REPORTAGE| Au Bénin avec deux agriculteurs hesbignons pour éradiquer l’insécurité alimentaire
Du 11 au 13 janvier, les Îles de Paix lancent leur campagne annuelle. Cette campagne est basée cette année sur les échanges entre les agriculteurs béninois et belges. Début novembre, Cécile Schalenbourg et Cédric Saccone, deux agriculteurs hesbignons, ont partagé le quotidien de paysans de la région de l’Atacora, dans le nord Bénin. Nous les avons accompagnés et relatons leur expérience dans cette série.
Publié le 07-01-2019 à 07h00
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Olivier Genard, vous êtes chargé de programme pour les Îles de paix. Vous êtes à l’origine des actions que mène l’ASBL dans le nord-ouest du Bénin depuis 2001. Pourquoi avoir choisi d’intervenir dans cette région-ci du Bénin?
L’Atakora est une des régions où l’insécurité alimentaire est la plus élevée. On avait aussi identifié ici des dynamiques locales prometteuses. Il y avait notamment une union des producteurs de coton qui avait délaissé les cultures nourricières.
Encouragés par l’état, ces paysans avaient massivement investi dans les cultures de coton. Quand le marché mondial était bon, cela leur a rapporté un peu d’argent mais pas de nourriture. Et quand le prix du coton s’est effondré, leurs ressources financières se sont raréfiées…
Concrètement, combien de familles bénéficient-elles des programmes lancés par les Îles de Paix?
Dans les communes de Cobly, Matéri et Boukoumbé, on touche 2 700 familles. Soit au total, environ 5 fois plus de personnes sur 266 000 habitants.
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Après avoir lancé les programmes il y a quelques années, quelle évolution avez-vous constaté?
C’était un challenge de lancer ici la culture de maïs et les pratiques d’agroécologie. C’est encourageant de voir que quasi 90% des familles ont adopté ces nouvelles techniques en délaissant petit à petit les engrais chimiques et les produits phyto au bénéfice par exemple du compostage. En ce qui concerne la vente groupée, c’est aussi très positif car 540 tonnes de maïs ont été vendues de cette façon.
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Quels sont les points améliorables?
On est engagé dans quelque chose d’intéressant en proposant aux familles de mieux planifier leurs cultures. Trop souvent, les cultivateurs plantent et sèment des variétés et des quantités sans vraiment tenir compte de leurs besoins, des rotations de culture… C’est donc intéressant de mieux planifier. Le problème, c’est que la méthodologie n’est pas vraiment adaptée. On leur demande de tenir un carnet de cultures mais souvent certains cultivateurs sont analphabètes. Ils font remplir le carnet par quelqu’un d’autre et ça ne signifie rien pour eux… Il vaudrait mieux ajuster la méthodologie aux utilisateurs et non l’inverse.
Ici dans l’Atakora, est-ce que les changements climatiques sont aussi perceptibles?
Bien entendu. Sur les sites maraîchers, l’eau doit être utilisée avec parcimonie. Au niveau du maïs, la saison des pluies est parfois entrecoupée de périodes sèches. On a aussi des pluies encore plus torrentielles… De manière générale, le climat devient irrégulier.
Vous avez fait découvrir les programmes à deux agriculteurs belges. Qu’en retirez-vous?
C’est intéressant de voir la complicité entre les agriculteurs, qu’ils soient du nord ou du sud. Il y a une proximité entre les gens de la terre. Mais Cédric et Cécile ne sont pas venus en simples spectateurs. Ils ont voulu travailler avec leurs hôtes, partager leur vécu. Cela a amené des petites idées entre eux à mettre en pratique ici même si tout ce qui se fait chez nous n’est pas nécessairement applicable au Bénin.
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Cécile Schalenbourg s'est rendue au Bénin avec les Îles de Paix pour découvrir les programmes mis en place. Cette jeune agricultrice a repris la ferme familiale à Donceel (Hesbaye liégeoise) avec sa sœur Caroline en 2012.Il s'agit d'une agriculture intégrée et raisonnée de 80 ha (pommes de terre, betteraves, colza, lin, épeautre, froment orge). Les agricultrices élèvent aussi 200 brebis et agneaux pour la viande, 6 000 poulets de chair par an et 150 poules pondeuses.
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Également du voyage, Cédric Saccone exploite la ferme au Moulin à Pousset (Remicourt). On y trouve 5 ha de cultures dont deux en maraîchage bio avec peu de mécanisation et beaucoup de travail à la main.
Un magasin à la ferme permet de vendre les légumes bio et centralise les produits d’artisans de la région. Le reste de la production de la ferme est vendu via des coopératives.
La ferme pédagogique accueille des enfants mais aussi des stagiaires. Des activités équestres sont aussi proposées.