Journée des droits des femmes, à Waremme, avec Marie Darah: les mots n’ont pas de genre
Cassez les codes, sortez des sentiers battus, rencontre avec Marie Darah, une planète qui n’a pas de genre. Ielle, champion.ne d’Europe de Slam, sera de passage à Waremme.
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Publié le 02-03-2023 à 09h57 - Mis à jour le 02-03-2023 à 09h58
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NDLR: S’identifiant comme genderfluid, nous avons adopté l’écriture inclusive pour cet article.
Ne prononcez pas de "elle", pas de "il" mais plutôt "ielle". Marie Darah ne se caractérise pas par une identité de genre fixe (garçon, fille, agenre, non-binaire…), mais plutôt par un genre qui va varier au fil du temps. Ielle ne veut pas être bleu ou rose, Marie Darah veut juste être toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Le/la champion.ne d’Europe de Slam se produira au Passage9 de Waremme le 8 mars dans le cadre de la Journée Internationale de la Lutte pour les Droits des Femmes. Pour y déclamer ses textes mais aussi pour parler de son parcours de vie qui forcera, sans aucun doute, le respect de beaucoup. "Je suis originaire de Charleroi mais je suis ensuite parti.e vivre à Bruxelles pour faire des études au conservatoire. J’ai ensuite vécu 10 années de galère durant lesquelles j’ai enchaîné les petits boulots dans le monde de la nuit parce que je ne me faisais pas ma place en tant qu’acteur/trice." À 33 ans, Marie, a décidé de lever le voile sur sa vie peuplée de violence, de peur et de mauvais choix. Ielle raconte son enfer, son destin mutilé. "J’ai commencé à travailler dans le monde de la nuit. J’ai eu des problèmes de drogues et d’alcool", confie ielle avant de marquer un blanc et d’ajouter en rigolant: "Je vous donne l’impression de vous raconter ma vie mais c’est pour que vous compreniez la suite. Il y a 4 ans j’ai décidé de reprendre mon destin en main. J’ai arrêté de boire et j’avais repris un restaurant pour me sortir de cet univers négatif. Mais je me suis fait braquer. J’ai alors fait une tentative de suicide et ma psychologue m’a conseillé d’écrire." Ielle décide alors de coucher sur le papier tout ce qu’ielle a traversé. Comme une thérapie par les mots. Marie Darah finit par écrire un livre “ Depuis que tu n’as pas tiré” qui parle de ce braquage. Et c’est un peu avant 2020, à travers ses écrits, que sa vie prend un tout autre tournant. Ielle avait connu le pire, le meilleur était-il à venir ? "Mon éditeur m’a dit que mes écrits résonnaient davantage comme du slam. Sur un coup de tête, je me suis inscrit.e à un premier concours où j’ai appris les codes de ce style musical. C’est aussi à ce moment-là que j’ai fait mon “coming out” genderfluid. Tout s’est ensuite très vite enchaîné. Les gens m’ont tendu la main. J’ai commencé à passer des concours de slam et je suis devenu.e champion.ne de slam de Belgique et puis d’Europe. C’est un art qui s’ouvre de plus en plus aux femmes et aux personnes non-binaires. " Quitte à entraîner de la crispation voire de la haine, Marie Darah est donc bien décidé.e à faire voler en éclats les frontières du genre.
"On a tous de la poésie en soi"
Avec son parcours de vie, le 8 mars sera donc forcément une date symbolique pour ielle. "Je pense qu’il existe des injustices énormes. J’ai vécu de fortes oppressions, des abus sexuels et des discriminations énormes. Je sais ce que c’est de ne pas avoir sa place. Je trouve ça aberrant qu’on doive mettre des droits pour exister dans la société. On a le droit de se définir comme on veut. Je me reconnais aussi en tant que femme mais je veux rester mobile parce que la vie ça bouge tout le temps. On a le droit de changer d’avis. De ne pas se reconnaître dans les codes imposés. Dire les choses c’est une manière de ne pas faire en sorte que l’histoire se répète."
Mercredi prochain, Marie parlera mais elle écoutera aussi. "Je veux que ce soit un échange avec le public. C’est un moment où le micro est ouvert. Et si certaines personnes du public ont des choses à dire alors je les écouterai. Nous sommes tous capables de nous révéler. On a tous de la poésie en soi. C’est juste que c’est le système patriarcal qui freine ça."
Brisez les silences et les tabous, le 8 mars, la parole est à toutes celles et tous ceux qui oseront la prendre. Pour mettre des mots sur les maux.
Infos: www.passage9.be