Pas de Rallye du Condroz en 2023 à Marchin
Il n’y aura pas de rallyes à Marchin en 2023. Une décision qui a fait débat, même au sein de la majorité d’ailleurs.
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Publié le 31-01-2023 à 16h31 - Mis à jour le 31-01-2023 à 16h32
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Marchin a décidé, lundi soir, d’interdire tout rallye sur son territoire pour cette année 2023. La question des rallyes et des sports moteurs fait débat depuis des années sur la commune. Si certains bourgmestres ne portent pas le point à l’ensemble du conseil communal, Marchin a pris l’habitude d’ouvrir la discussion. Et lundi soir, discussion il y a eu parmi les conseillers communaux. Avec, en fin de débat, un vote qui prouvait la diversité des points de vue, même au sein d’un même groupe politique d’ailleurs: 4 "pour", 2 "abstentions" et 10 "contre".
Cette année, après les accidents mortels du Rallye du Condroz et du Rallye des Crêtes, la question a forcément encore plus de sens. "La réponse appartient au bourgmestre mais cela fait des années qu’on en discute tous ensemble et il est important de prendre une décision représentative, note le bourgmestre Adrien Carlozzi. Je suivrai donc l’avis majoritaire du conseil communal. Il y a une vraie question que je me pose, c’est celle concernant la sécurité publique. C’est l’argument le plus important selon moi. La législation en la matière reste inchangée et je pense que les derniers événements malheureux de 2022 nous ont prouvé que les choses devaient évoluer. La ministre de l’Intérieur ne bouge pas et la responsabilité ne doit pas être endossée par les Communes seules. La prudence recommanderait donc d’être plutôt contre les organisations de sports moteurs tant que les choses ne bougent pas à l’échelon fédéral." Un sentiment partagé par Frédéric Devillers, chef du groupe Écolo. "Je me suis toujours abstenu car je trouve que les organisateurs ont toujours pris soin d’écouter nos remarques. Mais, cette année, je voterai contre. Je veux que ce soit un “coup de gueule” adressé à la ministre de l’Intérieur et non aux organisateurs."
Une position commune avec la Conférence des élus ?
En amont de la séance du conseil communal, la Commune de Marchin a réuni le groupe de travail "Sports moteurs" afin d’amorcer des premières réflexions. "Nous avons listé les points positifs et négatifs. Ce qui est ressorti de ces discussions, c’est l’aspect sécurité et ce, même pour les amateurs de rallye, relate Stéphanie Bayers, échevine des Sports. Dans les points positifs, nous avons noté l’importance de soutenir un club marchinois, à savoir le Marchin Automobile Club (MAC), et les retombées positives pour les commerces locaux." En ce qui concerne les points négatifs, la liste est en revanche plus longue… Le groupe de travail a ainsi mis en exergue les problèmes de sécurité, de nuisances, d’environnement, d’incivilités et de vitesse. Un constat qui fait écho pour plusieurs conseillers communaux. "Je pense qu’on a un devoir d’exemplarité, ajoute Gaëtane Donjean, échevine. Privatiser des voiries publiques pour un événement où les gens sont exposés à la vitesse alors qu’on demande à la police de faire des campagnes de prévention toute l’année, je trouve que c’est antinomique. Je suis contente que les mentalités évoluent."
D’autres mettent en avant l’aspect environnement. "On parle de plus en plus d’environnement et d’urgence climatique, intervient André Struys, conseiller Écolo. On demande constamment aux citoyens de faire des efforts en privilégiant les modes de déplacement doux, en consommant moins et là, on fait tout le contraire." Alors, oui, le point divise et oppose autour de la table du conseil. Le mayeur marchinois aurait d’ailleurs préféré que ce débat soit à un échelon différent. "J’avais demandé qu’on adopte une position commune avec la Conférence des élus, qui regroupe les 31 bourgmestres de l’arrondissement de Huy-Waremme. Je pense que ça aurait pu avoir plus de poids."
« Contre tant que je ne suis pas rassuré sur l’aspect sécurité »
D’autres décident aussi d’assumer leur envie irrationnelle. "Je ne voudrais jamais avoir à annoncer ce que d’autres collègues ont dû faire, confie Éric Lomba, chef du groupe PS-IC. Je voterai néanmoins pour car j’ai toujours voté pour. C’est un choix irrationnel comme quand je vais voir le Standard jouer. Depuis que je suis gamin, je vois passer le rallye devant chez moi et j’ai envie de respecter l’histoire et la passion de bon nombre de Marchinois. Pour eux, c’est un événement important. Je pense qu’il faut améliorer les choses et faire évoluer les réglementations mais pas tout arrêter. Il faudrait réfléchir à des alternatives, éviter les noyaux d’habitat même si c’est compliqué ou prévoir des espaces dédiés aux spectateurs."
Mais pour le bourgmestre Adrien Carlozzi (du même groupe politique), le risque est trop élevé. "On ne veut pas viser les organisateurs spécifiquement mais il y a une donnée dans l’équation qu’on ne maîtrise pas, c’est le comportement des gens. Cette donnée n’est pas contrôlable. Quand il y a un accident ou un incident au niveau des habitations, ce sont, nous, bourgmestres, qui devons gérer ça. Moi, personnellement, je n’ai aucune envie d’aller trouver des familles en 2023 et leur dire que leur enfant est mort parce qu’on a décidé d’organiser une course automobile. Je comprends qu’on aime ça mais, moi, je ne veux pas prendre cette responsabilité. Tant que je ne suis pas rassuré sur l’aspect sécurité, je suis plutôt contre l’idée de continuer dans ce sens-là."