Affaire Broeders à Remicourt: "Oui, ce serait possible que ce soit moi, mais je ne m’en souviens pas, alors", dit l’accusé
Julien Broeders n’a avoué ni le meurtre de Didier Bada ni le viol et la tentative d’assassinat sur Georgette Dethier. Mais il accepte, du bout des lèvres, que ça puisse être lui…
- Publié le 18-09-2023 à 16h09
- Mis à jour le 18-09-2023 à 16h36
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"Est-ce que ce serait possible que vous ayez commis les faits et que vous ne vous en souveniez pas, comme vous aviez pris de l’alcool, du cannabis et de la cocaïne ?", demande le président Gorlé à l’accusé après plus d’une heure d’interrogatoire (et de dénégations). "Oui, ce serait possible mais je ne m’en souviens pas, alors", finit par lâcher Julien Broeders.
L’avocat-général Pascale Schils l’interpelle alors sur le fait qu’il a dit à un moment de l’enquête être "un raté". "Vous auriez peur que votre maman vous rejette si vous êtes condamné ?", "Oui", répond-il. Elle le pousse dans ses retranchements, en triturant à nouveau son emploi du temps "à trous", en évoquant des traces de ses pas ensanglantés dans le garage de sa mère révélées au BlueStar, en lui rappelant qu’il dit ne se souvenir de rien de cette soirée, mais se rappelle très bien être tombé en scooter par exemple. Un événement sur lequel Me Wilmotte, l’avocat de l’octogénaire remicourtoise, insiste aussi. "Si c’est moi qui l’ai fait, je dois en payer les pots cassés. Je mérite d’aller en prison."
Au tour ensuite de Me Croisier, l’avocat des fils Bada. "Que pensez-vous des faits ?" "C’est cruel." "Vous avez vu les photos, de la chambre, de madame et de Didier Bada: que pensez-vous de la personne qui a fait ça ?" "C’est pas bien." "C’est dur pour tout le monde, mais il y a ici des gens qui ont perdu leur père, leur fils. Vous ne pensez pas que ce serait le bon moment pour expliquer les choses ?" "Je ne me souviens pas", continue Julien Broeders.
Un tas d’éléments à charge qu’il n’explique pas
Malgré un interrogatoire de plus d’une heure, Julien Broeders, peu prolixe, parfois agacé voire même un peu désagréable dans sa façon de répondre aux questions, n’a donc pas vraiment varié de sa ligne de défense.
Avec le président, Philippe Gorlé, il a retracé le fil de cette journée du 2 novembre 2021. On a ainsi appris que l’accusé avait acheté de la bière et des cigarettes pendant la journée et qu’il avait aussi commandé de la cocaïne qui lui a été livrée chez son ami, à Momalle. Plus tard dans la journée, il a aussi mangé et bu 2-3 bières au foodtruck stationné devant chez son ami avant de quitter les lieux. "Puis on a deux heures pour un trajet de 2-3 kilomètres et même si vous vous êtes arrêté pour consulter des sites porno (comme l’a montré l’analyse de son téléphone, NDLR), on a toujours un trou. Qu’avez-vous fait pendant ce temps-là ?", lui demande le président. "Je ne sais pas." "On a aussi des éléments, dont l’appel de madame à 22 h 31 au service de télévigilance, et des images de caméra qui montrent monsieur Bada venir à son secours. À 23 h 10, un voisin croise un homme dans la rue, qui semble se cacher (dans son sweat à capuche, NDLR) et qui ne répond pas à son bonjour. Les faits se situent dans la période où vous n’avez pas d’explication sur ce que vous avez fait, on est d’accord ?" "Oui", admet timidement l’accusé. Qui répète néanmoins que, non, il n’est pas allé chez Georgette ce soir-là. Et malgré les détails précis qu’elle donnera ensuite aux enquêteurs et qui, selon elle, désignent l’accusé.
Les traces de l’ADN de Georgette sur ses vêtements à lui, il ne sait pas les expliquer. Les traces de pas ensanglantés dans la maison de Georgette et sur le corps de Didier Bada, il ne sait pas les expliquer. Sa blessure ensanglantée au front quand il rentre chez sa mère ne peut pas résulter d’une chute avec son scooter. Les traces de "coups" sur tout son corps que le légiste constatera, il ne sait pas les expliquer non plus.