Lantin : Les émeutes ont provoqué trois blessés
Les détenus s’en sont physiquement pris aux gardiens, ils sont montés sur les toits et ont incendié des locaux.
Publié le 21-02-2023 à 20h15
:focal(1706.5x1245.5:1716.5x1235.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/3WBK76YR6JB43JGNRSBQX2XWZM.jpg)
Onze détenus encourent des peines allant de 12 mois à 42 mois de prison devant le tribunal correctionnel de Liège après avoir participé à des degrés divers à d’impressionnantes émeutes qui se sont produites à la prison de Lantin le 27 mars 2020, juste après la mise en place des mesures Covid par le gouvernement.
Il faut se replacer à l’époque pour comprendre à quel point la situation était tendue. Un peu partout dans le monde, on découvrait avec horreur des images de personnes qui décédaient à la suite de cette impressionnante épidémie. Les moyens de limiter la propagation étaient particulièrement minces et on ignorait à peu près tout de la maladie. Une certaine crainte s’était emparée de la population et l’ambiance dans les prisons était particulièrement électrique. Avec l’épidémie de coronavirus, les détenus étaient confinés 23 heures sur 24 en cellule.
Les visites avaient été supprimées ainsi que toutes les activités. La prison faisait également face à une surpopulation et à un manque de masques de protection. C’est dans cette ambiance électrique qu’une seule étincelle a mis le feu aux poudres. Des détenus ont refusé de regagner leurs cellules.
Certains ont décidé d’escalader un mur. Stéphane, 34 ans, de Seraing, est tombé. Selon le parquet, qui s’appuie sur les images de vidéosurveillance, l’intéressé qui aurait tenté de ralentir sa chute, serait volontairement tombé. Trois agents se sont approchés pour lui venir en aide. Ces derniers ont alors été victimes d’un impressionnant passage à tabac ! Ils ont reçu des coups de poing et de pied, particulièrement violents. Au moins l’un d’eux a subi des séquelles de plus de quatre mois. Les deux autres ont également été très sérieusement blessés.
Ils ont caillassé la police
Les détenus sont montés sur le toit et ont refusé de rentrer en cellules. Ils ont incendié un bâtiment dans lequel se trouvait la salle de sport. Lorsque la police est intervenue sur place, les détenus leur ont lancé des objets. “J’ai visé pour ne pas les toucher”, a déclaré un prévenu… “Je n’avais pas le choix”, a déclaré un autre. “Les gardiens nous empêchaient de rentrer. J’ai supplié pour qu’ils ouvrent la porte. L’équipage d’intervention, ils cassent des mâchoires. Je me suis senti en danger, c’est pour cela que je suis monté sur le toit.”
Les unités spéciales de la police fédérale, CGSU, deux hélicoptères de la police fédérale et le Corps d’intervention, CIK sont intervenus sur place aux côtés de la police locale de la Basse-Meuse. L’émeute a duré plusieurs heures. L’intervention s’est terminée vers 2 heures du matin. Lors des fouilles, les inspecteurs ont trouvé un crochet muni de lames de rasoir qui avait été fabriqué par des détenus.
Selon le parquet, les faits étaient prémédités et avaient pour but de permettre une évasion. Des éléments qui démentent les suspects. Le parquet a requis la peine la plus forte à l’encontre de Lukas, un polonais âgé de 29 ans, en triple récidive légale après avoir notamment écopé de 7 ans de prison devant la Cour d’Appel de Bruxelles, en 2017, pour un vol avec violences commis à plusieurs, sur personne vulnérable. Tous les suspects ont de multiples antécédents judiciaires. Les avocats de la défense ont plaidé l’acquittement pour certaines préventions, l’ancienneté des faits et la clémence.