Un curé condamné pour avoir détourné 130.000 euros en 2012 pardonné et réintégré: "L'abbé de la paroisse est tombé malade et devait être remplacé"
Les paroissiens lui font confiance… l’Église aussi.
Publié le 03-01-2023 à 08h17 - Mis à jour le 03-01-2023 à 12h21
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En cette fin d’année 2022 figurait dans les communications officielles de l’évêché de Liège la nomination, le 27 novembre 2022, de l’abbé R. Makoso, jusqu’ici vicaire de l’Unité pastorale Saint-Roch (Jemeppe), en tant que nouvel administrateur paroissial de cette même Unité pastorale, et ce, pour un mandat renouvelable de trois ans. Par cette décision a priori banale, l’évêché prouve en quelque sorte que l’Église n’est pas un “employeur” comme les autres puisqu’elle pratique le pardon avec un grand P…
Entre 2005 et 2011
Il se trouve en effet que l’abbé Makoso a été condamné il y a tout juste dix ans… pour détournement d’argent. Précisément, l’homme s’était rendu coupable du détournement de la somme de plus de 120.000 euros au préjudice de deux paroisses dans lesquelles il officiait : 111.000 euros de la paroisse de Wartet (Namur) dont il était en charge entre 2005 et 2011 et environ 11.000 euros au préjudice de la paroisse d’Etalle (province de Luxembourg).
L’affaire avait été rendue publique et avait fait, comme on l’imagine, grand bruit. “Je suis conscient de la gravité des faits et de leur caractère ignoble. Je regrette infiniment et je m’en remets à vous pour que vous puissiez faire de moi un homme nouveau” , avait alors indiqué l’abbé à la présidente du tribunal correctionnel. L’homme d’Église expliquait avoir utilisé cet argent pour rembourser ses crédits… Selon les parties civiles, il aurait dépensé ces plus de 120.000 euros en voyages, vêtements de marque et restaurants. “Cette somme aurait pourtant permis d’améliorer le sort de paroissiens en difficulté. Je sens l’abbé honteux. Je le comprends : cupidité, mensonges et tromperies constituent ce dossier”, avait de son côté plaidé Me Karl Steinier.
Le 17 décembre 2012, alors qu’il risquait 3 ans de prison (et le remboursement des montants détournés), il avait effectivement été condamné à rembourser les sommes évoquées mais également à 30 mois de prison avec suris.
Pas d’autorité sur les affaires économiques
Contacté par nos soins, l’évêché de Liège nous confirme ce retour en grâce pour l’abbé. Mais précise que certaines conditions sont aussi établies.
”L’abbé a de fait été condamné à l’époque mais aujourd’hui, il a payé tout ce qu’il devait payer”, indique le vicaire général du diocèse de Liège Éric de Beukelaer. “Désormais, il se trouve que le curé de la paroisse dans laquelle l’abbé était vicaire est tombé malade et il faut le remplacer… à sa demande mais également à celle des paroissiens, c’est l’abbé qui a été désigné”. Confiance et pardon…
”Par contre, il est explicitement dit qu’il n’aura aucune autorité sur les affaires économiques de la paroisse, comme lorsqu’il était vicaire d’ailleurs”, poursuit Éric de Beukelaer… “Mais cela ne signifie pas que nous ne lui faisons pas confiance, c’est juste une mesure destinée à le protéger lui”, insiste l’homme d’Église.