Arnaud, victime d’un arrêt cardiaque sur un terrain de football : « Les clubs doivent se former aux premiers secours »
Victime d’un arrêt cardiaque le 8 janvier 2023 lors d’un match amical à Wasseiges, Arnaud De Benedictis (30 ans) va mieux et récupère tout doucement. Interview.
Publié le 01-02-2023 à 22h28 - Mis à jour le 01-02-2023 à 22h37
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"Je ne me souviens de rien." Le dimanche 8 janvier dernier, Arnaud De Benedictis s’écroulait devant ses coéquipiers lors d’un banal match amical opposant Wasseiges B à Limont B en quatrième provinciale. Inanimé pendant plusieurs minutes, le joueur âgé de 30 ans est sauvé par deux de ses adversaires – Ulysse Carbonneau et Guillaume Vanvinckenroye – qui lui prodiguent les premiers secours à l’aide d’un défibrillateur. Un peu plus de trois semaines après ces événements, le Wasseigeois de 30 ans a donné de ses nouvelles.
Arnaud, la première question coule de source. Comment allez-vous?
Je vais mieux et ne ressens plus aucune douleur. Même si la fatigue est toujours bien présente et que je ne sais pas me lever avant 10h du matin, je suis conscient que je reviens de loin. Malgré tout, les journées passent vite car j’essaye de m’occuper un maximum.
Depuis, vous vivez avec un défibrillateur implanté sous la peau.
Pour être honnête, c’est un peu gênant mais il paraît qu’on s’y habitue (sourire). J’ai rendez-vous dans 15 jours avec le cardiologue pour faire le point. Je me suis rendu à l’évidence : je pense que je devrai vivre toute ma vie avec ce boîtier, pas plus épais qu’un Iphone.
Revenons au 8 janvier, que s’est-il réellement passé?
Personnellement, je n’ai aucun souvenir. L’épisode a été plus impressionnant pour les gens qui étaient autour de moi que pour moi. Mes premiers souvenirs ont été aux soins intensifs, lorsque j’ai repris mes esprits. Quand je me suis réveillé, ma mémoire à court terme a déconné (sic) pendant 5,6 jours. Je répétais sans cesse la même chose, ce qui a fait rire ma copine. Heureusement, j’ai récupéré toutes mes facultés mentales. C’est le plus important.
Vous n’aviez pourtant aucun antécédent…
En effet, je me sentais d’ailleurs très bien le jour même. J’ai réalisé une batterie d’examens qui n’ont rien décelé. J’ai en réalité souffert d’une fibrillation du cœur. C’est-à-dire que mon cœur s’est emballé jusqu’à 300 pulsations. La raison? Personne ne la connait. Selon les médecins, la seule chose qui pourrait expliquer mon accident c’est une gastro que j’ai contractée la semaine avant. Je pense surtout que c’est un concours de circonstances.
Avez-vous gardé contact avec vos sauveurs que sont Ulysse Carbonneau, Guillaume Vanvinckenroye et Vincent Collard?
Bien sûr. Je ne pourrai jamais autant les remercier. Dès ma sortie de l’hôpital, j’ai voulu rencontrer Ulysse et Guillaume. Ils m’ont tout expliqué. Sans eux, je ne serai sans doute plus là. Ils ont réagi directement et m’ont permis de ne pas avoir de séquelles. J’ai échangé plusieurs messages avec Vincent mais dès que je le croiserai au club, j’irai le remercier.
Justement, qu’en est-il du football?
En début d’année, j’avais expliqué que cette saison allait être la dernière. En mai prochain, je vais être papa pour la première fois d’une petite fille et j’avais indiqué vouloir passer davantage de temps avec famille. Les récents événements n’ont fait que renforcer mon choix. Actuellement, je ne suis vraiment pas chaud à l’idée de remonter sur un terrain. Le football, c’est terminé pour moi.
Vos soucis de santé ont suscité une vague de soutien.
J’ai reçu 500 messages, c’était la folie. Encore aujourd’hui, quand je sors de chez moi, j’ai l’impression d’être Eriksen (NDLR : Christian Eriksen, le joueur de foot danois, victime d’un arrêt cardiaque lors de l’Euro 2021.) Dans un premier temps, je veux remercier le corps médical. J’ai été pris en charge de façon extraordinaire. Heureusement, j’ai pu compter sur ma famille et des amis en or. Je tiens à remercier tout le monde.
Si Arnaud doit la vie sauve à l’excellente réaction de plusieurs joueurs limontois, il veut également mettre en lumière les défibrillateurs. «Même si ce genre d’incident est rare, cela va encore arriver. Il est indispensable pour les clubs de football de disposer d’un tel outil. J’espère également que les clubs prendront conscience qu’une formation pour les premiers secours est indispensable. Cela permet de sauver des vies, j’en suis la preuve. Avant mon accident, je ne m’en rendais pas tellement compte. Je suis gestionnaire de chantier et je ne suis pas capable de réagir s’il se passe un tel accident. Dès que je serai apte, j’irai me former parce que c’est très important», explique Arnaud De Benedictis.