidémie. Les moyens de limiter la propagation étaient particulièrement minces et on ignorait à peu près tout de la maladie. Une certaine crainte s’était emparée de la population et l’ambiance dans les prisons était particulièrement électrique. Avec l’épidémie de coronavirus, les détenus qui étaient plus nombreux que ce qu’ils auraient dû être, étaient confinés 23 heures sur 24 en cellule.
Les visites et les activités étaient supprimées. Un détenu a fait un malaise. Rien n’a démontré qu’il avait joué la comédie, il a été acquitté. Alors que trois gardiens se sont pressés pour lui venait en aide, des détenus les ont violemment agressés. Ils ont reçu des coups de poing et de pied, particulièrement violents. Un détenu a utilisé une fronde, une chaussette dans laquelle se trouvait un objet dur pour frapper les victimes. Un autre a porté un violent coup de pied à la tête d’un des gardiens qui se trouvait au sol. Les détenus ont refusé de rentrer dans leurs cellules.
Ils ont volé les clés au gardien
Un détenu qui était toujours dans sa cellule a lancé par la fenêtre une “serpe” artisanale, constituée d’un crochet métallique garni de lames de rasoir ! Les trois gardiens ont été particulièrement blessés à la suite des faits. Les agresseurs ont volé les clés d’un gardien et ont tenté de sortir de la cour. Les détenus sont montés sur le toit et ont refusé de rentrer dans leurs cellules. Ils ont incendié un bâtiment où se trouvait la salle de sport. Lorsque la police est intervenue sur place, les détenus leur ont lancé des objets. “J’ai visé pour ne pas les toucher”, a déclaré un prévenu lors de la première audience consacrée à l’affaire… “Je n’avais pas le choix”, a déclaré un autre. “Les gardiens nous empêchaient de rentrer. J’ai supplié pour qu’ils ouvrent la porte. L’équipage d’intervention, ils cassent des mâchoires. Je me suis senti en danger, c’est pour cela que je suis monté sur le toit.”
Les unités spéciales de la police fédérale, CGSU, deux hélicoptères de la police fédérale et le Corps d’intervention sont intervenus sur place aux côtés de la police locale de la Basse-Meuse. L’émeute a duré plusieurs heures. L’intervention s’est terminée vers 2 h du matin.
Tous les condamnés ont de multiples antécédents judiciaires. Un prévenu a bénéficié d’une peine de travail de 150 heures. Un prévenu a écopé de peines de neuf mois de prison, deux de 2 ans de prison, deux de 30 mois de prison et les deux derniers ont été condamnés à 32 mois de prison ferme.