Culture : Vincent Pagé, facteur "sans le f"
C’était la 7e édition du festival Wanzekirifou, ce week-end, à Wanze. Avec Vincent Pagé, vendredi, et Marc Witvrouw, samedi.
Publié le 28-02-2023 à 08h54 - Mis à jour le 28-02-2023 à 08h55
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Facteur le jour, le même mais "sans le f" le soir, Vincent Pagé séduit par sa capacité à faire du rire un lien social. Au festival Wanzekirifou, vendredi, avant Marc Witvrouw le lendemain, c’est en ambassadeur de ce genre qu’on l’a vu avec son nouveau spectacle, Fidèle au poste, coécrit avec Xavier Diskeuve. C’est en fait la suite du premier: C’est ma tournée. Entre les deux, dix ans d’écart et autant de tranches de vie qu’il détaille avec tendresse et nostalgie, dans une langue qui lui appartient désormais. C’est-à-dire un humour sérieux qu’il faut prendre en sens inverse pour en comprendre toute l’étendue. C’est qu’il a le mot d’esprit, Vincent Pagé, jamais un de trop ni même un de travers, pour donner à l’ensemble de sa prestation son caractère plaisantin mais non dénué de sens.
À considérer comme un hommage à la profession et aux gens qu’on y rencontre, le spectacle vaut pour cette prise de conscience amère, d’un temps révolu, qui, parfois, manque à notre humanité et renvoie à nos propres insatisfactions.
Seul sur la scène, plaisantin mais pas trop, l’homme, ici, rembobine des images belles du métier de facteur au temps où faire causette sur le pas de la porte était encore permis, tout comme s’arrêter au café du coin pour boire un pot. "Un facteur au bistrot, il y a 20 ans, ça faisait partie du paysage !" Comme le képi vissé sur la tête et la cravate nouée autour du col de la chemise blanche.
Témoin d’un monde qui évolue, le comédien remet ici à sa juste place les pièces d’un puzzle qui l’ont conduit là où il est aujourd’hui et… où il sera demain. Parce que de facteur à agent bpost, la fonction a bien évolué, lui ôtant en chemin ses plus belles lettres de noblesse. Un terme à prendre au propre tout comme au figuré. Car, et c’est un triste constat, les lettres au papier jaunissant, comme celles parfumées adressées à la bien-aimée, ont désormais cédé leur place à une technologie qui, bientôt, fera de nous des robots sans plus aucun lien social. "Un jour, je vais distribuer le courrier par drone, installé dans mon fauteuil !"
En final, comme une cerise sur le gâteau, un pot-pourri des plus belles répliques qui donnent aux personnages de la pièce, tous interprétés par Vincent Pagé, leur caractère touchant, légèrement suranné. Un délice !