Elle l’accuse de viol 20 ans après, il nie farouchement
Une ex-Wanzoise de 35 ans accuse un ami de ses parents de viol et atteinte à l’intégrité sexuelle. Des faits qu’elle situe en juillet 2001 et qu’il conteste formellement.
Publié le 28-04-2023 à 18h09 - Mis à jour le 29-04-2023 à 07h00
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/Q7QCAS2HUNAQZGRCFD6UF6TRRY.jpg)
Comme l’a rappelé Me Alexandre Wilmotte, avocat de la partie civile, "les affaires de mœurs sont toujours des affaires délicates" puisqu’elles se passent généralement à huis clos. "On a rarement des témoins, des preuves formelles et on doit alors s’appuyer sur des présomptions graves, précises et concordantes", comme le spécifie la loi. Et, selon lui, dans ce dossier, "elles ne manquent pas. Et puis, pourquoi ma cliente, qui n’a aucune raison d’en vouloir à monsieur et ne réclame rien, aurait-elle fait des déclarations fracassantes et gratuites autant d’années après ? Il y a des détails interpellants: qui pourrait inventer une histoire pareille ?"
Rétroactes. Nous sommes en juillet 2001. Une famille inaugure sa piscine, à Marchin. Une vingtaine de convives ont été invités. Pendant un moment, on ne voit plus la fille de la maison, une ado de 14 ans. Ni un ami (26 ans) de ses parents. Ils sont partis chez lui, à Wanze.
Très vite, l’ado se confie à une copine et à son petit ami. À ses parents, aussi. Elle explique que le prévenu lui a imposé une pénétration digitale notamment. Mais elle ne dépose pas plainte. D’après son avocat, "elle n’était pas demandeuse" et la maman de la victime avait une relation extraconjugale avec le beau-père du prévenu et ce dernier venait d’être papa… Mais dans les années qui suivent, elle évoque le sujet avec un de ses profs et dans un planning familial. Et suite à un burn-out, finit par déposer plainte. Pour exorciser ce viol qui l’a poussée à l’automutilation, à l’anorexie et à la boulimie, à ne plus prendre soin d’elle, à l’anxiété et à la dépression. Bien que les années aient passé, l’enquête montre "beaucoup d’éléments concordants qui confortent la version de la victime", assure le Parquet. "Il n’y a aucune volonté de vengeance de sa part et elle ne réclame rien, juste être reconnue comme victime. C’est comme une thérapie, pour elle." Une peine de 3 ans, avec un éventuel sursis probatoire, a ainsi été requise.
L’acquittement réclamé par la défense
Le prévenu conteste quant à lui formellement et dit ne pas comprendre les motivations de la jeune femme. Son avocat, Me Jean-Louis Gilissen, s’étonne que les parents (la maman est policière) n’aient pas réagi au moment des faits et que la famille ait par exemple fait appel au prévenu un an plus tard pour repeindre la chambre de l’ado. Il déplore aussi qu’on évoque dans le dossier des messages prouvant la culpabilité de son client mais que ces éléments aient été perdus au fil des ans. "Le choix fait à l’époque de ne rien dire et de ne rien faire et la disparition de “preuves” font que mon client se retrouve dans l’impossibilité de se défendre aujourd’hui. Vingt ans après, sa femme, ses enfants, sa famille, ses collègues… découvrent un homme qu’ils ne reconnaissent pas. C’est un drame pour tous et, au vu du temps qui a passé, où est le caractère raisonnable de l’action ?" Il a ainsi réclamé l’acquittement au bénéfice du doute de son client.
En pleurs, la trentenaire conclura par ces mots: "Pendant des années, j’ai porté une culpabilité que je n’avais pas à porter. Je veux juste la rendre, la déposer ici et pouvoir tourner la page."
Jugement le 26 mai.