Yannick Pauletti: « Oui, je pense encore au foot professionnel »
Le T1 de la décennie 2010-2020 à Huy-Waremme sort du silence.
Publié le 08-12-2022 à 12h52 - Mis à jour le 08-12-2022 à 12h53
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Lundi 31 octobre 2022. La sentence tombe comme un couperet: le Braivois Yannick Pauletti n’est plus le coach de Rochefort en D3 ACFF. Une surprise ? Pas vraiment car on sentait depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois que la tête du coach de la décennie 2010-2020 à Huy-Waremme ne tenait plus qu’à un fil. Après quelques semaines de silence, histoire que la pilule passe, l’ex-T1 de Stockay sort du silence. Sans langue de bois et sans acide à destination de son ex-employeur. Brûler ce qu’on a a adoré n’est pas le genre de la maison.
Yannick Pauletti, la vie sans foot s’organise comment désormais ?
C’est spécial. Je dois dire que ma famille n’a pas l’habitude. Je suis un peu comme un intrus. Je fais simplement autre chose de ma vie. Je peux enfin aller au padel le mardi et je vois beaucoup plus mes amis et la famille. Cela fait du bien sur le plan mental après des semaines compliquées. Je vais aussi voir des matchs à l’occcasion comme Hannut-Malmedy dernièrement car c’est à 10 minutes de chez moi.
Cela vous manque quand même le foot ?
Évidemment. Vous le savez: je mange et bois football 24/24h. Ce qui me manque le plus, c’est le terrain même si rester chez moi au chaud, moi qui suis un grand frileux, n’est pas pour me déplaire (rires). Mais l’ambiance d’un vestiaire et la préparation d’un match, oui, ça me manque fort.
Avez-vous été surpris quand Rochefort a mis un terme à votre contrat le 31 octobre dernier ?
Non, pas vraiment, je dois être honnête avec vous. Dès la fin de saison passée, on a bien senti, Eric et moi, que c’était tendu. La direction a pris ses décisions et, avec le recul, j’aurais dû faire pareil en fait.
Que voulez-vous dire par là ?
J’ai parfois fait trop confiance à certains joueurs. On me décrit souvent comme froid et sans cœur. Mais c’est tout le contraire en réalité. J’ai toujours été là pour eux, en dialoguant un maximum. J’aurais peut-être dû plus leur rentrer dedans si vous me permettez l’expression. Je n’ai pas toujours eu le retour que j’escomptais en échange.
Vous pensez que c’est ça qui explique cet échec ?
Pour une bonne part, oui. Surtout quand je vois que maintenant, quand le directeur technique qui a repris le poste, met la pression à ces mêmes joueurs et que ça marche, je me dis que j’aurais dû leur dire, comme lui: ‘soit c’est comme ça, soit vous volez dehors.’ Mes ex-joueurs fonctionnent manifestement mieux avec une épée de Damocles au-dessus de leurs têtes. Je ne l’oublierai pas pour la suite. Il y a des choses que j’ai pardonnées et que je ne pardonnerai plus. Mais comment imposer une certaine forme d’intransigeance quand le club revendique son statut d’amateur ? C’est compliqué. Par ailleurs, je n’ai jamais été le genre de gars à me plaindre des blessés, etc. Ce que d’autres n’hésitent pas à faire mais on en a connu un paquet aussi à Rochefort. Cela explique en partie la situation. Mais comme toujours des cas cas-là en football, c’est le coach qui est sacrifié, pas les joueurs. Et vous le savez comme moi, quand vous êtes viré, vous n’existez plus vraiment pour votre ex-groupe…
Depuis votre départ, Rochefort reste sur un 15/15. D’aucuns vont, du coup, penser que le problème se nommait Pauletti, non ?
Et vous savez quoi ? S’ils le pensent, ils ont raison car en foot, il n’y a que les résultats qui comptent. Si une autre philosophie que la mienne fonctione mieux avec ce groupe-là, tant mieux pour Rochefort. C’est clair que ce n’est pas le même contexte que ce que j’ai connu à Stockay où j’étais plus en contact direct avec la direction. Mon message aux joueurs à Rochefort n’a pas toujours été bien transmis et cela a créé des doutes dans l’esprit de certains. Ce n’est évidemment pas l’idéal (NDLR : juste après le départ de Pauletti, Rochefort a fait savoir dans la presse que monter n’était plus indispensable).
Au départ, vous rêviez d’un contrat professionnel un jour via Rochefort que vous voyiez comme un tremplin. Vous y pensez encore ?
Évidemment ! Je reste plus ambitieux que jamais. C’est ça, d’ailleurs, qui m’a fait quitter Stockay où on allait signer un parcours à la Warnant, je pense, en D2 ACFF. Je veux un jour être professionnel mais pas n’importe où n’importe comment.
Votre modèle, c’est Felice Mazzu. Mais y a-t-il encore de la place pour un gars d’en bas dans le foot d’en haut ?
C’est rare, mais oui. Regardez ce qui se passe avec Jean-Sébastien Legros à Seraing. Il a reçu sa chance et la saisit à fond.
Vous êtiez le coach qui monte ces dernières années et, là, tout s’est arrêté brutalement. Le monde du foot est cruel, non ?
Il est spécial, particulier, prenant et passionnant. Mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime. Je me souviens d’une phrase de mon T2 et ami Éric Thirion il y a quelques années. Il me disait: ‘ en foot, il faut profiter des bons moments car ils sont rares et bien moins nombreux que les mauvais.’ Il avait raison… "
Waremme, Stockay, Hannut, Faimes et d’autres sans doute: où en sont vos contacts ?
Là, c’est un peu au point mort. Je n’ai aucune nouvelle de ces clubs-là en tout cas..Je ne suis pas du genre à postuler mais les gens savent dans la région que je suis à la recherche d’un nouveau challenge qui puisse s’inscrire dans la durée où je peux bosser sereinement en faisant sortir des jeunes. L’étranger n’est pas exclu non plus. Et si je n’ai plus rien pendant 10 ans, tant pis, je ferais autre chose. C’est la vie…