USA 2020, J-24 | Inès, jeune Liégeoise dans le Maine: «Biden ne soulève pas l’enthousiasme chez les jeunes»
Inès Khiyara vit dans le Maine depuis 4 ans. Un État où la nature prédomine, et où les idées de Donald Trump percolent dans les régions les plus reculées.
Publié le 10-10-2020 à 07h00
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C'est sa passion pour le sport qui a mené Inès Khiyara dans le Maine, un État de l'extrême nord-est des États-Unis. Après sa rhéto à Liège, elle décide de tenter l'aventure outre-Atlantique pour apprendre l'anglais, mais aussi pour concilier ses études à sa passion pour la natation. «Ici, il y a énormément de formules de sport-études. Chaque campus a ses propres équipes, dans tous les sports. C'était beaucoup plus facile d'entamer des études universitaires en continuant à pratiquer un sport de haut niveau aux États-Unis.»

À 22 ans, la jeune femme deviendra bientôt ingénieure biomédicale. Elle vit aujourd’hui en colocation avec d’autres étudiants, à un jet de pierre de l’université.
Son État, proche du Canada, elle le définit comme très vert. «Je vis plutôt dans le nord du Maine. La nature prédomine. Les gens viennent ici en vacances pour faire du ski en hiver et des randonnées en été. Si vous allez encore un peu plus au nord, il n'y a que des forêts et très peu d'habitants, c'est complètement vide. La plus grande ville, au sud de l'État, est Portland. Là-bas, il y a forcément beaucoup plus d'industries, et une population nettement plus dense.»
«Des républicains démonstratifs»
L'élection présidentielle s'invite aussi dans les conversations des étudiants. «J'ai quelques amis Canadiens qui étudient dans le Maine. Comme les Européens, ils sont interloqués face au comportement de Trump. Mais quand je discute avec les Américains, c'est plus nuancé. On est dans du 50-50.»
Selon Inès, les partisans de Donald Trump sont beaucoup plus démonstratifs que les démocrates, y compris sur les réseaux sociaux. «Concrètement, un démocrate ne va pas mettre en avant ses opinions politiques. C'est différent du côté républicain. Si les électeurs républicains postent une photo sur les réseaux sociaux, il y aura un drapeau pro-Trump en arrière-plan, par exemple.»
En 2016, le Maine avait donné sa voix à Hillary Clinton. Ce qui ne signifie pas que le camp démocrate part gagnant cette fois-ci. Car les disparités idéologiques sont fortes dans cet État, et la distinction entre les villes et les zones rurales y est significative.
«Personnellement, je n’ai pas le droit de vote. Mais je dirais qu’au nord de l’État, où je vis, les gens voteront plutôt pour Trump car il s’agit de régions plus reculées, plus rurales. Si je roule vers le nord, à 20 minutes de chez moi, il n’y a que des supporters de Trump.»
D’après Inès, le sud de l’État, plus urbain, devrait voter démocrate.
Jeunes et résignés
La jeune femme croit en la victoire de Joe Biden, même si le scrutin s'annonce serré. Sur la popularité du candidat démocrate auprès des jeunes générations, l'étudiante reconnaît qu'il ne soulève pas l'enthousiasme. Chez les jeunes, c'est la résignation qui l'emporte: «Je n'ai jamais entendu quelqu'un dire: "Je vais voter Biden, parce que c'est le meilleur" ou "Je vais voter Biden parce que j'aime son programme et sa politique". D'après ce que j'entends, les gens n'ont pas vraiment foi en Biden. Certains le trouvent trop vieux.» Le premier débat présidentiel, catastrophique, n'a pas permis aux jeunes Américains de se faire une meilleure idée du candidat.
«Je crois que s’ils choisissent Biden, c’est juste pour que Trump ne soit pas réélu.»
Des taxes qui agitent le débat
Dans le Maine comme ailleurs aux États-Unis, le coronavirus et les thématiques liées à la santé font partie des enjeux de ces élections.
« Beaucoup de personnes regrettent la mauvaise gestion de l'épidémie. On voyait bien que certains pays redémarraient progressivement leurs activités, dès le mois d'avril. Ici, c'est seulement au mois de juillet que nous avons eu un peu plus de liberté. En ce qui me concerne, je ne pouvais rien faire, à part aller faire mes achats alimentaires. Dans le cadre des élections, on a clairement un candidat républicain qui minimise la portée du virus, et un démocrate qui le prend au sérieux.»
Inès Khiyara estime aussi que la question des taxes a pris de l'ampleur ces dernières semaines. L'enquête du New York Times, selon laquelle Donald Trump n'aurait payé que 750 dollars d'impôts fédéraux l'année de son élection, aurait le don d'agacer la population. «La question des taxes est très présente. Ce qui est assez logique. Personnellement, en tant qu'étudiante, j'ai payé 930 dollars de taxes. C'est-à-dire plus que lui, qui est milliardaire!»
Enfin, le mouvement Black lives matter et le racisme à l'égard des Afro-Américains influenceront sans doute aussi le vote des habitants du Maine.

Le Maine est entouré de la province canadienne du Québec, du Nouveau-Brunswick, et de l'État du New Hampshire. Sa capitale est Augusta.
Population
Le Maine compte 1,3 million d'habitants. Il rapporte 4 grands électeurs. Pour l'emporter, il en faut 270 sur 538.
Politique
Élue en 2018, Janet Mills, démocrate, est gouverneur du Maine. L'État envoie 2 sénateurs (un républicain et un indépendant) et 2 députés (démocrates) à Washington.
Résultat 2016
Hillary Clinton: 48% Donald Trump: 45%