Rallye-raid: vainqueur du Dakar, le Hutois Jean-Marc Fortin dresse le bilan exceptionnel d'Overdrive
Vainqueur du Dakar avec Overdrive, Jean-Marc Fortin revient sur les émotions et les satisfactions procurées par cette épreuve.
Publié le 20-01-2023 à 09h05 - Mis à jour le 20-01-2023 à 09h08
:focal(545x354.5:555x344.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OIYBDNCDPZHMZHVGCD66ND434E.jpg)
Il y a des équipes pour qui la réussite semble leur coller aux basques. En remportant le Dakar 2023 il y a six jours en Arabie saoudite avec Nasser Al-Attiyah (Toyota Hilux), Overdrive Racing fait partie de celles-là ! Le team de Villers-le-Bouillet a décroché un troisième succès dans cette épreuve après une année 2022 déjà remplie de titres: victoire au Dakar, champion du monde de rallye-raid, vainqueur de la coupe du monde de Bajas et sacré Team of the Year lors des RACB Awards.
Pour son team manager, ce nouvel exploit dans l’épreuve phare du rallye-raid international reste un moment particulier. Sur le podium d’arrivée, Jean-Marc Fortin trouvait difficilement les mots pour décrire ce qu’il ressentait. Avec un peu de recul, le Hutois s’est confié sur son ressenti.
Jean-Marc, réalisez-vous enfin avoir remporté un troisième Dakar, le deuxième consécutif ?
On le réalise un peu plus grâce aux centaines de messages reçus cette semaine pour nous féliciter. Je viens de passer deux jours à Huy et les personnes que je croise sont toutes enthousiastes. On sent que la victoire réjouit beaucoup de monde dans la région. Ramener un trophée comme celui-là procure toujours beaucoup de plaisir car le Dakar reste un événement mondialement connu et suivi.
Quelle a été la clé du succès durant cette épreuve ?
Sans hésiter, la fiabilité. La voiture d’Al-Attiyah n’a pas connu le moindre problème mécanique en 14 spéciales et 4 706 kilomètres chronométrés. Un sacré atout ! Sur un Dakar, une course sans ennui technique, sans grosse faute de navigation et un bon pilotage, c’est déjà un Top 10 pratiquement assuré. Avec Nasser, on visait évidemment la victoire.
La stratégie a aussi été importante.
Surtout la première semaine. Les conditions climatiques changeaient énormément et cela se ressentait sur le parcours. Nous avons opté pour une course d’attente face à des Audi et des pilotes Prodrive partis le couteau entre les dents dès le Prologue. C’était un bon choix. Dans la spéciale 3, nous avons évité les crevaisons sur un tracé jonché de pierres coupantes sur les 150 premiers kilomètres. Résultat: nous nous en sommes sortis avec plus de 20 minutes d’avance sur notre premier adversaire direct. La deuxième semaine ne s’annonçait pas si simple avec beaucoup de franchissements dans les dunes de l’Empty Quarter, mais nous avions plus d’1h50 d’avance. Il fallait gérer, ce que les pilotes et le team ont réussi à faire.
L’exploit du Qatari Al-Attyah est une grande satisfaction. La troisième place de Lucas Moraes doit l’être aussi étant donné que vous l’avez convaincu de disputer son premier Dakar, non ?
Cela me fait extrêmement plaisir. Le rôle d’un team manager est de découvrir de nouveaux talents et de les placer dans des contextes idéaux. Le fait qu’il décroche un podium pour un premier Dakar à 32 ans est tout simplement exceptionnel. Il est aussi devenu le premier rookie à monter sur le podium depuis Juha Kankkunen en 1988. Je suis très content d’avoir monté ce programme en quatre mois et très heureux de lui avoir conseillé Timo Gottschalk comme copilote. L’alchimie a été excellente.
Quand on prend le classement, cinq Toyota Overdrive figurent dans le Top 7 avec Giniel De Villiers 4e, Henk Lategan 5e et Juan Cruz Yacopini 7e. Vous y croyez ?
Jamais nous n’aurions imaginé un résultat pareil ! Certes, les Audi ont connu de nombreux faits de course et Prodvrive n’a pas été à la fête en début d’épreuve, mais cela récompense le sérieux et la force de notre équipe. Il y a une vraie homogénéité, une bonne ambiance, des mécaniciens d’expérience… Tous les membres savent ce qu’ils ont à faire sur le bivouac et personne n’a dit un mot plus haut que l’autre pendant les trois semaines de compétition. C’est peut-être pour ces raisons que Toyota a été plus fort.
Avez-vous une déception ?
On a laissé deux voitures sur le bord de la route pour des problèmes techniques: celles d’Erik Van Loon et de Lionel Baud. Dommage de ne pas avoir pu rallier l’arrivée avec nos 11 voitures inscrites au départ.
Erik Van Loon a donc abandonné, ce qui devrait être son dernier Dakar. Il aura toutefois l’occasion de faire oublier cette déception par la suite puisque le Néerlandais fait partie des pilotes permanents Overdrive pour le championnat du monde de rallye-raid.
Il sera en effet engagé aux côtés de Nasser Al-Attiyah, Yazeed Al Rajhi et Juan Cruz Yacopini dans cette compétition, dont la deuxième des cinq manches est prévue le 26 février à Abu Dhabi. On devrait avoir une moyenne de six voitures par rallye. Pour Overdrive Racing, la saison 2023 s’annonce encore bien chargée: nous disputerons également les huit épreuves de la coupe du monde de Bajas avec un coup d’envoi programmé début février en Arabie saoudite. L’équipe n’a donc pas le temps de beaucoup souffler, d’autant que le carnet de commandes pour la vente des Toyota Hilux est plein jusqu’en 2024…