Semaine de l’arbre : plumages, voyages et images
Serge Sorbi est un spécialiste de la chouette de Tengmalm. Une espèce parmi d’autres qu’il fera découvrir au grand public dans le cadre de la Semaine de l’arbre.
- Publié le 18-11-2022 à 06h00
- Mis à jour le 18-11-2022 à 10h25
Des petits oiseaux en pierre sur l’appui de fenêtre, un autre collé sur la vitre pour que les vrais ne s’y écrasent pas, un nichoir suspendu près de la véranda, des dizaines de livres spécialisés sur une étagère: c’est sûr, quand on entre chez Serge Sorbi, à Meeffe, on sait, on sent, qu’on se trouve chez un passionné d’oiseaux. Un intérêt qui lui vient du temps de ses études secondaires à Saint-Roch Ferrières, où existait un groupe ornithologique. "Mais déjà tout petit, j’étais passionné par la vie des bois, Davy Crockett, les trappeurs…" Puis il y aura les voyages, avec l’école d’abord, de son côté ensuite, pour observer les oiseaux dans leur environnement, pour "chasser" des espèces en particulier. Serge Sorbi a ainsi visité la Camargue, une bonne partie des pays d’Europe avec une prédilection pour ceux du nord et la Pologne, l’Alaska, l’Inde (13 fois !), le Maroc, la Tanzanie, le Kenya… Comme accompagnateur puis comme guide. Et la photographie animalière s’est imposée à lui au fil du temps, "pour garder trace de ce qu’on observe".
Ornithologue à l’armée, aussi
En 1987, alors qu’il se trouve dans une forêt de conifères, au-dessus de Trois-Ponts, il rencontre la chouette de Tengmalm, un oiseau boréal apparu dans nos contrées dans les années 1960. "C’est un oiseau rare, qui aime les endroits reculés, les climats rudes. Le froid, la neige, la nuit étoilée…: c’est tout ce qu’il me fallait comme environnement, ça réunissait tout ce que j’aime", résume le Meeffois. Qui se prend alors de passion pour la "jolie petite bête", secrète et difficile à approcher, qu’il étudie encore aujourd’hui et qui a fait de lui le spécialiste belge de l’espèce et même une référence au-delà de nos frontières. Parce qu’à partir de là, même s’il continue forcément de s’intéresser aux autres oiseaux et animaux qu’il rencontre, tout ou presque va tourner autour de la Tengmalm. En plus de la photographier des dizaines de fois, Serge Sorbi va œuvrer à son recensement dans notre pays, au placement de nichoirs spécifiques, au baguage des jeunes spécimens, au contrôle des nids… "Je possède plus de 30 ans de données sur l’espèce. J’ai écrit des articles scientifiques, guidé des étudiants dans leurs mémoires, donné des conférences…" Ancien vice-président d’AVES et encore administrateur chez Natagora, il est aussi régulièrement consulté par des groupements de citoyens ou des bureaux d’études dans le cadre de la pose d’éoliennes dans certaines zones. "Je devrais maintenant prendre le temps d’écrire un livre avec tout ça…"
Mais l’histoire ne dit pas quand puisque Serge Sorbi, officiellement pensionné depuis le 1er juillet, continue de bosser, aussi par passion. Il faut dire que, militaire, c’est lui qui a créé, il y a une vingtaine d’années, le service d’ornithologie de la Force aérienne pour mettre en place des stratégies afin d’éviter que les oiseaux gênent les décollages et atterrissages des avions. Et qu’il vient tout juste de former son successeur avant de s’occuper, comme bénévole, du musée de la base de Beauvechain et d’un des musées de Bastogne, consacré à la Seconde Guerre mondiale, son autre passion. "Ce qui est drôle, c’est que mon métier a consisté à ce qu’il y ait le moins d’oiseaux possible autour de moi alors qu’à travers ma passion, c’est tout le contraire que je cherche." Et Serge Sorbi a encore des rêves à accomplir pour enrichir son tableau de "chasse": retourner en Antarctique, pour le manchot empereur cette fois ; admirer les orques en Norvège ; découvrir l’extrême est de la Russie…