Hannut : l a Bohème dansante des Hannutois
Samedi, le marché couvert de Hannut a résonné des anciennes gloires qui faisaient danser dans les années '70 : les orchestres et le public ont remis ça.
- Publié le 12-04-2010 à 10h00
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans, heu, pardon... que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. Hannut, en ce temps-là, orchestrait ses soirées dans tous les villages et si les humbles salles qui leur servaient de nid ne payaient parfois pas de mine, ça n'a pas empêché nos parents de se rencontrer sur Pacific ... La Bohème hannutoise, ça voulait dire, on est heureux, la Bohème, ils ne payaient qu'une fois sur deux... (l'entrée ou leurs chopes au choix !)
Et tout ce petit monde était de retour au marché couvert, samedi soir, plus de trente ans après... pour se rendre compte que si le monde tourne de plus en plus vite, si les 45 tours ont laissé la place au mp3 qui ne tourne même plus, leurs musiciens, eux, exceptés les quelques poils au menton et une petite bedaine, n'ont pas tant vieilli.
Alors, on twiste sur la piste, on se la joue collé-serré pour un slow, on se trémousse comme Elvis ou... on reste coi sur sa chaise, n'osant (toujours) pas aller danser avec les copains et les copines, en prenant si possible une contenance un peu blasée. De vrais ados, ces cinquantenaires.
Et sur scène, le plaisir est visible : les groupes s'éclatent à se retrouver parfois bien longtemps après. « Ça faisait quarante ans qu'on n'avait pas joué ensemble », rient les Black Doves. Dans le petit coin des artistes, ils attendant leur tour devant les photos d'époque : lunettes aux lourdes montures noires, cheveux mi-longs et attitudes de rocks stars... « Ben, vous me reconnaissez là ? Hé, je ne suis pas né avec une barbe. Je ressemblais à ça. A l'époque on était jeunes et beaux, maintenant on n'est plus que beaux. » L'initiative de Pol Oter, ils ont plongé dessus. « On ne joue plus ou parfois un peu chez nous chacun de notre côté. On s'est dit que ce serait une bonne idée. Mais bon, maintenant on a de l'arthrite, le batteur ne sait plus maintenir le rythme sans se faire mal. Non, c'est pour rire ! Mais on n'a répété que trois fois et... ce n'est pas assez. » Ils s'en sortiront pourtant sur les airs d'époque : Moustaki, Aufray, Priestley... Et le public ne boude pas son plaisir, les deux mains en l'air sur une piste qui ne désemplit pas.
Samedi, ils sont tous venus revivre une part de leur jeunesse et prouver aux petits jeunes qu'ils n'ont pas inventé la guindaille.