«Je gérais 100 à 150messages par jour»
Ignace Cloquet, d’origine flamande, a coordonné l’aide venant du nord du pays. Pendant les inondations, après et encore aujourd’hui.
- Publié le 15-07-2022 à 06h00
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"D ès le lendemain des inondations, comme je voyais beaucoup d’appels à l’aide dans des groupes Facebook de la région liégeoise, je les relayais spontanément dans des groupes flamands dont je fais partie , se souvient le céramiste wasseigeois Ignace Cloquet, d’origine flamande. Deux jours après, je devenais administrateur d’un groupe qu’une amie avait créé pour coordonner l’aide des Flamands vers les Wallons."
Baptisé "Help slachtoffers overstromingen Wallonië", le groupe a rapidement compté des milliers de membres du nord prêts à venir en aide aux victimes du sud. "Je recevais des appels et des messages de gens qui cherchaient des personnes pour les aider, des pompes… Je publiais leurs demandes sur le groupe, des gens répondaient ou proposaient d’eux-mêmes de l’aide ou du matériel et je faisais matcher les demandes. Très rapidement, j’ai géré 100 à 150messages par jour. Il y en avait d’ailleurs tellement que je n’ai pu me rendre qu’une seule fois sur place pour aider: le reste du temps, je gérais le groupe, j’allais dormir vers 2h du matin et je me levais à 6h…"
Et ça a été comme ça pendant des jours, des semaines. En août, 4000personnes renseignées par le groupe Facebook s’étaient rendues dans les communes sinistrées. Pour répondre aux demandes d’aide en nourriture, pour pomper des caves, pour vider et nettoyer des maisons. "Puis la demande a évolué, les gens cherchaient des gens pour les aider à décaper les murs puis à les revêtir, à remettre en état leur maison, à la remeubler, à monter une nouvelle cuisine…"
Et ça continue encore aujourd’hui. "Un groupe de Courtrai s’est rendu 80 fois sur place depuis les inondations, beaucoup à Trooz. C’est un pompier qui gère ce groupe et ils y vont chaque week-end. Ils se sont spécialisés dans le décapage des murs et je sais qu’ils ont fait au moins 200maisons." Des (sous-)groupes émanant du groupe Facebook sont donc devenus autonomes, à force. Il y en a même un, provenant du côté de Bruges, qui, depuis quelques mois, loue une maison du côté de Verviers pour pouvoir héberger les bénévoles flamands pendant le week-end, pour stocker le matériel. "D’autres ont encore du temps et de l’énergie mais n’y vont plus parce qu’ils ont dépensé des milliers d’euros en carburant et non plus l’argent. C’est triste et frustrant pour eux."
Aussi des dons de sociétés
En plus des bénévoles, de leurs bras et de leur courage, les sinistrés ont aussi pu compter sur de nombreux dons faits par des sociétés flamandes. "Du ciment, du carrelage, de l’électroménager, des sanitaires, des cuisines… Ce sont en tout des millions d’euros dépensés. Ces événements ont en tout cas mis en lumière la force du bénévolat spontané. Le gouvernement aurait été incapable de faire tout ça."
Mais eux l’ont fait. Et continuent donc à le faire. En aidant encore un an après pour remettre en état maisons et jardins, pour des installations électriques ou de chauffage, pour monter des cuisines équipées. Ou en organisant des fêtes dans la région sinistrée pour égayer le quotidien de ceux qui ont tout perdu. "C’est gigantesque et irremplaçable, ce qu’ont fait et font encore les bénévoles flamands. Ils ont été incroyablement accueillis par les victimes. Des amitiés très fortes se sont d’ailleurs créées entre certains."