Solaÿman Laqdim, le nouveau défenseur des droits de l’enfant est Remicourtois
Après des mois de suspense, le Remicourtois Solaÿman Laqdim vient d’être désigné délégué général aux droits de l’enfant (DGDE). Mais qui est l’homme derrière le nouveau visage du " défenseur " des enfants ? Rencontre.
Publié le 25-01-2023 à 09h18 - Mis à jour le 25-01-2023 à 09h19
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Simple, accessible, authentique et transparent, Solaÿman Laqdim endossera bientôt ses nouvelles fonctions de délégué général aux droits de l’enfant (DGDE). Un costume taillé sur mesure pour ce Remicourtois qui a toujours rêvé d’aider les enfants. Tous les enfants. À 43 ans, il remplacera Bernard De Vos, le 1er février prochain, pour les six prochaines années.
Vous êtes originaire de Bruxelles. Pourquoi avez-vous choisi de vous expatrier à Remicourt ? Depuis combien de temps vivez-vous en Hesbaye ?
J’habite à Pousset depuis 2005. Au départ, c’était par choix stratégique. Je travaillais à Bruxelles et mon épouse également donc on souhaitait être proches de grands axes mais tout en étant à la campagne. On s’est vite rendu compte que l’herbe était parfois véritablement plus verte ailleurs (rires)! Aujourd’hui, je suis profondément attaché à ma région. Je suis un Hesbignon d’adoption et j’ai été très bien accueilli. Je prends plaisir à aller courir dans le bois de Bettincourt ou à me promener du côté de la Burdinale. Je pratique aussi du crossfit à Waremme dans le club Reïkan. Cette discipline sportive me permet de me défouler quand je dois évacuer mon stress !
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai commencé comme éducateur dans un service résidentiel à Bruxelles. Je m’occupais de la scolarité d’enfants qui avaient subi des situations de maltraitance. J’ai également travaillé ensuite comme éducateur de rue pour les jeunes, à Bruxelles toujours. Par la suite, j’ai migré vers le parquet de Huy et de Liège comme criminologue à la section jeunesse. J’étais alors de l’autre côté de la barrière. Je me suis familiarisé avec le monde judiciaire. Mon rôle était de faire en sorte que les droits des enfants soient respectés. Après cette expérience, je suis devenu directeur adjoint au service de protection de la jeunesse à Liège (SPJ). Je mettais en œuvre les mesures d’éloignement et les mesures de protection des enfants qui étaient en danger chez eux.
Des fonctions qui ont dû vous propulser dans une réalité bien compliquée vis-à-vis de ces jeunes. Comment faisiez-vous pour prendre du recul ?
J’ai grandi à Bruxelles dans une famille modeste. Ces tristes réalités je les vivais déjà durant mon enfance à travers des amis ou des gens que je côtoyais. Je n’ai pas été surpris d’être confronté à des situations de ce genre. J’ai toujours été animé par l’envie d’aider et de réaliser mon humanité par ce biais-là. C’était important de concilier les deux. Je suis sensible mais pas émotif. Le risque c’est parfois de prendre trop de distance par rapport aux situations et de déshumaniser les gens. Je me suis toujours promis de ne pas tomber dans ce schéma-là. Il faut pouvoir garder son altruisme et sa bienveillance. La plupart du temps, j’étais souvent content et soulagé de voir l’aide qu’on pouvait apporter à ces personnes en difficulté. C’est ce qui m’a animé, depuis toujours.
Vous avez ensuite travaillé dans le cabinet de Rachid Madrane, l’ancien ministre de la Jeunesse du Parti socialiste. Un passé qui a ressurgi au moment de votre désignation au poste de DGDE. Regrettez-vous ?
Non, absolument pas. C’était un passage important pour moi car j’y suis arrivé dans un contexte clé. Une nouvelle réforme pour le secteur voyait le jour et elle a d’ailleurs été saluée par les Nations unies car elles considéraient que cette législation était progressiste. On m’a malheureusement réduit à cette étiquette-là alors que je n’ai jamais été mandataire politique. J’étais payé par l’administration et non par un parti.
Directeur du service de la prévention pour l’arrondissement judiciaire de Liège/Huy/Verviers, vous endosserez donc vos nouvelles responsabilités ce 1er février. Quels seront les défis à venir ?
La colonne vertébrale de mon dossier de candidature c’est la lutte contre la précarité et la pauvreté. C’est cette variable-là qui affecte le plus les enfants en Belgique francophone. Les éléments extérieurs amplifient les inégalités. On le voit avec les crises successives que l’on traverse depuis ces dernières années. Quand j’ai commencé ma carrière, on disait qu’il y avait un enfant sur cinq qui vivait sous le seuil de pauvreté. Aujourd’hui c’est un enfant sur quatre. Les indicateurs se dégradent et je crains que l’on arrive à un sur trois.
Quel sera votre cheval de bataille ?
Le premier objectif c’est de faire en sorte que les enfants soient pleinement considérés comme des sujets de droit et que leur avis soit pris en considération. Je revendique un droit à la participation dans les différentes dispositions qui les concernent. Une autre de mes missions est d’informer et promouvoir les droits de l’enfant. Il y a un effort à faire pour être présent sur le terrain de prédilection des jeunes, à savoir le numérique. Je souhaite aussi mettre en place un dispositif systématique qui mesure l’impact d’une législation sur les droits de l’enfant. Enfin, le DGDE a aussi une mission de médiation institutionnelle. Elles sont actuellement centralisées à Bruxelles. Mais ce n’est pas représentatif. Car Bruxelles englobe seulement 25% des jeunes mais il en reste 75% sur le reste de la Wallonie. Je voudrais donc organiser des permanences décentralisées. À voir quelle sera ma marge de manœuvre.