La Hesbaye vue du spectre d’un chimiste
Chimiste et photographe, Thierry Salmon souffre de daltonisme. Cette particularité se reflète jusque dans ses œuvres photographiques.
Publié le 12-02-2018 à 06h00
:focal(507x319.5:517x309.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/S2NQTKTWQZHBHDX5KHJBP4664U.jpg)
Ses terres agricoles à perte de vue, ses horizons sans limite. En sillonnant les chemins terreux de la Hesbaye, nombreux sont ceux à avoir rangé leur appareil et tourné les talons. Trop monotone, trop triste, trop fade. Les adjectifs dépréciatifs ne manquent pas pour qualifier cette terre nourricière. Cependant, depuis son jardin, Thierry Salmon porte un regard attentif aux paysages agricoles qui l'entourent. Voilà une dizaine d'années que le chimiste de 57 ans vit à Remicourt et jamais il n'avait encore songé à dégainer son appareil photo. Et pourtant, cet outil numérique se révèle être un moyen d'expression astucieux. Grâce à lui, le public peut découvrir l'univers du chimiste. Saisi, il ne peut qu'être incité à en connaître davantage sur la démarche artistique de Thierry, entamée il y a trois ans. Un style épuré et sobre se dégage de ses clichés aux contrastes marqués. Les lignes droites répétitives laissent transparaître la monotonie et l'ennui du paysage. Or, l'artiste, calme et détendu, nous en livre une tout autre lecture, lors de sa dernière exposition à la salle «Un jour Ailleurs» à Waremme. «Pour quelqu'un, comme moi, qui est originaire des Ardennes, c'est un petit peu un choc. La Hesbaye n'a rien à voir avec les forêts profondes et les grandes vallées où je vivais avant. Mais j'ai voulu montrer que ces paysages agricoles avaient aussi quelque chose à montrer», justifie l'ingénieur chimiste d'ULiège. Un peu de couleurs aurait sans doute égaillé le tableau? Pour Thierry, le noir et blanc permet de mettre plus en avant le graphisme et la pureté du paysage. Mais surtout, Thierry Salmon souffre de daltonisme. L'ingénieur peine à discerner les longueurs d'onde situées entre 520 nm et 565 nm du spectre visible. Autrement dit, la couleur verte lui est imperceptible. «En tant que daltonien, je suis plus sensible aux contrastes que les autres. Grâce au noir et blanc, je suis sûr que tout le monde percevra la même chose», révèle-t-il. La photo argentique, il adore mais ne veut pas s'exposer davantage aux produits chimiques qu'il ne l'est déjà dans l'exercice de son métier. La Hesbaye, une longue série interminable tant qu'il y vivra. «Pas besoin de faire des kilomètres, il y a aussi une beauté proche de chez nous.» Maintenant, Thierry rêve de créer sa propre expo. Bientôt, il exposera à Arlon. Il a aussi envoyé une candidature pour exposer à Londres. Exporter la beauté de la Hesbaye in London? Espérons que les Anglais apprécient cette Belgium touch!