"Fallait pas le dire" avec Pierre Arditi et Evelyne Bouix, fallait pas le rater
Le duo Arditi-Bouix a enthousiasmé le public hutois. Avec une question récurrente: faut-il toujours donner son opinion, et de quelle manière ?
Publié le 17-03-2023 à 17h30
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C’était l’un des moments les plus attendus de la saison au centre culturel. La preuve ? Les quelque 900 places avaient toutes trouvé acquéreurs depuis de nombreux mois déjà. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le public hutois n’a pas été déçu ce jeudi soir: "Fallait pas le dire", avec Évelyne Bouix (69 ans) et Pierre Arditi (78 ans), a tenu toutes ses promesses.
Couple à la ville depuis plus de 35 ans, les deux comédiens parisiens servent à merveille la pièce écrite et mise en scène par Salomé Lelouch… qui n’est autre que la fille d’Evelyne Bouix, née d’une première union avec Claude Lelouch. Mais c’est parce qu’elle a surtout été élevée par sa mère et son beau-père que la dramaturge y a trouvé source à écrire une vingtaine de saynètes.
Le spectateur ramené à sa propre vie
Rythmée à souhait, la pièce nous plonge dans le quotidien et l’intimité du couple au fil de discussions plus ou moins animées. Tout y passe ou presque: les repas de famille (le gâteau au yaourt de la belle-mère dégueulasse), les questions de société (le port du voile), la sexualité (madame regarde du porno en effaçant l’historique de son I-Pad), le rapport à l’argent (monsieur paie toujours l’addition), la politique, le réchauffement climatique, la chirurgie esthétique, ou encore les déplacements en trottinette. Avec toujours cette question fondamentale: fallait-il ou non s’exprimer sur le sujet et si oui, de quelle manière ? Au final, chaque spectateur est ramené à sa propre vie, à des situations qu’il/elle a déjà plus ou moins vécues. En couple ou non d’ailleurs. Argumenter, prendre position, faire preuve d’un brin de mauvaise foi, n’est-ce finalement pas le lot quotidien de chaque être humain ?
"Ce n’est pas de la chirurgie esthétique, c’est de l’entretien"
Ici, quelques répliques mériteraient d’ailleurs de devenir cultes. Des exemples ? "Quand on dit ce qu’on pense, on finit par penser ce qu’on dit", "Les trottinettes sont des chars à connard. Je suis un fasciste de la trottinette", "Tu peux leur dire que j’ai voté à droite mais pas que je ne suis plus de gauche. Moi, j’ai suivi la gauche qui partait à droite." Vous en voulez encore ? "Moi, ce n’est pas de la chirurgie esthétique, c’est de l’entretien". Et enfin: "La télé crée des cons qui finiront par prendre un spot publicitaire pour une tragédie de Racine."
Sur scène, le duo Arditi-Bouix fonctionne à merveille, et comme toute ressemblance avec la réalité n’est pas fortuite, le texte débouche vers un jeu plus abouti. Dans un décor élégant et modulable, les saynètes s’enchaînent sur fond de musiques variées. La pièce réunit notamment Nat King Cole, Sacha Distel, Charles Trenet, ou encore Clara Luciani. En un mot comme en cent: "Fallait pas le dire", fallait pas le rater.