Lincent: près de cinquante riverains se plaignent des éoliennes
Près de cinquante réclamations contre deux éoliennes vont être transmises par la Commune de Lincent à la Région wallonne.
Publié le 16-11-2017 à 06h00
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Les éoliennes ne font pas que des heureux dans la commune de Lincent. Si leur apport financier annuel va venir gonfler les recettes des prochains budgets communaux, la simple présence nuisible de certaines d’entre elles pourrait aussi causer des soucis aux mandataires qui n’en ont d’ailleurs jamais voulu. À entendre les débats suscités lors de la séance de ce mardi au conseil communal, le sujet risque même bien de s’inviter lors de la prochaine campagne électorale…
Deux cibles récurrentes
Tous les mâts lincentois du parc Greensky acceptés comme un fait regretté mais accompli ne sont en effet pas au goût de tout le monde: 34 habitants de Pellaines et 12 de la rue du Warichet viennent de le faire ouvertement savoir à la commune et à la tutelle sous la forme non pas d’une pétition mais de lettres reprenant en détail ce dont se plaignent toutes ces familles. Déjà parvenues par voie directe aux instances régionales en octobre, ces missives lui parviendront plus officiellement encore ce mois-ci sous la forme d’un pli groupé souligné par une insistance du collège communal.
Convergences et divergences s'embrouillent d'ailleurs un peu dans le jeu politique actuel. Elles font en effet appel à des souvenirs dont la mémoire ne paraît pas identique dans la majorité et dans l'opposition. Le permis a été délivré en 2011 sans l'assentiment communal mais les socialistes Olivier Winnen et René Boyen laissent entendre que ce n'était pas un rejet absolument unanime, ce qui étonne l'actuel bourgmestre Yves Kinnard (MR). Ce dernier a donc vérifié hier mercredi: «Le collège a émis, à l'unanimité, un avis défavorable sur les éoliennes 7 et 8.» La position d'alors se nuançait ainsi: à proximité de l'autoroute, on acceptait les éoliennes 10 et 11 éloignées des habitations, on ne voulait absolument pas des 7 et 8 trop proches des maisons et on émettait un avis favorable conditionnel quant à la 9e. Aujourd'hui, les doléances de la population concernent précisément ces mâts 7 et 8 situés rue des Meuniers qui occasionnent bien des nuisances.
Notamment évoquées au conseil par David Doguet, un allié de l’ancien mayeur, les réclamations du voisinage portent essentiellement sur quatre points: le bruit, accentué par certains vents dominants; la luminosité de plus en plus perturbée en soirée et la nuit, les effets stroboscopiques et enfin la dévaluation redoutée des immeubles les plus exposés à ces nuisances et pour lesquels la commune perçoit des additionnels au précompte immobilier. Avoir l’impression d’être constamment chahuté et flashé dans sa salle à manger ou dans son bureau déplaît de plus aux riverains qui se sentent désormais obligés de montrer les dents.
« Des experts doivent être désignés »
e collège communal a l'obligation et la volonté de respecter la procédure en transmettant toutes les réclamations des riverains, ainsi qu'un courrier reprenant la synthèse des plaintes, au département de la police et des contrôles du Service public de Wallonie (SPW), a indiqué le bourgmestre Yves Kinnard (MR). « Le collège est sensible à cette problématique, insiste-t-il. Nous allons traiter ce dossier très sérieusement. Ce sont des experts du SPW qui doivent être désignés pour analyser les doléances des riverains. Qui suis-je pour aller contrôler le bruit ou encore les effets stroboscopiques ? Nous allons appuyer la demande des riverains et suivre le dossier de près, en s'enquérant de la situation. En fonction des analyses, on entreprendra les démarches nécessaires pour que les droits des riverains ne soient pas bafoués. »
Aussi une action introduite en justice
À côté d'une action sur le fond, des riverains en tentent aussi une sur la formesur base de non-respect d'une réglementation wallonne. Plusieurs Pellainois appuient la démarche commune de leur quartier visant au démantèlement des deux mâts déplorés par l'argument qu'ils ont été construits en 2016, 3 ans après l'expiration du délai de 2 ans accordé par leur permis (L'Avenir du 3 juin).
Cette observation a conduit trois familles à entamer une action en justice auprès d'un tribunal bruxellois en insistant sur le fait que la Région wallonne n'avait pas emboîté le pas des deux autres pour permettre aux temps de recours au Conseil d'État de proroger les délais d'exécution des travaux. Ceux-ci se seraient donc effectués, à leurs yeux, sur base d'un permis obsolète.
Sur un terrain du CPAS
Tout en regrettant qu'on soit tenu à se conformer à des normes anciennes plus contraignantes que les plus récentes, le collège communal accompagnera son envoi du dossier à la Région d'une demande de contrôle objectif et rigoureux des incommodités inacceptables et de mesures destinées à les supprimer. Mais pas d'action en justice de sa part.
L'opposition émet des doutes sur la teneur pertinente des requêtes officielles mais, dans la majorité, le président du CPAS Albert Morsa (MR) lui reproche d'inutilement politiser le problème.
Les riverains, eux, s'inquiètent plutôt de l'implantation d'un mât sur un terrain du CPAS.
Navrés des passes d'armes préélectorales, les Pellainois lésés, qui déplorent par ailleurs l'accord commun des élus pour récolter un apport financier éolien qu'on pourrait refuser en grands seigneurs, sont bien déterminés à ne lâcher prise que lorsque justice sera faite à leur égard. Sans être opposés aux éoliennes.