Crise énergétique et tarif social élargi : déjà 800 dossiers introduits à Liège !
Ce n’est toutefois pas le raz-de-marée que craignaient certains…
Publié le 16-01-2023 à 07h39
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Un peu plus de 800, tel est le nombre de dossiers introduits auprès du CPAS de la Ville de Liège, en ce début janvier 2023, dans le cadre du tarif social élargi annoncé en octobre dernier par Jean-Paul Bonjean, président du CPAS. Nous sommes clairement loin du raz-de-marée annoncé (d’un Liégeois sur deux) mais cela ne signifie pas que la situation n’est pas critique pour de nombreux ménages estime l’élu liégeois. L’augmentation constante du nombre d’allocataires sociaux le prouve…
Il n’en reste pas moins que le procédé mis en place par le CPAS de Liège pour permettre au Liégeois de faire face à la crise énergétique fonctionne et devrait d’ailleurs encore attirer de nombreux Liégeois… à l’heure de la régularisation des factures.
Procédé inédit
Nous l’annoncions en exclusivité en octobre dernier en effet, pour faire face à la hausse des coûts du gaz et de l’électricité, les autorités liégeoises ont décidé d’innover en matière de tarif social… en s’engouffrant dans une “brèche” créée par la crise sanitaire. L’idée était simple : élargir le tarif social en activant pour les Liégeois le statut de “client protégé conjoncturel” (PRC). ” En résumé, c’est une procédure simplifiée d’octroi du tarif social, qui avait été mise en place durant la crise du Covid et qui s’était prolongée avec les inondations”, détaillait le Liégeois. En septembre dernier, cette possibilité avait été prolongée, jusqu’à la fin du mois d’août 2023. Conditions fixées pour accéder à ce “statut” de PRC et ainsi bénéficier du tarif social : prouver que sa facture énergétique représente 10 % du budget d’un isolé ou d’une famille monoparentale ou 15 % du revenu d’un ménage ; prouver que sa consommation de gaz et d’électricité est dans la moyenne de la Creg (Commission de régulation de l’électricité et du gaz), pour éviter les cas où les factures sont gonflées par des dispositifs énergivores ; être une personne physique (et non morale).
”À Liège nous comptons actuellement 12 500 personnes qui sont bénéficiaires du CPAS [NDLR sur une population de près de 200 000 habitants]. Clairement, en établissant ce seuil de 10 à 15 %, on se retrouve très vite dans les conditions”, calculait alors Jean-Paul Bonjean. ” Avec un revenu de 2 000 euros par exemple, il suffit d’une facture de 200 euros est vous y êtes… L’idée est clairement qu’en plus des personnes qui sont déjà “éligibles”, la classe moyenne inférieure bénéficie aussi de ces aides vu le contexte exceptionnel et incompréhensible de cette crise”.
Le public cible est atteint
Aujourd’hui, si la Région avait initialement émis certaines réticences, d’aucuns se sont accordés sur le fait que le mécanisme proposé est tout à fait légal. Et Jean-Paul Bonjean de se réjouir du fait qu’à ce stade, “ce sont environ 800 dossiers qui ont été introduits par les Liégeois”. Pourquoi si peu alors que les Liégeois sont sans doute bien plus nombreux à pouvoir en bénéficier ? Jean-Paul Bonjean explique cela par la méconnaissance ou parfois la fierté de certains citoyens… ils préfèrent dès lors utiliser les moyens à leur disposition pour payer leurs factures. “On ponctionne dans ses économies, on fait jouer la solidarité familiale”. Et le président du CPAS de Liège de balayer aussi l’image du “profiteur” qui crispe certains élus. “Personnellement, j’ai confiance en l’honnêteté du citoyen. De nombreux Liégeois n’en profiteront pas s’ils n’en ont pas réellement besoin”.
Autre satisfaction évoquée : le fait que le public cible soit bien rencontré. “Parmi les dossiers traités en effet, on remarque que la moyenne des revenus est de 3.200 euros pour un ménage et 2.000 euros pour une famille monoparentale”. Des profils qui habituellement ne “rentrent” pas dans les conditions pour obtenir des aides sociales mais qui, aujourd’hui, éprouvent des difficultés à payer leurs factures…
L’état du bâti liégeois fait grimper les factures
À noter que sur les 800 dossiers introduits, 500 ont pour l’instant été traités et 273 ont été refusés… “mais pas parce qu’ils le seront en définitive”, rassure Jean-Paul Bonjean. “La plupart du temps, c’est parce que les consommations ne sont pas dans la moyenne ; non pas parce qu’il y a un dispositif énergivore mais souvent parce qu’il y a une très mauvaise isolation, ce qui fait grimper la facture d’énergie”. L’état vétuste du bâti liégeois est pointé du doigt. Jean-Paul Bonjean avance dès lors ici tout le travail qui va pouvoir être réalisé par le CPAS : un accompagnement social permettant de réduire à terme ces factures impayables.
Stabilité : Liège compte environ 12.500 allocataires sociaux
On a coutume de dire qu’un Liégeois sur 5 (environ 40.000 personnes) vit sous le seuil de pauvreté… c’est beaucoup mais pas exceptionnel pour une grande ville. Avec la crise énergétique, le basculement dans la précarité est malheureusement plus fréquent. “Il n’y a globalement pas plus d’allocataires sociaux en 2022 qu’en 2021”, explique le président du CPAS, qui précise toutefois que ce chiffre du nombre de personnes bénéficiant du revenu d’intégration sociale (environ 12.500 à Liège) ne reflète pas à lui seul la “précarité” liégeoise. Aujourd’hui en effet, de nombreux travailleurs sont considérés comme pauvres, sans parler des personnes au chômage. “Une situation qui s’est accélérée en 2015 avec la mise en œuvre de la dégressivité des allocations de chômage”, rappelle-t-il. En mars, les budgets de la Ville et du CPAS seront soumis au vote et, comme chaque année, on s’arrache les cheveux à Liège : actuellement, le budget est de 240 millions mais 80 % de celui-ci est composé de dettes de transferts. “Notre marge de manœuvre est très faible. La dotation communale est, elle, de 30 % et elle augmente chaque année. Si nous passions à 75 % de prise en charge du Fédéral plutôt que 70, nous serions en équilibre. Cela doit absolument faire partie des négociations du prochain gouvernement sans quoi nous allons droit dans le mur”.