Huy : à cause de son ruisseau, le village de Ben est retourné au Moyen Âge…
Ces riverains en ont marre. Le ruisseau de Ben les incommode par ses mauvaises odeurs. L’une d’entre eux, Nathalie Michiels, a interpellé le collège communal de Huy hier soir.
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Publié le 23-05-2023 à 12h07 - Mis à jour le 23-05-2023 à 13h00
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Les interpellations, au conseil communal de Huy, sont plutôt rares. Lundi soir pourtant, Nathalie Michiels, une Hutoise de Ben, n’a pas hésité: elle a pris la parole face aux conseillers communaux. Demandant au collège de répondre à l’appel lancé par les riverains du ruisseau de Ben.
Le souci ? Une grande partie du village de Ben n’est pas raccordée aux égouts. Certaines maisons sont même munies de fosses avec évacuation du trop-plein directement dans le ruisseau. "Ça représente un problème sanitaire mais aussi écologique", explique la Hutoise. Faune et flore sont impactés ; il n’y a plus que les rats et les moustiques qui prolifèrent dans le ruisseau. Et la Hutoise d’épingler aussi les odeurs "nauséabondes et insoutenables". Seul l’eau des lave-vaisselle et lave-linge dilue les effluents. Et la Hutoise d’évoquer un retour vers le Moyen Âge, avec ce que cela implique en termes de risque de santé publique…
La Ville déjà informée
Depuis le milieu des années 90, et les fameuses inondations qui ont touché le village, "les problèmes du ruisseau se sont aggravés", affirme Nathalie Michiels. Alors oui, des travaux ont bien été entrepris mais "rien n’a été fini. Aujourd’hui, un muret est en cours d’effondrement, des bouchons se forment sur des terrains privés et communaux." Et le curage du ruisseau ? Il a été fait au début du Covid, à hauteur de la rue du Tige, mais "que sur une vingtaine de mètres de part et d’autre du pont creusant un petit fossé un peu plus bas que le lit en aval". Résultat: l’eau stagne encore plus qu’avant. "Le déblaiement à l’embouchure du ruisseau avec la Meuse est une bonne action, mais cela ne suffit pas à ramener l’eau." L’embouchure est trop élevée, l’eau ne circule pas et les poissons ne reviennent pas frayer dans le ruisseau.
En 2004, puis en 2008, les riverains ont informé la Ville. Ils avaient même suggéré les travaux à réaliser pour que le ruisseau retrouve le cours qu’il avait en 1961, époque où les brochets et écrevisses, "signe d’une eau propre et pleine de vie", y vivaient encore.
Au conseil communal lundi soir
Lundi soir, Nathalie Michiels est venue avec des questions claires. Qu’est-ce que la Ville compte faire pour rendre au village de Ben un cours d’eau et un cadre de vie corrects ? Dans quel délai ? Et aussi, la Ville devrait contraindre les propriétaires privés à respecter leurs obligations d’entretien. Enfin, les riverains ne désespèrent pas d’avoir un jour un égouttage digne de ce nom…
Et les problèmes ne sont pas neufs. "Cela fait plus de 50 ans, a soutenu le conseiller communal Grégory Vidal (DéfipourHuy). La problématique est là, il n’y a pas d’égouttage. Et on oblige les gens à mettre des fosses septiques plutôt que des stations individuelles. Avec rejet dans le ruisseau." Sauf qu’aujourd’hui, le ruisseau ne s’écoule plus dans la Meuse et la Meuse ne vient plus dans le ruisseau. "Ça stagne." Et Grégory Vidal d’ajouter: "il faut arriver à une solution viable économiquement. La Ville n’a pas moyen de mettre des égouts sur fonds propres. Mais les habitants subissent la problématique."
Des investissements prévus cette année
Oui, le village de Ben n’est pas raccordé aux égouts, ni à aucune forme d’assainissement collectif. Et oui, certaines maisons sont directement raccordées au ruisseau où elles déversent leurs eaux. Et oui, il y a aussi des bouchons à certains endroits. La Ville de Huy est bien consciente de tout cela et elle y travaille selon une méthodologie que l’échevin des Travaux, André Deleuze, a expliquée. "Les problèmes sont de plusieurs ordres et on vise plusieurs objectifs." Déjà, garantir le bon écoulement des eaux. "On a aussi deux ouvrages prioritaires: le passage sous la N90 avenue de Beaufort et le passage sous la rue St-Roch. Un investissement de 100.000€." Autre chantier à lancer: "il faudra récupérer de l’eau dans le ruisseau via des aménagements, la création de pentes, à hauteur du Pré Brion."
Des investissements sur les cours d’eau, le budget communal en a consenti. En 2020, la Ville s’est attaquée au ruisseau L’homme sauvage, à Tihange. En 2021, place au Poyoux Sarts et au Morissart ; en 2022, le ruisseau de Bonne espérance. En 2023, c’est le ruisseau de Ben et la Loëgne qui seront visés par des aménagements. De plus, "plusieurs propriétaires ont été mis en demeure d’enlever les obstructions". Dans quel délai ? "C’est difficile d’en donner un." Et oui, la Ville de Huy adhère au contrat rivière, "tous les trois ans le ruisseau est parcouru et observé. Mais le cheminement demande de gros investissements ; On doit cependant faire en sorte que sur tout Huy, le traitement des eaux usées respecte les citoyens et l’environnement ; C’est l’objectif de la Ville."