Les jeunes et la politique, je t’aime moi non plus
L’engagement politique des jeunes générations a pris de nouvelles formes, mais il n’est sans doute pas moindre qu’auparavant.
Publié le 10-01-2022 à 06h00
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L’observation semble partagée, parmi la douzaine de personnalités politiques interrogées par les étudiants de l’ULiège. L’engagement politique des jeunes générations se manifeste peut-être dans un cadre moins institutionnalisé qu’auparavant, mais leur intérêt pour le monde qui les entoure et leur implication pour faire bouger les lignes se fait sentir. Avec la thématique de l’urgence climatique au cœur des préoccupations, souvent.
L'idée selon laquelle les jeunes ne s'intéresseraient plus à rien, est-ce une de ces phrases à l'emporte-pièce, un brin passéistes? "Franchement, oui, en partie", commente Min Reuchamps, politologue à l'UCLouvain et spécialisé dans les questions de participation citoyenne.
"De tout temps, l'engagement politique de la jeunesse a été assez minoritaire. D'ailleurs, ça ne diffère pas vraiment du reste de la société. Tout cela reste plutôt stable", tempère-t-il.
Un exemple qui commence à prendre de l'âge: Mai 68. "Un peu avant les événements, un article du journal Le Monde décrivait la jeunesse française comme complètement apathique, poursuit Min Reuchamps. Ce sont ces jeunes-là qui se sont mis à arracher les pavés. Par contre, quand on parle de la jeunesse, de qui parle-t-on exactement? On estime qu'environ 10% des jeunes étaient engagés dans Mai 68, ce qui n'est pas énorme en soi."
L’engagement des jeunes reste difficilement quantifiable, d’autant plus qu’il faut s’entendre sur la définition exacte de la jeunesse… et de l’engagement. La société belge s’est structurée pendant des décennies autour des trois piliers: chrétien, libéral, socialiste. L’engagement par le biais d’un parti, d’un syndicat ou d’autres organismes s’effectuait de manière plus évidente, sur une voie toute tracée.
Quel engagement?
L'affaire est plus complexe aujourd'hui. L'engagement est plus "granulaire", comme le dit Min Reuchamps. On défend l'une ou l'autre cause, sans forcément le faire par l'entremise d'une structure, d'un appareil très institutionnalisé. "De nombreux jeunes sont très intéressés par des enjeux politiques, en fait: le monde qui les entoure, les questions de société, etc. Des jeunes vont s'engager pour l'environnement, le bien-être animal, des questions de genres, etc.", observe Laura Uyttendaele, politologue à l'UCLouvain et l'UAntwerpen.
S’impliquer dans un club de sport, un mouvement de jeunesse ou aller voter sont déjà des engagements dans la vie de la cité, avec une dimension politique dans son acception la plus large.
D’ailleurs, Laura Uyttendaele a sondé 900 jeunes Wallons de 16 à 18 ans durant le premier trimestre 2020. Lorsqu’il leur a été demandé s’ils s’intéressaient à la politique, ils ont en moyenne répondu 4 sur une échelle de 0 à 10. Par contre, la moyenne était de 6 lorsqu’il s’agissait d’intérêt pour les questions de société. C’est le signe qu’un intérêt existe, sans doute, mais moins pour la politique institutionnelle que pour les enjeux.
Il en existe toutefois qui s’engagent dans la politique au sens strict. En Belgique, où les partis pèsent sur la destinée politique du pays, plusieurs présidents peuvent d’ailleurs être qualifiés de jeunes. Georges-Louis Bouchez (MR) a 35 ans, Rajae Maouane (Écolo) en a 32 et Conner Rousseau (Vooruit) 29. Ils rappellent en tout cas que la politique n’est pas uniquement accaparée par les générations un peu moins jeunes.
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