Handball: une remise en question nécessaire à Amay
Présent en D2 depuis 2018, le HC Amay la quitte par la petite porte. En ayant épuisé cinq coachs en autant d’années, il y a matière à réflexion.
- Publié le 17-04-2023 à 20h04
- Mis à jour le 17-04-2023 à 20h10
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Tout Amay se souvient, en 2018 avec cette victoire sur le fil (21-20) contre Kraainem, de l’énorme fête du sacre de la montée en Division 2. C’était comme coach que Bernard Destexhe avait savouré ce moment. Depuis, cinq années se sont écoulées. Devenu président, l’homme a dû faire face à deux années de Covid et son lot de départs comme Alex Grevesse ou Romain Destexhe, deux cadres incontournables. Et bien d’autres par la suite.
Pourtant, de cette équipe championne, sept joueurs mosans sont toujours là, entourés depuis deux ans de joueurs expérimentés venus d’ailleurs. Un groupe qui se devait d’être en play-off voire plus.
Pour parvenir à atteindre le Graal de la Division 1, l’homme fort n’a pas hésité à faire appel à des coachs de renom. La saison passée, les Mosans se sont sauvés lors de la dernière journée, ils ont échoué ici. Comme souvent, la cause de cet échec ira instinctivement vers le coach du moment. Soit. Mais en trois ans, cinq entraîneurs se sont succédé dont certains avec un palmarès important. De Delic, à Jamotte en passant par Pierre puis Herbillon et aujourd’hui Roef, on devrait même y ajouter Vladescu. Tous ont fait le même constat: ce sont des braves gars, mais pour certains, le handball ne sera jamais leur priorité. Ils aiment ce sport mais pas à en donner la priorité sur le reste.
Pour preuve alors qu’Amay jouait son maintien à Pelt, Roef n’a pu compter que sur six joueurs à l’entraînement du mardi. Et ce dimanche, un joueur n’a pas pris la peine de se déplacer, sans évidemment prévenir qui que ce soit.
"C’est une situation que je n’ai jamais connue. Tu sais que tu joues ta survie en D2 mais ce n’est pas ta priorité. On vit dans une société où chacun fixe ses besoins et le handball est secondaire. Mais quand tu t’engages dans un groupe, il y a au minimum ce respect pour le groupe et pour tous ceux qui s’investissent. Et en plus, certains n’ont pas le talent pour se passer des entraînements, des conseils qu’on donne. Croire que paraître suffit ? Non pas dans ce groupe, ni ailleurs. Il n’y a pas d’implication. J’ai de l’expérience en D1, j’ai eu des joueurs avec moins de talent mais la mentalité était autre, ils venaient pour apprendre, s’améliorer et accepter qu’on n’est pas si fort qu’on ne croit que le demande la division", confie Werner Roef.
Ce constat, Thierry Herbillon l’avait fait dès le début de cette saison avant de jeter l’éponge, fatigué moralement et physiquement à prêcher dans le désert. Bastien Pierre, joueur mosan lors du dernier sacre et ex-coach ne peut que confirmer. "On ne peut mettre tout le monde dans le même panier mais c’est un fait, il fallait s’attendre au pire vu le manque d’implication, de volonté de changer et de remise en question. Je l’ai vécu comme joueur et malheureusement comme coach."
Repartir sur une feuille blanche
Extrêmement touché par cette descente, le président Bernard Destexhe assume totalement sa part de responsabilité. Lui qui avait promis la montée dans les deux ans se retrouve aujourd'hui en régionale, en division 1 LFH. "C'est clairement un échec personnel car je croyais vraiment en cette équipe qui avec Thierry Herbillon devait réussir une belle saison. Même si on s'est retrouvé en play-down et malgré l'arrêt du coach, je restais convaincu que nous allions nous en sortir avec Werner (Roef). Mais je ne peux que constater l'échec."
Sans fuir ses responsabilités, le président n'hésite plus à pointer du doigts ses joueurs plus que les coachs successifs.
"On a eu un début de saison compliqué avec les blessés mais au-delà de cela, certains comportements m'ont plus qu'énervé. On a tenté la méthode douce car on avait besoins des valides mais le mal est plus profond que ce simple constat. Certains n'ont ni le niveau ni la mentalité pour jouer dans cette division nationale. Est-ce normal que des pointures comme Herbillon, Delic et Roef ont la même analyse ? Ces joueurs ont-ils une fois analysé leur comportement ? J'ai eu un petit noyau qui a toujours respecté son engagement et je les remercie. Dès demain (aujourd'hui), nous allons rencontrer tout le monde et prendre de suite des décisions fermes. Quitte à repartir sur une page blanche."
Et le président de conclure qu'à certains moments, il s'est senti un peu seul dans la gestion du club et que là aussi, il y a du boulot. "Le comité s'est finalement résumé à Didier Jamotte et Laurent Duchêne, soupire un président face à un nouveau chantier.
Des joueurs conscients d'avoir foiré
Scène un peu surréaliste à Pelt. Alors que la descente était actée, on aurait pu croire que la déception allait être immense et que les joueurs allaient rapidement s'en aller. Comme à leur habitude, on était plus proche de la fermeture du bar lorsqu'un joueur, un taulier sacré champion en 2018, n'a pas hésité à s'inviter à la table du président, du vice-président et du coach pour s'excuser et donner des pistes.
"C'est vrai que j'ai fais une mauvaise saison pour diverses raisons et que je n'ai pas toujours fait ce qu'il fallait mais "en tant qu'ancien", insiste-t-il, il faut retrouver ce qui fait la force d'Amay: l'esprit de groupe. Je pense qu'il ne faut pas avoir peur de changer tout en LFH. Il faut repartir à zéro et ne pas avoir peur de ne pas garder ceux qui n'en veulent pas, et je me mets dedans aussi."
Des propos nets et clairs qui faisaient totalement écho à ceux exprimés peu avant par le capitaine Tilman. "Pas à pas la saison devenait décevante. A des moments on ne ressemblait plus à une équipe. Des gens qui ne viennent pas sans donner d'excuse, quand ça a commencé avec l'autre coach (ndlr: le message passait difficilement), on a essaié des trucs pour s'en sortir. Il n'y a pas de changements de leurs parts. C'est triste.On avait trois occasions pour se sauver et dans des moments de stress on voit qu'il n'y a pas le niveau de la D2. On peut rater des trucs quand on essaie mais là, non. On est responsable de la descente. Il faut que tout le monde se regarde dans une glace avant de chercher l'erreur ailleurs."