Le détenu de la prison de Huy se fait livrer un Quick… par drone
Un détenu de la prison de Huy s’est fait livrer un Quick par drone. Et le personnel s’inquiète de ces travaux demandés et pas encore réalisés, de la surpopulation aussi…
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/C5UW44MZAZDA5MQD4KIFT7TEUE.jpg)
Publié le 21-02-2023 à 15h42 - Mis à jour le 21-02-2023 à 17h45
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YIT7EIXV5NGKLGBF5MCJWJMNUQ.jpg)
L’anecdote pourrait prêter à sourire, et pourtant… Il y a deux ou trois mois, un détenu, incarcéré à la prison de Huy, s’est fait livrer un menu du Quick par drone. L’engin avait survolé la cour de la prison avant de larguer son colis. "Comment on s’en est rendu compte ? Par le reliquat", explique Luc Monfort, délégué SLFP. Qui rappelle que cela fait des années, plus de 20 ans en fait, que l’établissement pénitentiaire hutois a besoin de travaux tant il est vétuste. Familial, certes, mais vétuste. De lourds travaux sont nécessaires mais pas que. "On a ainsi demandé pour avoir des filets pour empêcher ce genre de largage", poursuit l’agent pénitentiaire. Sauf que la demande n’a pas été suivie dans les faits. Et le personnel, aujourd’hui, s’inquiète. "Si ce n’était qu’un menu du Quick, cela ne nous inquiéterait pas plus que ça. Mais on ne peut s’empêcher d’imaginer que le drone aurait pu larguer autre chose. Des stupéfiants, avec tous les risques d’une overdose, ou encore des armes et tout le danger que cela impliquerait pour les détenus ou encore pour les agents."
Aujourd’hui, les agents pénitentiaires, en front commun, remontent au créneau pour fustiger la surpopulation carcérale. La prison de Huy est supposée accueillir 62 détenus. "Hier lundi, on avait 92 détenus. Une fois, on a atteint les 95." Mais pourquoi ne ferme-t-on simplement pas la porte de la prison aux nouvelles entrées ? "On est en surcharge parce qu’on est une maison d’arrêt et qu’on ne peut refuser personne car on risque alors le vice de procédure, explique Luc Monfort. Tout mandat d’arrêt doit être exécuté." C’est ainsi dans une maison d’arrêt qui accueille ceux qui ont reçu un mandat d’arrêt. Au contraire des maisons de peine qui hébergent ceux qui purgent une peine. Depuis la fermeture de la prison de Verviers, la province de Liège n’a plus que deux maisons d’arrêt: Lantin et Huy. Et dans les deux, il y a surpopulation. "On n’a pas le choix, on doit accepter tous ceux que les parquets placent sous mandat d’arrêt, explique Luc Monfort. On ne peut pas non plus demander à la police de ne plus faire son travail pour décharger les prisons…"
La prison de Huy est en surpopulation permanente avec les risques sanitaires qui sont liés. "Certains arrivent à la prison dans des conditions sanitaires pas toujours au top. La surpopulation est telle qu’on met des gens potentiellement malades (avec des poux, la gale ou encore le Covid) avec des gens sains. On met ces détenus sanitairement en danger." Le délégué SLFP rassure: il n’y a jamais eu d’épidémie à Huy. Mais il y a deux ou trois ans, une épidémie de rougeole avait secoué la maison d’arrêt de Lantin. "On ne peut pas jouer ainsi avec la santé des gens."
À chaque situation de surpopulation, un courrier est envoyé au directeur, au bourgmestre en titre Christophe Collignon, au bourgmestre f.f. Éric Dosogne. "On leur signale la situation et la dangerosité des choses. Ils nous répondent qu’ils font suivre aux autorités compétentes." Et sur ce coup-là, syndicats et direction locale sont sur la même longueur d’ondes: "On essaye de trouver des solutions, on contacte le plus de monde possible pour que ça bouge. Mais la situation pourrait devenir de plus en plus dangereuse. Imaginer une émeute et une évasion massive… Les détenus se retrouveraient en plein centre-ville."
Une prison prévue pour 62 détenus (mais avec une limite acceptable arrêtée à 85) qui en accueille 92, elle fait comment ? "On pousse les murs. On a des cellules duo, quatuor, quelques solos aussi. On est alors obligés de les mettre par deux, trois ou quatre. On fait ce qu’on peut mais ça devient problématique et récurrent." Le personnel, lui, s’adapte. "On a appris à être souple, réactif, mais c’est compliqué. On a quelques malades longue durée, mais pas plus que d’habitude. La surpopulation, c’est devenu quelque chose de récurrent, c’est un peu entré dans les nœuds…"