Si réel, le fantastique de Katia Lanero
Avec «Les Ombres d’Esver», Katia Lanero, présente à la Foire du livre, s’affirme comme une valeur sûre de la fantasy belge
Publié le 20-02-2019 à 06h00
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«J'ai une mauvaise nouvelle pour vous: votre père étant incapable d'amour, cela fait de moi votre unique issue.» Présente au Salon du livre où elle a notamment participé à une rencontre sur les nouvelles voix de la fantasy belge, l'écrivaine liégeoise Katia Lanero Zamora, ne le cache pas: l'idée de son dernier roman, «Les Ombres d'Esver» (un faux huis clos mère-fille dans un manoir fantastique du début du XXe siècle) a été inspiré par l'amour inconditionnel et parfois un peu étouffant que lui a voué sa maman.
L’histoire? Depuis que son père les a «abandonnées», une jeune fille de bonne famille, Amaryllis, vit seule avec sa mère Gersande dans une vieille demeure franchement étonnante. Poussée par sa mère, Amaryllis prépare un examen qui lui permettra d’échapper à son destin. Problème: impossible pour la jeune fille de sortir du domaine tant qu’elle n’a pas réglé ses comptes avec son passé. Un passé qui surgit là, dans sa vraie vie, chaque fois qu’elle va dormir. Et même (de plus en plus souvent) quand elle ne va pas dormir. Un passé terrible, émouvant.
À partir de là, dans le présent, tout un univers fantastique et, autour d'une trame flamboyante et solidement structurée, un roman intelligent qui tient en haleine. «J'ai fait quatre versions de ce texte et mis cinq ans à l'écrire» avoue Katia Lanero, friande de fantastique. «Oh oui! La lecture de ''la Nuit des Temps'' de Barjavel à 15 ans quand j'étais à St-Bar à Liège, a déjà été un choc, car j'ai découvert tout un univers imaginaire. Harry Potter, quelques années plus tard, en a été un autre, qui m'a fait comprendre que ce que je voulais, c'était faire ça. Écrire».
Du coup, Katia Lanero (qui aura bientôt 34 ans) a construit sa vie autour de l'écriture. «Mon métier? Je suis lectrice et rédactrice indépendante. Je travaille la moitié du temps comme consultante pour le pôle fiction de la RTBF, en aidant à la création de séries, et l'autre moitié à écrire, à relire des manuscrits pour aider d'autres auteurs. Je fais aussi des d'ateliers d'écritures, dans les écoles notamment. J'aime ça. Vous savez, écrire, ça aide à vivre. Beaucoup d'adolescents écrivent et méritent d'être accompagnés.»
Une vie littéraire donc pour celle qui est licenciée en philologie romane. «Des études qui n'incitent pas à la créativité, mais qui m'ont beaucoup servi point de vue analyse, décorticage, mise en contexte de l'écriture.»
Auteure, il y a quelques années, de la trilogie Chroniques des Hémisphères Katia Lanero a aussi créé un blog littéraire plein d'enthousiasme, de partages et de conseils pour les personnes qui rêvent d'écrire un roman mais n'y arrive pas… encore. «C'est difficile d'écrire dans son coin! remarque la Liégeoise. On apprend énormément avec les autres. Moi, c'est grâce aux échanges que j'ai réussi.» Et bien réussi. Les Ombres d'Esver, qui vise un public de 15 à 35 ans (essentiellement féminin?), est un roman qui surprend et émeut à beaucoup de coins de page.
Les Ombres d’Esver, ActuSF (Naos), 261 p.