L’abattoir de la Costale à Waremme: "La Ville fait pression pour qu’on parte"
Les nouveaux locataires d’une partie de l’abattoir de la Costale, à Waremme, disent recevoir des pressions de la Ville pour libérer les lieux.
Publié le 15-03-2023 à 06h00
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L’abattoir de la Costale, à Waremme, comprend plusieurs parties. L’une d’elles, la plus importante, est la propriété de la Ville. Une autre concerne un hangar situé au fond du site, ce dernier mis en vente à un couple en janvier dernier par la firme Derwa, ceci via une location-achat.
Ce couple, c’est Catherine Dombret et Christophe Durieux, qui ont racheté le bâtiment (l’ancienne salaison de l’abattoir) pour en faire un magasin de seconde main ainsi que leur propre habitation. Sauf que depuis, ces derniers se disent victimes de pressions de la Ville pour les en faire partir. "Depuis que nous sommes installés, confie Christophe, on subit une pression énorme de la Ville pour nous faire dégager."
Un arrêté du bourgmestre
Quoi qu’il en soit, un arrêté du bourgmestre a bien été pris pour des raisons de salubrité et de sécurité. Cet arrêté, consultable sur le site web de la Ville ( www.waremme.be), se base sur des constats réalisés lors d’une visite par les pompiers et la police administrative.
"L’ouverture du commerce s’est faite sans les autorisations légales requises, notamment sur le plan urbanistique", y est-il écrit. Autres manquements soulignés: "L’ancien hangar, ouvert au public dans le cadre de l’activité commerciale, est non approvisionné en eau. Il y a absence de compartimentage entre la partie logement et la partie commerciale, le système de chauffage d’appoint utilisé est potentiellement dangereux…"
L’arrêté note également un manquement aux critères de salubrité minimums comme l’absence d’approvisionnement en eau, de ventilation, d’éclairage naturel, de systèmes sanitaires… "Les travaux requis par la zone de secours en amont de l’ouverture du commerce n’ont pas été réalisés", tels que l’absence d’issue de secours en cas d’incendie, de signalisation, d’extincteurs, de détecteurs et une électricité non conforme. Sur ces bases, l’arrêté sommait les locataires de fermer leur commerce au public pour le 7 mars et d’évacuer entièrement les lieux pour le 24 mars.
Des éléments que le couple conteste évidemment. Qui se demande aussi pourquoi la Ville ne s’est pas manifestée plus tôt. "Pourquoi nous a-t-on laissés nous installer et nous domicilier ici ? La Ville nous avait informés qu’on pouvait réaffecter le lieu sans permis d’urbanisme, qu’il nous fallait juste une dérogation à la Région wallonne. Et lors d’un entretien avec Vivian Piron (NDLR: le directeur général de la Ville) , j’ai demandé pourquoi la Commune ne s’est pas manifestée plus tôt, se souvient Christophe. Il a répondu que la Ville avait eu l’intention de racheter le bâtiment pour 1 € symbolique. Mais la famille Derwa nous l’a vendu à nous, pour près de 300 000 €. Au départ, quand la Ville proposait encore l’abattoir à la vente, on s’était montré intéressé de racheter toute l’infrastructure, pour proposer aussi un service de garde-meuble. À ce moment-là, on avait expliqué notre projet de magasin de seconde main. On avait d’ailleurs fait une offre de 500 000 €. On n’a obtenu aucune réponse de la Ville, qui a ensuite dit dans la presse qu’aucune offre n’avait été faite."
"C’est le serpent qui se mord la queue"
Et concernant l’insalubrité des lieux, "on est en train de faire les travaux. D’autant plus qu’entre la signature des actes et notre installation dans le bâtiment, les boîtiers électriques, les fils de cuivre et les châssis en aluminium ont été volés. Et si la Commune met des scellés, on n’aura plus de rentrée d’argent et on n’arrivera jamais à finir les travaux. C’est le serpent qui se mord la queue. Franchement, poursuit Catherine, on ne comprend pas trop ce que cherche la Commune."
La Ville menacerait également, toujours selon les propos du couple, de faire retirer la garde de la fille de Catherine, 14 ans, fruit d’une précédente union. "On a reçu un courrier des services sociaux comme quoi la petite vivait dans de mauvaises conditions."
Le duo en est convaincu, "la Ville fait pression sur nous pour qu’on parte dans le but de faire de la place pour son projet (NDLR: de champ agrovoltaïque) . Nos craintes, si on doit évacuer le lieu, c’est de tomber en faillite et de perdre l’investissement et l’énergie qu’on a déployés."