Marché saturé, un fruiticulteur de Wasseiges est contraint de jeter sa production de pommes
Jean-Luc Dardenne est fruiticulteur à Meeffe. Le contexte économique est tellement difficile que cela lui coûtera trop cher de récolter ses pommes.
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- Publié le 19-10-2022 à 06h00
- Mis à jour le 19-10-2022 à 09h03
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Ses pommes sont savoureuses, juteuses et délicieusement sucrées. Mais lui a plutôt un goût amer en bouche… Jean-Luc Dardenne est fruiticulteur à Meeffe depuis 22 ans. Il cultive une trentaine d’hectares de pommes et poires mais là, il n’en peut plus. C’est le cœur gros qu’il a décidé de laisser pourrir une partie de sa production plutôt que de la récolter. "En 5 ans, la production de pommes en Belgique a déjà diminué de moitié, déplore Jean-Luc Dardenne. Car la grande distribution fait la loi et ça devient intenable pour nous, les fruiticulteurs." À un point tel que ça lui coûte plus cher de récolter plutôt que d’abandonner ses pommes sur les arbres. "La grande distribution m’achète les pommes à 0,50 €/kg et la cueillette me coûte déjà 0,10 €/kg. Si je compte en plus les frais de triage et de stockage au frigo, alors je vends à perte. L’an dernier, j’en ai eu pour 25 000 € en frais électriques. Je n’ose imaginer quelle sera ma facture cette année."
La récolte se déroule en deux phases. D’abord les plus belles pommes (bien calibrées et colorées) sont cueillies et vendues un peu plus cher pour être croquées par les consommateurs. Ces pommes ont déjà été récoltées il y a quelques semaines. Puis vient ensuite le temps de la cueillette du reste des pommes. Celles-ci sont destinées à l’industrie, pour en faire de la compote. Moins beaux, ces fruits sont aussi vendus moins chers. C’est ceux-ci que Jean-Luc Dardenne ne récoltera pas pour les laisser pourrir sur les pommiers. "Au moins, cela profitera aux oiseaux…"
Si la crise énergétique touche de plein fouet le secteur, le fruiticulteur meeffois estime que la grande distribution est aussi coupable. "Si tous les Belges mangeaient des pommes de chez nous, il n’y aurait pas de problème, affirme Jean-Luc Dardenne. Mais les supermarchés préfèrent leur proposer des Pink Lady venues de Nouvelle-Zélande ou d’Afrique du Sud. C’est une aberration ! Même si je ne suis pas certifié bio, mes pommes reçoivent le moins possible de produits chimiques et n’ont aucun résidu de pesticides. Mais quand elle m’achète mes pommes, la grande distribution ne les goûte même pas. Tout ce qui l’intéresse, c’est un prix le plus bas possible. C’est intenable !"
Pour garder la tête hors de l’eau, le fruiticulteur a aussi pris la décision radicale d’arracher 5,5 ha sur les 8 ha destinés aux pommes de tables. "Cela redeviendra des cultures traditionnelles que je louerai à des agriculteurs locaux."