Marc Segatto revient sur son départ de Verlaine : "Quand vous êtes trahi par des amis, ça fait mal"
Deux semaines après sa non-reconduction surprise à Verlaine, Marc Segatto s’est exprimé pour la première fois. Sans langue de bois, comme d’habitude.
Publié le 16-05-2023 à 22h32 - Mis à jour le 16-05-2023 à 22h35
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Il est encore remonté, Marc Segatto. Onze jours après sa non-reconduction à Verlaine, où il aura passé onze saisons, le Liégeois de 59 ans est enfin sorti du bois pour "remettre l’église au milieu du village et rétablir la vérité." Confessions d’un homme meurtri mais loin d’être abattu.
Marc Segatto, les derniers jours n’ont pas été faciles. Vous êtes d’ailleurs toujours remonté contre Mario Franchi.
Il n’a pas été honnête lors de son interview réalisée dans vos colonnes (NDLR: le 8 mai dernier). Quand il dit que je ne me remets pas en question, c’est faux. Comment voulez-vous qu’un staff, qui ne se remet pas en question, ne réalise pas des résultats positifs durant onze ans? Cette saison, quand il a neigé, on ne pouvait pas aller s’entraîner de la semaine. J’ai alors décidé d’aller, seul, balayer le terrain pour pouvoir s’entrainer. Un entraineur qui ne se remet pas en question, il ne fait pas ça.
D’aucuns estiment que l’on vous imposait la façon d’entraîner ou de jouer.
(Il sort une farde et son ordinateur). Monsieur Franchi estime que je ne me renouvelle pas. Ici, dans ma farde, tout est détaillé depuis onze ans. Il n’y a jamais deux entraînements les mêmes. Tout est noté. Tout le staff essaye de se mettre à la pointe. Depuis deux mois, le comité m’a donné une convention avec 31 points à respecter. Et puis, récemment, on a commencé à me parler de tactique. Cela n’était jamais arrivé. Les nouveaux investisseurs ne savent pas ce qu’il se passe réellement dans mon vestiaire. Cette saison, il y a toujours eu des reproches, même quand on a gagné 7-0 contre Hamoir. C’est d’ailleurs, en partie, pour ça qu’Amaury (NDLR: Riga, le T2) a décidé de partir. Face à Stockay, où nous avons gagné 0-3, Monsieur Ciccarella a encore râlé car j’avais convoqué Noah Miévis. Il n’y a jamais eu des échanges constructifs. Par le passé, j’ai déjà eu des problèmes avec lui. À l’école, alors qu’il était professeur, j’avais défendu Thierry Raskin. Cela ne lui avait pas plu. Quand il est arrivé à Verlaine, on a discuté ensemble et je l’ai même invité à la maison. C’est quelqu’un de très intelligent, il connaît la théorie mais il est machiavélique et manipulateur.
Votre non-reconduction fut une surprise, puisque vous avez annoncé avoir prolongé il y a plusieurs semaines.
Tout à fait. Patrick Danze (NDLR: le président) a même trouvé un sponsor et a annoncé la nouvelle de ma prolongation aux joueurs. Je rentrais dans les plans du club, puisque j’ai accueilli les nouveaux renforts en faisant visiter les installations.
Vous êtes-vous senti trahi?
Oui, malheureusement. Je sentais qu’il n’y avait pas une réelle confiance avec les nouveaux investisseurs. C’est pour ça que j’avais demandé un contrat de deux ans. Quand ce sont des personnes qui sont proches de vous, ça fait mal. Mais c’est surtout la manière que je trouve détestable. Si on m’avait dit, début avril, que j’avais fait mon temps, j’aurais pu comprendre. Ça m’aurait fait très mal mais je l’aurais accepté. Ici, on m’a menti. Après onze ans à Verlaine, je ne méritais pas ça.
L’épisode de la licence n’a pas aidé non plus.
On a appris que le club avait enlevé la licence pour la Nationale, un mercredi soir, sur Facebook, via votre article. Le club nous a manqué de respect. Dans la foulée, Mourad Lachhab a voulu démissionner sur le champ. Cela a foutu une mauvaise ambiance.
Les résultats ont été décevants par la suite.
Les nouveaux actionnaires ont tué notre fin de saison. La force de Verlaine, ça a toujours été son groupe. Dès qu’on a commencé à voir les joueurs pour la saison prochaine, c’était terminé car on parlait trop d’argent. Les joueurs revenaient à l’entraînement avec les pieds de plomb et la mentalité était moins bonne. Dans le club, c’est la première année où l’ambiance était morose. Avec l’arrivée d’un directeur technique qui se cache derrière le terrain pour assister aux entraînements et toutes les rumeurs, je n’avais jamais connu ça.
Le club voulait-il vraiment monter en Nationale 1 cette année?
Je suis intimement convaincu que Mario Franchi voulait monter cette saison. Son homologue, je ne crois pas, car ce n’est pas lui qui a confectionné l’équipe cette saison. Si Verlaine peut passer un palier, tant mieux pour le club. Ce serait magnifique pour tous les supporters. Verlaine est plus important que Marc Segatto.
Après toutes ces années, qu’est-ce qui vous rend le plus fier?
D’avoir fait progresser le club avec tout mon staff. On a fait confiance à des joueurs que plus personne ne voulait. Outre les montées, je retiendrai évidemment notre aventure en Coupe de Belgique et ce match à l’Union. On a fait vibrer toute la Hesbaye. J’en ai encore des frissons.
La suite, vous la voyez comment?
J’ai encore envie d’entrainer. J’ai mal, évidemment, mais je ne suis pas rancunier. J’ai besoin de trouver un nouveau défi pour définitivement tourner la page.