Deux immeubles sinistrés par un incendie volontaire à Wanze: « Je ne voulais faire de mal à personne »

Poursuivie pour l’incendie volontaire provoquant le sinistre de deux immeubles, une Wanzoise de 30 ans demande à aller en hôpital psychiatrique.

caroline Viatour
 Le bâtiment de la rue Val Notre-Dame à Moha a été entièrement détruit.
Le bâtiment de la rue Val Notre-Dame à Moha a été entièrement détruit. ©Heymans

Le 4 octobre 2022, les pompiers et policiers de la zone Hemeco sont appelés à grand renfort pour un incendie survenu dans un immeuble situé au 308A de la rue Val Notre-Dame à Moha. Au terme de quatre heures d’intervention, les hommes du feu parviennent à maîtriser les flammes. S’il n’y a pas de blessé, de nombreux dégâts matériels sont à déplorer et le sinistre est total pour l’ensemble du bâtiment. Il ne reste plus rien de l’appartement du premier étage et, dommage collatéral, l’épicerie italienne "Sicilia bella" située au rez-de-chaussée a dû fermer ses portes. L’immeuble voisin est également sinistré. La personne qui y vivait est, depuis le 4 octobre dernier, relogée ailleurs. Mais alors que s’est-il passé ? Devant le tribunal correctionnel de Huy, Émilie (prénom d’emprunt) siège sur le banc des prévenus. Détenue à la prison de Marche-en-Famenne depuis le 7 octobre, elle comparait aujourd’hui pour incendie volontaire. Si la locataire de l’appartement soutenait, le jour du drame, qu’il s’agissait probablement d’un court-circuit, elle s’était présentée au poste de police deux jours plus tard pour avouer. "Je reconnais les faits. J’ai allumé la plaque de cuisson, j’ai mis le micro-ondes à côté avec plusieurs vêtements pour mettre le feu, confie la Wanzoise de 30 ans devant le tribunal. Après avoir fait ça, je suis partie. J’allais bien mais j’ai basculé de l’autre côté. J’en avais marre de tout. C’était juste un appel à l’aide." Et la Wanzoise n’en était pas à son coup d’essai. Trois semaines plus tôt, elle avait déjà provoqué un début d’incendie dans le même bâtiment.

« Un trouble mental entre la névrose et la psychose »

Pour la juge, Marguerite Crasson, l’histoire aurait pu être bien différente. "Vous saviez qu’il y avait des personnes dans l’immeuble ? Comment peut-on faire pour ne pas que ça se reproduise ?" En réponse, Émilie exprime des remords. "Je m’excuse, je m’en veux de mon geste et je me rends compte que c’était dangereux pour moi mais aussi pour les autres. Je ne voulais faire de mal à personne. On m’a dit que j’avais un trouble mental entre la névrose et la psychose. Je voudrais aller à l’hôpital psychiatrique. J’y suis déjà allée plusieurs fois."

Une histoire qui, pour la procureure de division, Brigitte Leroy, "fait froid dans le dos". Parce que l’incendie a provoqué de nombreux dommages et qu’il aurait pu faire des victimes. "C’est le gérant du magasin du rez-de-chaussée qui a senti une odeur de fumée. Il monte à l’étage mais ne sait même pas toucher la porte tellement elle est chaude. Les conséquences auraient pu être dramatiques. C’est grâce à l’enquête de voisinage et à la désignation d’un expert qu’on a pu établir les circonstances de l’incendie. On a ensuite interrogé la prévenue sur ses motivations et elle répond qu’elle voulait un appartement plus grand et que sa mère lui manquait. Elle dira également qu’elle est malade et suivie par un psychiatre et un psychologue. Visiblement ça n’a pas suffi pour ne pas mettre le feu à deux reprises. L’expert psychiatre soutient qu’elle a commis ce geste pour attirer l’attention de sa mère." Autre fait qui interpelle la procureure de division: son instabilité. La prévenue se présente en effet devant le tribunal avec un bras dans le plâtre. "J’ai frappé contre la porte au cachot car on m’empêchait de voir mon fils", justifie Émilie. Un fait qui ne rassure par le ministère public.

Jugement le 9 février

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