Michel, de Marchin, et Evio, de Wanze : un tandem étonnant au sommet du Mont Ventoux
Michel le Marchinois et Evio le Wanzois ont tous deux gravi le Mont Ventoux à vélo. Le premier coachant le second, qui est sourd et aveugle.
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Publié le 26-05-2023 à 11h50 - Mis à jour le 26-05-2023 à 16h20
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Ils sont fans de vélo, fans de défi aussi. Et là, leur défi est double. Portés par leur amitié, Michel Pierre, de Marchin, et Evio Stocco, d’Antheit, viennent de gravir le Mont Ventoux en tandem. Une histoire étonnante ? Oui, car le Wanzois est aveugle et sourd. Et c’est son copilote et ami qui l’a emmené, en le guidant par la voix, au sommet de ce col mythique… après avoir déjà gravi l’Alpe d’Huez il y a cinq ans.
Michel et Evio ont pris le départ en début de semaine, ils étaient 14 à se lancer dans l’aventure. Cinq duos sur des vélos musculaires, sans assistance électrique donc, formé d’un voyant et d’un mal ou non-voyant. Deux personnes à vélo solo, dont une dame qui est malvoyante, et deux personnes dans la voiture d’intendance. "On a quitté la Belgique lundi et on est arrivés à Saint-Pierre-de-Vassols, explique le Marchinois Michel Pierre. On voulait faire le Mont Ventoux mardi." Et mardi, ils s’y sont attelés. En l’abordant par le côté "le plus facile", par Sault avec 24,4 kilomètres d’ascension pour un dénivelé de 1204 mètres. Facile ? Non, évidemment… Car grimper le Mont Ventoux sur un deux roues n’est déjà pas une mince histoire. Mais en tandem et avec une personne qu’il faut guider de la voix, c’est autre chose. Et même s’ils sont tous adeptes du vélo, s’ils roulent régulièrement, c’était un réel défi à relever.
La rencontre entre Michel et Evio ? "C’est le plus grand des hasards, explique le Marchinois. Evio roule avec le club tandem de L’ASBL La Lumière. Il a un bon niveau. Il voulait pratiquer plus." Michel s’occupait du Cyclo-club de Marchin à l’époque. Un responsable de l’ASBL l’a dès lors contacté comme Evio est d’Antheit. "J’ai accepté de faire un essai." Et depuis, les deux comparses roulent en tandem sur les routes de la région hutoise. Après l’Alpe d’Huez en 2018, "Evio voulait refaire un grand col" pour ses presque 60 ans qu’il fêtera en janvier prochain.
Pédaler avec Evio, Michel apprécie. Même s’il le reconnaît: ce n’est pas facile car Evio est aveugle mais aussi sourd. "Il faut communiquer en continu sur les dangers, quand on veut arrêter, quand on va redémarrer. Je lui parle de la déclivité pour l’aider à gérer son effort. Et puis, je lui décris aussi les paysages." Evio est sourd mais il a un implant et Michel un micro. "Oui, c’est un double défi mais c’est une question d’habitude. Ça demande un peu d’expérience."
L’ascension du Mont Ventoux, les deux complices l’ont préparée. En roulant et roulant encore. "On a totalisé 1200 kilomètres d’entraînement. On a roulé aussi dans la région de Spa, à la recherche de difficultés. On a fait plusieurs côtes pour se mettre le plus possible en situation." Et en démarrant en bas du Mont Ventoux, ils ont fait ce qu’ils ont l’habitude de faire: ils ont pédalé en symbiose sur leur tandem. "Le versant faisait près de 25 kilomètres. En combien de temps on l’a fait ? Je ne sais pas ; c’était le cadet de nos soucis. Nous, on voulait juste arriver au-dessus et pas battre de record. " Le plus difficile ? La deuxième partie de l’ascension. "La partie lunaire, quand il n’y a plus de végétation. C’est vraiment la partie la plus dure. On commençait à sentir le sommet, on était proches de l’arrivée mais c’est 6 kilomètres de montée non-stop. C’est continu, c’est sans répit."
Mais ils l’ont fait. Michel et Evio, mais aussi les quatre autres tandems de l’expédition et les solos. Et dans une bonne forme en franchissant le sommet. "Evio, ça allait bien ; moi un peu moins mais après une bonne douche, ça allait." L’autre particularité du tandem hutois ? "Je fais 1,92 mètre pour 95 kilos. Evio, 1,78 mètre pour 75 kilos. On avait 175 kilos à hisser au sommet. On était de loin l’équipage le plus lourd." Tous deux étaient heureux d’être arrivés au sommet du Mont Ventoux, de l’avoir fait. "Heureux pour moi mais encore plus pour Evio. C’était un nouveau défi de pouvoir gravir un grand col aussi mythique, qui est un incontournable pour tout cyclo." L’équipe a encore roulé mercredi et jeudi, avant un retour en Belgique ce vendredi. Avec l’envie de remettre cela une nouvelle fois ?