Intime portrait de femmes au lavoir au centre culturel de Remicourt
Spectacle choral "Le Lavoir" lorgne du côté d’une parole féministe intense. Il était joué ce week-end par l’atelier théâtre de Remicourt.
- Publié le 05-06-2023 à 10h27
- Mis à jour le 05-06-2023 à 10h31
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Ce cri de révolte qui un jour entra dans leur chair, jamais ne disparut. Il en reste les stigmates sous forme d’une parole intense qui rejaillit du fond des siècles. Car les femmes, toujours, chercheront à faire valoir leurs droits.
"Le Lavoir", joué ce week-end au centre culturel de Remicourt par son atelier théâtre, lorgne de ce côté-là. Rien n’est pourtant dit clairement. Il faut, pour en saisir toute son ampleur, savoir lire sous la couche fragile des mots. Là où l’intime côtoie l’universel.
Créé en 1986 par Dominique Durvin et Hélène Prévost, la pièce reste ancrée dans une réalité qui touche encore aux droits des femmes et à leurs revendications légitimes, dont le droit à l’avortement et le droit de vote. Mais pas que. Y sont aussi traités la lutte des classes, la question juive, le temps qui passe et qui nous fait devenir vieux.
Nous sommes en 1914, à l’aube d’une guerre qui sacrifiera une génération entière d’hommes partis au combat. Pendant ce temps, leurs mères, leurs épouses, leurs sœurs et amies causent de la vie qui va, la vie qui vient.
Elles sont onze. Onze lavandières rassemblées par le dur labeur de la lessive. Cette proximité ritualisée, cette souffrance, appellent à la confidence. Car en même temps qu’elles lavent, frottent, sèchent puis repassent, leur parole révèle des portraits sensibles de femmes simples mais authentiques. Ici, les générations se croisent autant que les difficultés liées à leur condition de vie difficile.
Éblouissantes, marquées par la vie, rêveuses, naïves, désabusées ou même audacieuses et rebelles, ces femmes restent pourtant touchantes parce que pétries d’humanité. Ici, le drame côtoie la poésie tandis que sont racontées des histoires belles qui franchissent toutes les marges. Il y a donc matière à réflexion dans ce texte qui, s’il replonge dans le début du siècle précédent, reste d’actualité avec ce combat qu’ont encore à mener les femmes d’ici ou d’ailleurs.
Fidèle au texte original, la pièce ici rend donc compte d’une autre époque, d’une autre situation géographique mais avec quelques clins d’œil jetés du côté d’expressions bien de chez nous. C’est là le parti pris de la metteuse en scène, Christelle Garcia Moya, qui, en plus de restituer ces paroles vraies, redessine dans tous ses détails une image en relief de ce vécu par où sont passées nos aïeules.