Football: "Le calendrier de la saison 2023-2024 fait grincer des dents: " Les équipes ne sauront pas se préparer pour le début du championnat"
Le calendrier de la saison footballistique dans la Province de Liège est sorti ce mardi 09 mai 2023 et fait particulièrement réagir.
Publié le 11-05-2023 à 18h37 - Mis à jour le 11-05-2023 à 18h47
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Si quelques équipes sont encore sur le pont suite aux différents tours finaux, la plupart d’entre elles sont d’ores et déjà en vacances. Et qui dit vacances dit forcément regard tourné vers le prochain exercice. Attendu par tous avec grande impatience, le calendrier de cette future saison 2023-2024 a été dévoilé par le comité provincial liégeois ce mardi après-midi. Et le moins que l’on puisse écrire est qu’il a fait réagir. Les craintes de certains se sont confirmées: oui, la période entre la fin de l’année scolaire et la reprise du championnat sera plus courte que jamais, cinq semaines et deux jours pour être précis. Et ce, alors que la Coupe de Belgique ou celle de la province débuteront, elles, fin juillet déjà.
Et c’est bien cela qui fait bondir Nicolas Henkinet. "Cela va simplement faire en sorte que les équipes ne savent pas se préparer pour le début du championnat, regrette-t-il. La concurrence va être déloyale puisque certaines équipes sont qualifiées pour la Coupe de Belgique. Et les formations de Nationale ne reprennent que début septembre. Certains vont être confrontés, avec les différentes coupes, à un calendrier gigantesque tout simplement impossible à aborder. Ou alors, ils seront grillés pour le début du championnat, ce qui n’est évidemment pas l’objectif."
Quand partir en vacances ?
Les sportifs amateurs, dans un souci d’aborder la préparation de la meilleure des manières, ont tendance, depuis des années, à partir en vacances du 1 au 15 juillet. Mais l’allongement de l’année scolaire reporte certains voyages… ce qui empiète forcément sur la préparation de la saison à venir. "Personnellement, j’ai encore de la chance car mon fils est en maternelle et on ne travaille pas dans l’enseignement, explique Nicolas Henkinet. Du coup, je pars du 1 au 15 juillet. Mais certains joueurs m’ont déjà dit qu’ils seraient absents pour la reprise. Et c’est bien normal, ils ont aussi le droit de souffler."
Certains privilèges ?
Depuis cette saison, le dimanche de Carnaval est laissé libre suite à un vote lors de l’assemblée générale avec les clubs. Ce qui ne plaît évidemment pas à tout le monde car cela dérègle évidemment le calendrier. "C’est bien beau, mais, de notre côté, cela nous défavorise car nous ne sommes pas concernés. Nous ne sommes pas favorisés pour une certaine festivité qu’on pourrait organiser, fulmine Nicolas Henkinet. Par contre, il est possible qu’on joue le lundi de Pâques…"
Une préparation tronquée ?
Entre les absents et les différentes compétitions à aborder durant la préparation, il risque donc d’y avoir pas mal de disparités dans les groupes au moment de disputer la première rencontre de championnat. "La préparation, c’est le moment où on travaille le fond, les séances sont plus longues car il faut construire la base. Le souci, c’est que là, on n’a pas le temps. C’est bien de parler du championnat, mais il y a aussi la Coupe de la province par exemple. Et les deux dernières semaines avant le championnat, on ne peut donc pas choisir nos adversaires. Si j’ai envie de monter le niveau lors des amicaux, je ne peux pas. Sauf en semaine. Et là, je risque alors une surcharge", explique Nicolas Henkinet.
Un manque d’adaptation ?
Le calendrier scolaire adapté, il aurait peut-être fallu que celui du football suive le mouvement, ce qui n’a pas été le cas. "Par exemple, planifier des matchs à partir du 15 janvier pour les remettre, c’est empêcher les gens de planifier des vacances. Chaque année, on voit des gens arrêter le football pour se recentrer sur leur famille, c’est dommage, ajoute le coach geerois. Il y a un clair manque d’adaptation. La faculté à pouvoir survivre, c’est la résilience, ce serait bien que le foot provincial soit aussi résiliant."
Du côté du comité provincial, on se contente d’un simple "quoi qu’on fasse, il y aura toujours des mécontents" via Marc Collard-Bovy, qui nous a tout de même demandé de le rappeler après la séance de ce jeudi soir pour discuter du sujet. Et si les clubs étaient écoutés ?
«Je ne peux pas partir en vacances avec mes filles »
Difficile pour un entraîneur de préparer le prochain exercice tant il faut combiner entre la fin de l’année scolaire, les vacances personnelles, les absences des joueurs et la reprise du championnat. «Je vais simplement partir du 2 au 9 juillet et vu qu’on va reprendre les entraînements le 4 juillet, c’est mon T2 qui va assurer les premières séances avant d’inverser, précise Alex Liebens, l’entraîneur d’Anthisnes. Mais de qui vais-je disposer? Car tout le monde a le droit de partir en vacances et de relâcher la pression. Ce n’est pas normal, on devrait pouvoir partir en vacances l’esprit tranquille. Ici, je dois décaler mon voyage car je ne peux pas me permettre de partir plus tard.»
Pire encore, le coach condrusien a dû faire une croix sur une partie de ses plaisirs personnels. «Je ne peux pas partir en vacances avec mes filles, c’est aussi simple que ça. Franchement, c’est paradoxal que nous devions nous plier à ça car nous ne sommes que des amateurs. Le rapport de force s’est inversé mais on doit simplement s’y plier… Une reprise du championnat au début du mois de septembre m’aurait semblé bien plus logique au vu de l’adaptation du calendrier scolaire. »
Vandervost fera rater l’école à ses enfants
Difficile, en vue de la saison prochaine, d’être à la fois papa et footballeur. Tiraillé entre l’idée de ne pas faire rater l’école à ses enfants et celle de manquer le moins possible les premières séances d’entraînement, Bertrand Vandervost a tranché : il s’envolera pour ses vacances dès le jeudi 6 juillet. «Les enfants vont juste rater le dernier jour d’école. On ne peut pas se permettre de partir plus tôt car l’école est obligatoire vu que ma fille est en quatrième primaire. On part le plus tôt possible. Mais c’est déjà tard…»
Car oui, l’ex-capitaine de Fize ratera donc le début de la préparation dans son nouveau club thisnois. «Le timing est vraiment serré. Il ne faut pas oublier que nous ne sommes que des amateurs, souffle le meneur de jeu. Je ne sais pas si les dirigeants ont réfléchi à tout ça car il risque d’y avoir beaucoup d’absents pour la reprise. Et une préparation détermine une grosse partie de la saison. Louper cette partie, ce n’est jamais bon. Et puis, il risque d’y avoir un déséquilibre entre les joueurs. Franchement, j’espère qu’il y a moyen de modifier quelque peu le calendrier. S’il y a beaucoup de retours, je ne pense pas qu’ils peuvent laisser ça comme ça.» Nul doute qu’il y a dû y en avoir. Mais seront-ils entendus?
«Notre sport populaire est en train de mourir à cause de décisions impopulaires»
Même s’il ne sera plus concerné par celui-ci, vu qu’il occupera le poste de T2 de Rochefort, Philippe Caserini restera bien évidemment un observateur attentif du football liégeois. Et, comme d’autres, il a bondi à la lecture du calendrier de la saison 2023-2024. «Le premier jour de congé, après la fin de l’année scolaire, est le samedi 8 juillet. Soit à cinq semaines de la reprise du championnat et sept du retour à l’école. Il faut donc arranger ses congés avec son patron, ses enfants, son épouse, si elle n’est pas dans l’enseignement. Et je ne parle même pas des parents séparés ou même de ceux qui ont des enfants avec un rythme scolaire différent. Sans oublier les éventuels repêchages. Franchement, c’est une catastrophe», tance l’actuel coach de Ferrières.
Ce qu’il regrette, c’est de ne pas avoir plus d’explications que cela du comité provincial. «Je ne veux accuser personne, mais simplement essayer de comprendre, souligne-t-il. Pourquoi, dans la province du Luxembourg, le championnat reprend deux semaines plus tard alors que les hivers sont plus rudes et les remises plus nombreuses? Franchement, nous sommes perdants sur toute la ligne. Que ce soit au niveau familial ou sportif. Qui va venir dans les buvettes voir les matchs le 13 août? On est en train de tuer le foot provincial.»
D’autant plus que la période de repos entre la fin de cette saison et le début de la suivante sera, pour certains, plus courte que jamais. «Si on bat Momalle, on terminera le 25 mai avec un match en soirée… après une journée de boulot, peste Philippe Caserini. Notre sport populaire est en train de mourir à cause de décisions impopulaires. Tout devient vraiment trop aseptisé. Celui qui a la malchance d’avoir son épouse dans l’enseignement et sa fille en secondaire, comme moi, est bloqué pendant toute l’année. Et si le patron n’est pas compréhensif, tu es coincé. Tout ça pour du foot amateur…» Un triste constat que Philippe Caserini n’est pas le seul à faire.
Bauduin saura s’adapter
Passer de la province du Luxembourg à celle de Liège, c’est aussi faire l’impasse sur deux semaines de repos supplémentaires. En effet, les calendriers des différentes provinces ne sont pas alignés. «C’est vrai, l’année dernière, le championnat avait repris le dernier week-end d’août», se souvient Nicolas Bauduin.
En signant à Faimes pour la saison prochaine, l’ailier va donc voir se présenter devant lui des matchs à enjeu beaucoup plus tôt. Mais pas de quoi lui faire revoir son planning de juillet. «Mon fils est encore jeune, l’école n’est donc pas obligatoire. Et, comme chaque année, mes vacances sont prévues du 1er au 15 juillet, explique-t-il. Je ne suis jamais parti en vacances durant la préparation ou même en plein pendant la saison. Oui, j’adapte mes vacances en fonction du football car j’ai la chance de prendre un peu congé quand je veux. Franchement, cela ne me dérange pas.»
Et celui qui va effectuer son retour chez les Étoilés y trouve même une certaine forme de motivation. «Je suis un compétiteur donc j’aime bien disputer des matchs de Coupe ou de championnat plutôt que des amicaux. C’est normal qu’on en fasse durant la préparation mais cela manque un peu de piment.» Comme quoi, il y a toujours moyen de s’y retrouver…