A cinq mois de la fin des travaux, Huy cherche un exploitant pour son téléphérique
Sa construction sera terminée fin octobre. Reste que le téléphérique de Huy n’a toujours pas d’exploitant. La Ville lance un appel aux candidats prêts à l’exploiter lui, mais aussi la cafétéria, la location de vélos, la brasserie,…
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/C5UW44MZAZDA5MQD4KIFT7TEUE.jpg)
Publié le 23-05-2023 à 18h53 - Mis à jour le 23-05-2023 à 18h54
:focal(544x312:554x302)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VWCIUA6Q25EXNGCN5J2IHTLR2A.jpg)
L’accident de l’hélicoptère qui avait percuté les câbles du téléphérique de Huy remonte à onze ans. Mais il est encore dans toutes les mémoires. Là, dans quelques mois, la reconstruction du téléphérique sera terminée. La date de fin octobre a été annoncée. Mais on ne verra pas les cabines rouges se balancer au-dessus du fort et de la Meuse avant, probablement, le printemps prochain. Simplement parce que si les travaux de relance du téléphérique touchent à leur fin, il n’y a personne pour le faire fonctionner.
Pour septembre
Lundi soir, au conseil communal, le collège a présenté le projet d’appel à concession qu’il compte lancer. La Ville cherche ainsi un privé prêt à exploiter le téléphérique mais pas que. Puisque l’heureux élu devra prendre en charge "les services annexes", comme l’explique l’appel à concession. La station basse, d’où démarrera le téléphérique, est équipée d’un bureau d’accueil mais aussi d’une brasserie et d’un point location de vélos et trottinettes. Il est aussi prévu, à la station intermédiaire sur le fort, de développer des activités et événements culturels familiaux avec, notamment, une cafétéria là aussi. Enfin, la station de la Sarte développera le tourisme récréatif. Et "la Ville cherche des partenaires financiers et opérationnels pour ces services", a expliqué le 1er échevin Jacques Mouton. Comment opérer ? La Ville lance un appel et retiendra au moins cinq des soumissionnaires qui auront remis une offre régulière. Ces cinq candidats à la gestion du téléphérique seront amenés à présenter leur offre au collège via un support PowerPoint. La Ville prendra 30 minutes pour discuter des points présentés. Puis, elle fera son choix.
Le marché s’accompagnera d’une redevance forfaitaire payable mensuellement, le montant étant fixé par les soumissionnaires. L’eau, le gaz, l’électricité et les assurances seront à charge du soumissionnaire. Les candidats devront prouver leur expérience de transport par câble mais aussi dans le domaine de l’horeca, leur expérience de gestion d’une attraction touristique de 100 personnes par jour et d’une durée minimale de 18 mois sur les dix dernières années aussi. À noter qu’ils pourront sous-traiter. Une caution de 100 000 € sera exigée, la durée de la concession sera fixée à 30 ans mais l’adjudicateur pourra résilier le contrat à tout moment. Les candidats pourront ouvrir le téléphérique et les services annexes quand ils le souhaitent mais au moins entre le 1er avril et le 31 octobre. Enfin, les candidatures sont à déposer pour septembre.
"On va devoir travailler à la va-vite"
S’il est heureux d’enfin voir ce dossier sur la table du conseil communal, l’écolo Rodrigue Demeuse s’interroge néanmoins. L’accident remonte à 2012 et c’est seulement maintenant, à quelques mois de la fin des travaux, que la majorité s’inquiète de savoir qui va gérer le téléphérique. "On est face à un mur, on va devoir travailler à la va-vite. On est dans une situation de faiblesse absolue." Le collège espère recevoir cinq offres pour un minimum de concurrence. Les écolos n’y croient pas. "C’est un rêve, les exploitants de téléphérique ne courent pas les rues…" Déjà, la Ville de Huy n’aurait pas dû scinder travaux et exploitation du téléphérique car "il y a un risque que personne ne veuille l’exploiter sans l’avoir construit". Et puis, aussi, l’exploitant ne voudra certainement pas de la gratuité pour les Hutois. Or, s’il faut le voir comme un outil touristique, le téléphérique permettra aussi de valoriser la mobilité douce. "L’investissement est énorme (NDLR: il est de 15 millions, dont la moitié de subsides et assurances) et on va privatiser sans aucun avantage pour les Hutois." Et si personne ne soumissionne, si la Ville n’a d’autre choix que de former du personnel communal ? "Vous avez décidé de supprimer l’accompagnement pendant deux ans par le constructeur, ce qui aurait coûté 300 000 €." Réponse du 1er échevin en charge des Finances, Jacques Mouton: "On négociera". Puis, de balayer les arguments écolos: "Vous êtes toujours pessimistes. Nous, on essaie d’être optimistes. Il y a déjà des marques d’intérêt."
Pourquoi confier l’exploitation du téléphérique à un privé ? "Parce que ce n’est pas notre métier de base, explique le bourgmestre en titre Christophe Collignon. Il faut un exploitant avec une expertise." Déjà, la Ville n’a pas de convention collective de travail pour faire travailler des agents communaux les samedis et dimanches. Passer par une concession assurera à la Ville des revenus. "Pas mal de sociétés pourraient être intéressées." Et si pour septembre aucun candidat ne s’est dévoilé ? "Si on est le bec dans l’eau, on devra revoir notre position", ajoute l’échevin Jacques Mouton.