Piste d’athlétisme: on colmatera les trous, mais pas de nouveau tartan
Remplacer la piste d’athlétisme de Huy ? Non, car ça coûterait aussi cher qu’une neuve de 400 mètres. Par contre, la Ville est prête à colmater les trous.
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Publié le 13-03-2023 à 20h00
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Le club l’espérait, ses athlètes aussi… La Ville de Huy avait surmonté le plus gros obstacle: trouver un terrain, dans le quartier des Chinisses, pour y construire une piste d’athlétisme de 400 mètres avec les infrastructures nécessaires pour pratiquer toutes les disciplines. Et le Huy athlétic club croisait les doigts pour que le projet voie rapidement le jour. Sauf que les subsides espérés lui sont passés sous le nez. Le projet, estimé à 3,5 millions d’euros, a été remisé au placard, le temps de décrocher une autre aide financière.
Les athlètes du Huy athletic club, eux, continuent à s’entraîner sur une piste trop courte ; l’anneau fait 250 mètres alors que les compétitions se déroulent sur une piste de 400. Mais surtout ils courent sur un tartan (le revêtement rouge qui recouvre la piste) criblé de trous… En certains endroits, les athlètes sont même sur le béton. "Toutes les pistes sont comme ça, commente Armand Pirotte, le président du club hutois. Le problème, c’est qu’elle s’abîme plus vite qu’une autre car elle est plus petite."
Et des trous, il y en a. "Oui, il y en a ; des morceaux de tartan se décollent à certains endroits, explique Christophe Melin, entraîneur du groupe de semi-fond. Cela pose problème car on court avec des spikes (NDLR: des chaussures à pointes) et sur la sous-couche, c’est dangereux." Non seulement, les athlètes risquent la blessure, une tendinite, mais de plus sur une piste de 250 mètres, "ça tourne plus fort. Tourner sur une trop courte piste, c’est un problème aussi."
Pierre-Yves Helmus, entraîneur du groupe de sprint, connaît bien le problème, lui qui a été président du club pendant douze ans. "La durée de vie d’une piste ? La couche tient entre cinq et dix ans. Là, la piste a bien 15 ans." Pourquoi ne pas aller s’entraîner ailleurs en attendant des jours meilleurs ? Difficile car les déplacements coûtent cher, les locations de piste aussi. "Lorsque j’étais président, on avait travaillé sur un projet de nouvelle piste, là où sont les terrains de foot, près du centre de permis de conduire. Le dossier était sur la table de la Région wallonne mais ça a capoté pour des raisons mystérieuses. Les promesses n’ont pas été tenues à l’époque." Aujourd’hui, le club "fait avec" même si "c’est triste pour les athlètes et les entraîneurs", commente Pierre-Yves Helmus. Qui rêve d’une nouvelle piste pour un club qui a sorti des athlètes de très bon niveau. "D’autres communes, comme Hannut, Andenne, Seraing, en Flandre aussi, ont des pistes de 400 mètres." Pourquoi pas Huy alors que le club a 400 affiliés…
La piste est foutue jusqu’aux fondations
Les problèmes rencontrés par le club hutois, Étienne Roba, échevin des Sports, les connaît. Pourtant, il est clair: la Ville n’a pas les moyens de remplacer le tartan de la piste de 250 mètres. Pour prendre une telle décision, elle s’est basée sur l’expertise de "Labo Sport" commandé il y a plus de deux ans. "On leur avait demandé une analyse de la piste, pour voir si on la rénovait. On voulait voir si on devait faire un léger lifting ou une réfection plus en profondeur." Le rapport de l’expertise a été sans appel: la piste est "complètement foutue. L’étude était assez précise." Elle a été rénovée en 2012 mais "ça a été mal conçu à l’époque. Ça n’a pas été bien fait. La piste est foutue jusqu’aux fondations. Il faut tout enlever et tout refaire." Et ça, pas question. Car rénover la piste de 250 mètres coûterait aussi cher que la nouvelle piste de 400. "On ne va pas reconstruire la piste de 250 mètres alors qu’on a le projet de celle de 400." Car ce projet de nouvelle piste, l’échevin hutois y croit. La Ville continue sur sa lancée, elle cherche toujours des subsides et "on saura la faire, et pas dans 1 000 ans. On a le terrain, c’était le plus difficile. On va y arriver, j’en suis certain. Je suis confiant. "
N’empêche, en attendant des subsides qui permettraient de lancer concrètement la construction de la nouvelle piste de 400 mètres aux Chinisses, les athlètes continuent à s’entraîner sur une piste à trous… Et ils risquent les blessures. Ça aussi, l’échevin des Sports Étienne Roba en est bien conscient. Et réparer l’actuelle piste, en colmatant les trous en attente de jours meilleurs ? "Oui, c’est quelque chose de tout à fait envisageable", avoue-t-il. Avant de nous revenir quelques instants plus tard avec plus de précisions: "On a un budget pour faire quelques réparations. On va en discuter avec le bureau de la Régie sportive. On peut remettre du tartan sur les gros trous et comme on a l’argent, c’est envisageable rapidement. Mais ce seront des petites réparations." De quoi tenir jusqu’aux subsides tant espérés pour une nouvelle piste ? Croisons les doigts…