Où et comment les Belges donnent leur sperme: notre immersion dans un laboratoire liégeois en vidéo
Devant la pénurie de sperme en Belgique, L’Avenir s’est rendu dans les locaux du centre PMA (procréation médicalement assistée) du MontLégia, sur les hauteurs de Liège, pour y découvrir où et comment sont accueillis les donneurs.
Publié le 05-08-2022 à 12h00
"Il y a actuellement, en Belgique, une pénurie de spermatozoïdes." L’information n’a pas de quoi surprendre, elle n’est pas neuve. Sauf que certains spécialistes évoquent aujourd’hui plus qu’une problématique, une véritable catastrophe.
Sur le terrain, ceux qui accueillent les futurs parents sont démunis. Car ils peinent à recruter des donneurs et sont obligés d’acheter du sperme dans d’autres pays, où les prix sont devenus exorbitants, voire même désormais impayables.
L’occasion pourL’Avenirde s’intéresser à la procréation médicalement assistée (PMA). Nous nous sommes donc rendus dans les locaux du centre PMA du MontLégia, sur les hauteurs de Liège, pour y découvrir où et comment sont accueillis les donneurs. Le don étant anonyme, ils ne croisent pas les patients. Tout a été pensé pour accueillir les donneurs dans de bonnes conditions et dans des locaux adaptés.
La procédure d’accueil d’un donneur n’est guère compliquée, même si elle requiert un peu de temps, au début surtout.
Après avoir contacté le centre PMA, par téléphone ou par mail, vous recevez la prescription de la première prise de sang à réaliser au laboratoire de biologie clinique de l’hôpital concerné. "Vous pouvez ensuite téléphoner au secrétariat du laboratoire, dès 48 heures après votre prise de sang", nous explique la secrétaire. "Si les résultats sont bons, on vous fixera un rendez-vous, à votre meilleure convenance, avec la responsable du laboratoire PMA, en vue de l’ouverture de votre dossier, d’une anamnèse complète et d’une première analyse de sperme." Lors de cette consultation, vous pourrez poser toutes vos questions. Pour mieux comprendre le fonctionnement du don, qui reste, précisons-le encore, anonyme.
Si tous les tests sont concluants, le donneur est invité à se rendre au centre PMA pour y déposer son échantillon. Muni d’un badge, il a accès à des pièces réservées au personnel de la clinique. Pour qu’il soit à l’aise.
Deux locaux sont mis à disposition des donneurs pour qu’ils puissent faire leur prélèvement de sperme, par masturbation. "On a essayé de prévoir des locaux assez confidentiels en dehors de la circulation et de la zone de consultation", comme l’explique Dominique Raick, médecin biologiste et responsable du laboratoire PM du MontLégia. Devant un fauteuil, dans une ambiance feutrée avec du rouge ou du blanc au mur en fonction de la pièce, sont mis à leur disposition des magazines porno ou des films qu’ils utilisent à leur convenance. Un évier se trouve également dans la pièce. "Une fois qu’ils ont terminé de remplir leur petit pot, ils vont directement au guichet du laboratoire pour déposer leur échantillon, mais cela reste dans les locaux. Ils ne ressortent pas dans le couloir avec leur petit flacon."
Après avoir déposé leur échantillon, celui-ci est réceptionné par le biologiste qui y appose l’étiquette, avant de s’occuper de la préparation du sperme. "On vérifie d’abord au microscope la qualité de l’échantillon du jour, dont on mesure le volume, la concentration, ainsi que la mobilité et la morphologie des spermatozoïdes. Si le prélèvement est conforme à ce qu’on attend, on le prépare dans l’enceinte d’un flux laminaire. Là, on est à l’abri des poussières et il n’y a aucun germe.
On prépare les spermes de donneurs en les plaçant sur un gradient liquide qui permet d’enlever les cellules mortes, les spermatozoïdes qui ne bougent pas, les germes s’il y en a dans l’échantillon, et on recueille dans la partie intérieure la fraction de spermatozoïdes. Après deux lavages, on congèle cette fraction." Avec un échantillon, "on fait maximum deux ou trois paillettes en fonction de la concentration de départ". Mais quand on sait qu’il faut parfois plusieurs pailles pour réussir une seule insémination, faites le compte.

Le sperme est conditionné dans des paillettes (des mini-éprouvettes contenant des millions de spermatozoïdes), celles-ci sont étiquetées, avec le numéro du donneur. Elles sont ensuite placées dans des cuves contenant de l’azote liquide à -190C, au sein même du laboratoire où le port d’une salopette et d’un masque sont de rigueur. Elles sont mises en quarantaine, le temps de s’assurer de l’absence de risque de maladie sexuellement transmissible. Le sperme du donneur dont les caractéristiques physiques s’apparient le mieux est sélectionné pour le traitement.
Les cuves sont soumises à un contrôle strict des températures et sont reliées à un système d’alarme prévenant un biologiste de garde s’il y avait le moindre risque pour la conservation des paillettes.

Si la femme n’a pas de problème de fertilité, le traitement consiste en une insémination intra-utérine. Au moment de l’ovulation, le sperme sera décongelé puis préparé et déposé à l’aide d’un fin cathéter à l’intérieur de la cavité utérine.
Dans certaines situations telles que des trompes bouchées ou une sévère endométriose, il est nécessaire de recourir à une fécondation in vitro. Dans ce cas, les ovocytes de la femme vont être prélevés et mis en fécondation au laboratoire, avec le sperme du donneur. Le ou les embryon(s) ainsi formés vont ensuite être transférés dans l’utérus de la femme où ils pourront s’accrocher et continuer à se développer.
En Belgique, la durée légale de conservation en banque de sperme est de dix ans.