De Tihange 2 à la centrale nucléaire normande de Flamanville pour le Faimois David Leoni
David Leoni a travaillé pendant 15 ans à Tihange 2. Mais il avait anticipé la fermeture et s’est fait engager à la centrale nucléaire de Flamanville, près de Cherbourg, en Normandie. Dans quinze jours, il y sera…
Publié le 07-02-2023 à 08h57 - Mis à jour le 07-02-2023 à 08h58
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Il savait depuis le début, le jour où il a signé son contrat en 2008, que l’aventure ne serait pas éternelle. Que "son" réacteur serait mis à l’arrêt 15 ans plus tard. Mais, à l’époque, tout jeune diplômé en électromécanique qu’il était, David Leoni s’est lancé tête baissée dans le boulot avec l’envie de se forger une expérience. Il réfléchirait à l’après… plus tard. "J’ai été engagé au département “Conduite”, là où on s’assure en fait du bon fonctionnement des installations", résume le Faimois de 43 ans. Des formations et des examens plus tard, il est devenu opérateur, "pilote de réacteur comme Homer Simpson", sourit-il. "J’ai très vite eu beaucoup de plaisir à travailler là parce que, dans ce département, on peut avoir des contacts avec tous les autres départements, que ce soit les mécaniciens, les instrumentistes… Du coup, j’ai acquis une expérience à la fois technique et humaine. Tout ça m’a nourri. Je connaissais la date butoir de février 2023 mais le boulot, même s’il est très exigeant et qu’on attend beaucoup de nous, est tellement riche et épanouissant qu’il permet de se développer. Avec toutes les formations proposées, on est en évolution constante. En plus, nos centrales belges sont parmi les plus complexes au monde, ce qui fait qu’on est reconnus dans le domaine."
Il y a 5 ans, la direction d’Engie a sondé ses équipes "pour savoir comment nous envisagions notre avenir. Ça a suscité beaucoup de questions chez moi. Je me sentais vraiment bien dans ce boulot. J’ai alors commencé à regarder autour." Et autour, il y a la France. La même langue, une culture très proche de la nôtre et une politique nucléaire d’avenir. David Leoni s’est alors dit qu’il allait tenter de continuer sa progression là-bas. Il a posé sa candidature chez EDF "sans savoir du tout où je pourrais être affecté. Souvent, quand un Belge veut s’expatrier en France, il vise plutôt le sud alors, quand on m’a parlé de la Normandie, je me suis dit “ah beh super, le bassin de production de parapluies, il va pleuvoir tout le temps comme ici !”, rigole-t-il. Mais ça a été une très belle surprise quand j’y suis allé la première fois. C’est une très belle région, très verte, et même s’il y pleut aussi beaucoup, le climat y est quand même plus doux qu’ici et il y a la mer !"
En juin dernier, David Leoni a passé une semaine sur le site nucléaire normand. Pour se familiariser avec les installations, ses futurs collègues, se rendre compte du travail à accomplir autour de Flamanville 3, un réacteur à eau pressurisée EPR (pas encore opérationnel) de toute dernière génération, le seul du genre en France. "C’est le fleuron d’EDF ! J’y ferai le même boulot qu’actuellement en tant que cadre-opérateur, ce qui me permettra une évolution importante avec plus de responsabilités."
Changer de vie maintenant, pas à 50 ans
David Leoni a signé son CDI temps plein en septembre dernier. Et si, au niveau boulot, "rien" ne changera vraiment pour le Faimois, il n’en est évidemment pas de même pour sa vie privée. Papa solo d’une Giulia de 9 ans dont il s’occupait jusque-là en garde alternée, il a dû la convaincre de son changement de vie. Il l’a emmenée deux semaines en Normandie l’été passé, ils ont visité et choisi ensemble l’appartement dans lequel il vivra et l’accueillera, avec vue sur le port de Cherbourg, à une vingtaine de kilomètres de la centrale nucléaire. "À ce moment-là, pour elle, l’échéance de février 2023 devait sembler aussi lointaine qu’elle ne me paraissait à moi quand j’ai signé en 2008 mais, ces dernières semaines, elle a vraiment conscientisé. Je suis un papa très investi dans sa vie, dans ses activités, et tout ça va changer. Pour sa maman aussi, qui va se retrouver seule avec elle, avec les bons et les moins bons côtés." Mais les nouveaux congés scolaires belges devraient permettre à David Leoni et à sa fille de se voir régulièrement. Le papa compte aussi "faire des sauts" en Belgique entre les coups. "C’est sûr qu’il y a eu des moments, et il y en aura encore jusqu’au moment où j’y serai, où je me suis dit que je pousserais bien sur le bouton “demi-tour”, principalement vis-à-vis de ma fille. Mais c’est aussi notre rôle de parents que de montrer à nos enfants qu’on n’a qu’une vie et qu’il faut être épanoui. Qu’on peut aimer les gens et profiter d’eux, même s’il y a l’éloignement physique et qu’on est moins présents. J’ai toujours rêvé de partir à l’étranger et, là, j’en ai l’opportunité. J’aurais pu encore rester 5 ans à Tihange (Engie assure l’emploi des travailleurs de Tihange 2 jusqu’en 2028, NDLR) mais je me suis dit que c’était le bon timing maintenant, à 43 ans, pour changer de vie, me lancer un nouveau challenge, plutôt qu’à 50 ans."
Une nouvelle vie qui débutera donc le 17 février avec le déménagement vers Cherbourg, à 650 km de Faimes. "C’est plein de sentiments mélangés: de l’impatience, de la réjouissance, des émotions et aussi de la peine, par rapport à ma fille. Mais je pars avec elle le 17, pour les vacances de Carnaval. L’aventure va commencer ensemble…"