Waremme: «La police qu’on ne voit pas ne saurait pas protéger»
Les huit bourgmestres de la zone de police de Hesbaye tirent la sonnette d’alarme. La situation financière de la zone est critique et il manque des policiers.
- Publié le 03-06-2022 à 17h30
- Mis à jour le 05-06-2022 à 17h27
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Par deux fois, en février puis en avril, les bourgmestres de la zone de police de Hesbaye ont refusé de voter le budget 2022 des policiers waremmiens. Non pas qu’ils ne soutiennent pas leur police communale. Que du contraire d’ailleurs. Mais en refusant de le voter, ils espéraient attirer l’attention du fédéral, provoquer un électrochoc salutaire donnant, à terme, les moyens aux polices locales de poursuivre leurs missions. Sauf qu’il n’y a eu aucune réaction du fédéral, aucune réaction des présidents de parti. La mort dans l’âme, les bourgmestres n’ont eu d’autre choix que de voter le budget pour permettre les investissements prévus à l’extraordinaire, pour permettre à la police de continuer à fonctionner. Mais en tirant bien fort la sonnette d’alarme… avant d’aller plus loin s’il n’y a toujours aucune réaction.
"On a voté le budget à l’unanimité, mais ça ne veut pas dire qu’on l’a fait dans la joie , explique le président de la zone Jacques Chabot, bourgmestre de Waremme. C’est plutôt une unanimité dans la colère et nous tirons une fois de plus et plus sérieusement encore la sonnette d’alarme face au sous-financement chronique des zones de polices par le fédéral." L’instant est d’autant plus crucial que la zone de police de Hesbaye a épuisé son fonds de réserve de plus de 400.000€ et "on nous impose encore 400.000€ en plus pour 2022, à charge essentiellement des Communes pour un service de police qui reste identique" . En février puis en avril, le collège de police a envoyé un courrier au ministre de l’Intérieur, au Premier ministre, aux vice-Premiers ministres, aux présidents des partis des différentes majorités, au gouverneur, à l’Union des Villes et des Communes.Et mis à part une réponse du gouverneur, rien ou presque. Le ministre de la Justice a noté que le problème, complexe, serait examiné lors des états généraux de la police.
Moins de policiers en rue
La zone de police de Hesbaye, c’est un budget de 8,9 millions; 85% des charges concernent le personnel. Et là, "la zone de police est confrontée à une situation financière sans précédent" . Les difficultés? Elles sont liées à la quadruple indexation des salaires, l’augmentation des cotisations patronales pour la pension, la mise en place de chèques-repas, la perte de subventions régionales, l’augmentation du coût de l’énergie. Le fédéral paie mais alors que les charges totales augmentent de 7%, la part du fédéral suit l’indexation et n’augmente que d’1,5%.C’est donc trop court et ce sont les Communes qui n’ont d’autre choix que de payer. Elles paient de plus en plus, mais ont moins de policiers dans leurs rues qu’avant. "Il y a deux policiers du lundi au vendredi pour les huit communes , explique Philippe Goffin, bourgmestre de Crisnée. S’ils sont sur un incident d’un côté de la zone, c’est, ailleurs, une zone sans contrôle policier." Et il poursuit: "on a mis en place une police locale, en a-t-on une à disposition? Non." Avant la réforme de la police,Crisnée payait 90.000€ pour un garde-champêtre et un agent. Aujourd’hui, elle paie 300.000€ et "sur deux semaines, on a à Crisnée une présence policière de deux jours.Deux jours pour 300.000€ par an, ce n’est pas sérieux.On a tous les mêmes droits de vivre en sécurité avec la protection de la police. Mais la police qu’on ne voit pas ne saurait pas protéger." Même analyse à Fexhe qui déboursait en 2006, 180.000€ pour quatre policiers et aujourd’hui 300.000€ pour un seul. "La réforme des polices devait être une opération blanche pour les communes , rappelle le chef de corps André Jamers. Mais on en est très très loin."
Avec les autres zones
Alors? À la fin de l’été, les bourgmestres de la zone Hesbaye prépareront le budget 2023 mais en associant à la réflexion les 17 autres zones de police de la province de Liège. Afin d’avoir une attitude commune. La zone de police boraine, qui avait contacté celle de Hesbaye, s’est aussi dite intéressée. Plusieurs présidents de parti y vivent. Et vu le poids qu’ils ont dans les décisions prises par le gouvernement… "On est dans un pays où les présidents de partis sont très puissants" , a ajouté Philippe Goffin.