Après son accident cardiaque, le volleyeur waremmien Martin Perin tutoie le top avec Masseik: "Je suis à peu de choses près le joueur d’avant"
Fer de lance du grand Maaseik, le Waremmien de 20 ans a presque oublié son accident cardiaque d’octobre dernier. Il dispute actuellement la finale des play-off avant un été chargé.
Publié le 03-05-2023 à 21h45 - Mis à jour le 04-05-2023 à 07h23
:focal(995x933.5:1005x923.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MPX73XHCTNDFDLRQEEPYNUH3XI.jpg)
La Steengoed Arena, un soir de finale de play-off entre les deux plus grands géants du volley belge. Une finale qui se gagne au meilleur de trois victoires. Roulers a remporté la première joute vendredi dernier. Maaseik est déjà au pied du mur, aussi dans cette seconde manche tandis que le marquoir affiche un set partout, 22-23. C’est alors que tout le talent de Martin Perin s’exprime. Le libero de Maaseik receptionne un smash adverse et sert un de ses coéquipiers qui égalise dans la liesse générale. Cela n’empêchera pas Roulers de remporter le set et le match, mais si d’aucuns se demandaient comment se porte le fils Perin, force est de constater que tout va bien.
"Oui, ça va plutôt bien, confirme, attablé à une terrasse dans le centre de Maaseik quelques heures plus tôt, celui qui, le 1er octobre dernier, avait été victime d’un arrêt cardiaque. Je suis à peu de choses près le joueur d’avant même s’il m’arrive, parfois, d’être un peu plus fatigué. Mais les docteurs m’avaient prévenu que je risquais d’avoir un coup de mou à un moment. La saison a été longue, et, là, on est dans le money-time. Il faut être performant. Mentalement, c’est parfois un peu plus dur mais c’est normal de ne pas tout oublier du jour au lendemain. Je sais que j’ai frôlé la mort. J’ai un défibrillateur en permanence dans le corps qui me le rappelle. "
La joie est au rendez-vous cela dit. "Oui, je suis déjà content de rejouer, rappelle-t-il. Puis, j’ai vite retrouvé mon niveau d’avant. Cela a même été plus vite que prévu, sans aucune pression du club. Il attendait mon retour avec impatience d’ailleurs… "
La saison de Maaseik est à un tournant. "Cette finale face à Roulers est compliquée, avoue Martin. Voir cette équipe en finale de coupe d’Europe fait saliver, c’est clair. J’espère vivre ça un jour. La saison prochaine, on va encore connaître de belles choses avec la Ligue des champions. "
À terme, c’est, bien vite, l’étranger qui profitera du talent de Martin. "Mais pour la suite, je rêve moins qu’avant, concède-t-il. Depuis mon accident, je vis au jour le jour sans trop me projeter. Oui, je rêvais de l’Italie, mais là, ce ne sera plus possible (NDLR: la loi italienne interdit l’accès à son championnat aux joueurs portant un défibrillateur). Je me vois bien un jour rejoindre la France qui a un championnat fort homogène. "
Mais avant ça, il y a cet été l’Euro, la Golden League et les qualifications pour les J.O. avec l’équipe nationale. Roulez jeunesse…
Sous les yeux parentaux
l faut voir les parents Perin en match quand Martin joue. Il y a bien sûr Gwendoline. Vareuse flanquée du numéro 11 et floquée du patronyme familial, la maman est dans son match. «Perin, Perin!» crie-t-elle sans cesse, gesticulant de la première à la dernière minute et tapotant, avec des claps claps, dans ses mains. «Oui, je suis stressée, avoue-t-il. Toujours. Que le match soit important ou pas. Et, ici, c’est quand même un titre de champion qui se joue…»
Vincent, le papa, est plus calme, du moins en apparence. Mais intérieurement, il bout lui aussi, s’offrant l’une ou l’autre remarque. «En ratant ça, tu ne peux pas gagner un match pareil», commente papa Perin lors d’un service raté de Masseik. Mais la déception est vite passée. «Oui parce qu’il y a encore pas mal de beaux rendez-vous qui arrivent, se réjouit Vincent. Notamment le prochain championnat d’Europe. On va vivre dans de grands moments avec lui et son frère. On est si fier d’eux. Ce que fait Martin après son accident en plus est fou. Mais on est là et on ne va pas le lâcher…» Une belle histoire de famille comme le sport en régale.
Wout Wijsmans : «Il sera un des meilleurs du monde»
«Parlez-lui un peu. Il en vaut vraiment la peine.» Dans l’ombre d’un champion, il y a toujours des protagonistes qui bossent à son succès. Pour Martin Perin, il s’agit sans nul doute de Wout Wijsmans, un manager qui monte dans le volley professionnel, comme le laisse à penser la demande du paternel Vincent. Ce Malinois de 45 ans a d’abord été un superbe joueur pro qui a essaimé 20 ans à l’étranger. Formé à Zonhoven et Maaseik, ce géant de 201 cm, qui était un joueur offensif, a passé la majeure partie de sa carrière en Italie, au sein de l’élite européenne. S’offrant au passage une Ligue des Champions et un titre de meilleur joueur européen. Excusez du peu.
Depuis quelque temps, il est passé de l’autre côté, conseillant 41 joueurs, essentiellement des jeunes belges. «Mon objectif n’est pas de me faire de l’argent, assure-t-il. Je veux vraiment être là pour mes gars et leur donner les filons pour avoir la plus belle carrière possible. Martin est déjà bien entouré par sa famille mais pour atteindre le sommet, il devra éviter certains pièges. Son potentiel? Il est énorme. Il sera tôt ou tard un des meilleurs joueurs du monde à son poste de libero. Là, oui, on a déjà des propositions pour aller voir ailleurs, mais je lui déconseille de partir, surtout vu les derniers événements liés à sa santé. On a le temps pour bien faire les choses… Et on va les fair correctement tous les deux…»