PHOTOS | Riverains vs entreprise Wibault: le climat est toujours tendu
Après des mois de tensions, les voisins de l’entrepreneur Wibault, situé rue de Meeffe, ne veulent plus qu’une chose: qu’il s’en aille.
Publié le 29-04-2021 à 08h33
De leur terrasse surplombant leur vaste jardin, il faut bien l’admettre, on ne voit que «ça». Oui, des arbres ont été plantés le long de la mitoyenneté par leur entrepreneur de voisin, mais le temps qu’ils poussent, c’est sur des tas de gravats, des camions et de la poussière que le regard des époux De Pauw se pose indubitablement. Ils sont les seuls à avoir déposé officiellement une plainte. Contre les bruits, la poussière, le charroi…
Mais d'autres voisins se disent aussi impactés par l'entreprise, reprise il y a trois ans par Alexandre Wibault après avoir été tenue pendant des décennies par Philippe Dutilleux. Comme Marc Grégoire ou Evelyne Vanvreckem, qui parlent en chœur. «Au départ, tout allait bien. Mais comme il y a eu des soucis, qu'il nous a fait des promesses qu'il ne respecte pas, on voudrait qu'il parte. On ne lui fait plus confiance.» Même son de cloche d'une autre voisine, Claudine Simon. «En juillet dernier, à concasser pendant trois semaines, on serait devenus enragés. On n'a rien vu venir, on n'a jamais été au courant de rien.»

Alors, quand ils ont eu vent de la demande de permis unique faite par l'entrepreneur (lire ci-dessous), autant dire que les voisins n'en sont pas revenus. La construction d'un hall et d'un centre de regroupement de tri/recyclage de déchets inertes de construction et démolition, à deux pas de chez eux? «Au cœur d'un village, c'est juste fou!»
Ce que les voisins reprochent à l'entrepreneur en terrassement et aménagements? Ce sont les tas de gravats (de plus en plus imposants) entreposés sur son terrain, le ballet des camions «dès 6 h 15 du matin parfois et même les samedis et les jours fériés», la poussière, la construction d'un mur autour de la propriété, le bruit (des camions qui déchargent, des machines qui travaillent…), une modification du relief du sol, la vue depuis leurs propriétés qu'ils estiment du coup dévalorisées, des vibrations ressenties dans leurs maisons… Des nuisances que l'entrepreneur conteste ou minimise, affirmant n'être sur place que deux à trois heures par jour.
Le SPW, en septembre 2020, n'avait quant à lui «relevé aucune infraction par rapport aux conditions généralement imposées à ce genre d'établissement». Mais, avait enjoint Alexandre Wibault à introduire, au minimum, une demande de permis d'exploitation de classe 2. En avril de cette année, après que les riverains ont fait constater des infractions par la police, un P.-V. était dressé à l'encontre de la SPRL «pour exploitation d'un centre de tri sans permis». Le dossier est dans les mains du parquet vert de Liège. «Mais en attendant qu'il bouge ou que la demande de permis soit examinée, et sans savoir s'il sera accordé, il continue à travailler en toute impunité…»
L’entrepreneur: «Je suis ouvert au débat»

Alors qu’il avait besoin d’un permis de classe 2 pour être en ordre, l’entrepreneur Alexandre Wibault a finalement demandé un permis unique. Qui lui permettra de faire plus de choses, oui, mais qui le contraindra aussi davantage. Quant aux niveaux sonores à ne pas dépasser, aux périodes autorisées pour le concassage, à l’asphaltage des chemins, à l’arrosage régulier du site pour éviter les poussières ou aux aménagements à faire pour l’écoulement des eaux, par exemple.
Mais il préfère ainsi «se mettre à l'abri» de toute future contestation. Et pouvoir finaliser son projet, en construisant un hall de stockage (pour ses matériaux et ses engins) et en bordant sa parcelle d'un mur en blocs de béton empilables. «Moi, je voudrais qu'après tout ça, on sache manger au sol dans mon dépôt!, résume Alexandre Wibault. Vous savez, il y a des choses dans le permis qui vont presque contre mon entreprise, que je fais pour couper la poire en deux par rapport aux voisins. Le mur et les plantations tout le long, je n'en ai pas besoin, mais je le fais pour le coup d'œil. Une fois que la haie et les arbres auront poussé, ce sera opaque. J'ai aussi, en accord avec la Région wallonne, refait les berges de la Mehaigne entre mon terrain et celui des De Pauw et j'y ai planté des aulnes butineurs pour faire un écran.»
Sa demande de permis unique, l'entrepreneur l'a déposée dans les temps, avant la mi-février. Mais incomplète. «C'est très lourd administrativement parlant.» On lui réclame donc «des papiers en plus, qui seront renvoyés dans la semaine. J'ai jusqu'en août pour me mettre en ordre, ce sera fait avant.»

En tout cas, l'entrepreneur l'assure: sa volonté n'est pas de faire du site un centre de tri. «Il me faudrait entre 2 et 3 ha et je n'ai que 75 ares. Et puis, mon travail, c'est d'être sur chantiers, pas tout le temps à Wasseiges!»
Néanmoins, Alexandre Wibault l'admet, «j'ai dérangé les voisins avec du concassage pendant le premier confinement. Je sais que je ne pouvais pas le faire à ce moment-là, mais j'ai voulu mettre mes hommes au travail. J'ai fait mon mea culpa.» Mais il regrette que le dialogue ne soit plus possible. «Une conciliation a été proposée. Je suis ouvert au débat, je n'ai aucun problème avec ça. D'ailleurs, quand l'enquête publique sera lancée pour le permis unique, je monterai un chapiteau sur mon site et je ferai une conférence pour tout expliquer aux citoyens.» Qui, selon lui, ne sont pas tous contre lui. «Il y en a qui approuvent les aménagements que j'ai faits et sont venus me le dire.»