60m³ de déchets clandestins à Droixhe, pour l’exemple
Lundi matin, première heure, tout le monde était sur le front pour la grande opération “Scène de crime” de la Ville de Liège.
Publié le 21-02-2023 à 08h49
:focal(794.5x605:804.5x595)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ZDIVHJX75ZGF3OH5XECDXUCFTE.jpeg)
En décembre 2021, c’est la place des Béguinages qui était passée au peigne fin. Cette fois-ci, c’est au tour de l’avenue de la Croix Rouge à Droixhe. Dès 8h du matin, une vingtaine d’agents de police et d’agents de propreté se sont attelés à trier, analyser et évacuer pas moins de 60 mètres cubes d’immondices. Pneus, déchets ménagers, sacs-poubelles ou encore bouteilles d’azote, pour l’échevin de la Propreté, Gilles Foret, “il est temps que ça cesse et que les Liégeois retrouvent un cadre de vie plus propre”.
Selon lui, sensibiliser à la propreté “ne suffit plus”. La Ville de Liège a donc décidé, depuis un peu plus d’un an, de passer à la vitesse supérieure en lançant ses opérations “Scène de crime”. Objectif : tenter de retrouver les responsables de ces dépôts sauvages. Comment ? En partant à la recherche d’indices qui pourraient les mener aux coupables : plaques d’immatriculation, factures avec compte bancaire apparent, courrier, etc. En somme : tout ce qui permet d’identifier le propriétaire d’un tas de déchets laissés à l’abandon.
Une véritable enquête policière
En 2022, 480 opérations de ce type ont permis de dresser 3327 P.V. C’est 38 % de plus qu’en 2020. Pour tenter d’inverser la tendance, la Ville de Liège investit dans de nouvelles caméras de surveillance. Les nombreuses patrouilles déployées et les nouveaux dispositifs devraient “mettre fin à ce fléau”, espère Alain Jadoul, commissaire de la Police de Liège.
Si la collaboration entre les forces de l’ordre, les comités de quartier et le Service Propreté de la Ville semble se passer à merveille, Alain Jadoul souhaite que “tout le monde y mette du sien”. Dans le cas présent, la Police aimerait d’ailleurs que “La Maison Liégeoise”, la société propriétaire des logements construits sur la plaine, délimite le terrain à l’aide de barrières, par exemple, afin de dissuader les potentiels pollueurs d’y pénétrer.
Un profil type ?
Ce lundi matin, l’analyse des déchets n’a pas permis d’établir le profil type du pollueur de la plaine. Nous savons néanmoins que les indices recueillis montraient que 75 % des déchets sauvages étaient “l’œuvre” de citoyens non liégeois, qui rejoignent facilement Droixhe via les grands axes routiers.
Des matériaux de construction retrouvés sur les lieux ont également permis de supposer que des entrepreneurs engagés “au noir” sont venus se débarrasser de leurs déchets de chantier de peur de “griller leur quota à la décharge ou d’éveiller les soupçons quant à la quantité de matériel qu’ils possèdent”, ajoute Benoît Ferrière, responsable communication à la Police de Liège.
Plusieurs milliers d’euros
Le travail d’évacuation du dépôt est systématiquement facturé, via une redevance. En cas de récidive, le pollueur est soumis à une amende qui peut monter jusqu’à 350€. Mais ces montants ne semblent pas impressionner les auteurs des incivilités. C’est pourquoi l’amende est désormais assortie d’une redevance. En effet, “évacuer ces déchets représente un coût pour la Ville qui, en plus de devoir payer les agents de police et de propreté, doit également s’acquitter des frais de traitement des déchets”, insiste le commissaire. La contravention pourrait donc, en fonction de la taille et de la nature du dépôt, s’élever à plusieurs milliers d’euros.
Le ton est donné : la Ville ne “lâchera rien face aux personnes irrespectueuses et elle ne baissera pas les armes tant qu’une amélioration significative ne sera pas constatée”.