Menacé de mort, le ministre Christophe Collignon veut une révision du code pénal sur les réseaux sociaux
Le Hutois Christophe Collignon ne prend pas à la légère les menaces de mort dont il est victime. Il épingle l’agressivité de plus en plus présente envers les élus.
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Publié le 30-01-2023 à 12h52 - Mis à jour le 30-01-2023 à 14h54
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La fusion entre Bertogne et Bastogne, deux communes de la province de Luxembourg, ne plaît visiblement pas à tout le monde. Au point qu’un déçu n’a pas hésité à envoyer un courrier fin décembre dernier à la Commune de Bertogne qui l’a ensuite transmis au bourgmestre de Bastogne, benoît Lutgen. Pas une lettre dans laquelle il marquait juste sa déception. Non. Il n’a pas hésité à menacer de mort plusieurs hommes politiques qui, par leur fonction, ont approuvé cette fusion. L’ancien et le nouveau bourgmestres de Bertogne mais aussi le Hutois Christophe Collignon qui, en sa qualité de ministre des Pouvoirs locaux, avait avalisé par décret le projet de fusion après que les conseils communaux de Bertogne et Bastogne l’avaient votée.
Et cette menace, Christophe Collignon ne la prend pas par-dessus la jambe. "Ce courrier écrit à la main me menace de mort ainsi que le bourgmestre actuel de Bertogne comme l’ancien. Son auteur explique qu’il connaît nos habitudes, qu’il vit seul, qu’il est armé et qu’il a du temps qu’il prendra pour tuer."
Une plainte contre x
Comment le Hutois a-t-il réagi face à cette menace ? "C’est quand même interpellant. D’autant plus que si le dossier est important pour les deux communes, il n’est pas vital pour une personne." Alors, avec un tel courrier, "on prend un peu de recul en se disant qu’il émane peut-être de quelqu’un qui a eu un coup de sang". Pas question cependant de s’en tenir à cela car – et là l’avocat que Christophe Collignon est l’affirme clairement -, "il y a une vraie menace sur le plan pénal". Ce courrier est également la preuve d’ "une dérive qui n’est pas acceptable en démocratie. C’est une dérive qu’on connaît de plus en plus." La décision de fusion a été prise de façon démocratique, elle est passée au vote dans les deux conseils communaux concernés. "Les conseillers communaux ont pris leur décision démocratiquement."
Une plainte a dès lors été déposée contre x, elle est gérée par la zone de police de Centre-Ardenne qui mène actuellement son enquête. Christophe Collignon a également avisé le chef de corps de la zone de police de Huy, où il vit, ainsi que celui de la zone de police de Namur, où il travaille. Pas de protection prévue cependant ; "on n’est pas face à des menaces faites par un système mafieux", commente le ministre hutois. Mais a priori, "un signalement a été fait".
Adapter la législation
Perturbé par cette menace de mort, Christophe Collignon ? "J’arrive à prendre du recul. Mais je veux saisir cette occasion pour évoquer l’évolution de la société… J’ai fait le tour de toute la Wallonie, j’ai rencontré des dizaines de bourgmestres et de mandataires locaux. Et ils sont nombreux à se plaindre de l’augmentation de l’agressivité, de l’impact des réseaux sociaux." Et ça, il ne faut pas banaliser mais bien "prendre à bras-le-corps" ce phénomène. De plus en plus, les gens prennent les réseaux sociaux comme défouloir et y critiquent les décisions prises par les mandataires. Ce qui induit chez les élus un ras-le-bol dû à leur charge de travail mais aussi à cette agressivité de plus en plus présente. Ils se plaignent aussi de ne pas être écoutés par l’administration wallonne, de la lourdeur administrative de leurs tâches pour lequel le ministre wallon a prévu une simplification administrative. Mais pour les réseaux sociaux ? "le code pénal ne connaît pas les réseaux sociaux, il date de 1967. Il faut trouver un juste équilibre" entre la liberté d’expression et l’agressivité qui peut déborder pour devenir répréhensible.
Actuellement, la calomnie, les menaces sont considérées comme délit de presse et doivent donc passer en cour d’assises. Sauf qu’il n’y aura pas de cour d’assises qui se réunira pour de tels faits. Donc, ils restent impunis. "Tout seul devant son PC, on se dit qu’on peut tout faire, qu’on peut tout ce permettra…" Le législateur doit pouvoir s’adapter, il doit pouvoir évoluer et inclure les dérives sur les réseaux sociaux. "Il faut une révision sur la législation ou bien une directive des parquets, des procureurs généraux. On doit pouvoir prendre ce problème avec sérieux."