Huy: un homme arrêté pour s'être masturbé chez Mr Bricolage prétend souffrir d'une maladie rare
Un habitant de Grâce-Hollogne est poursuivi pour outrages aux mœurs. Il nie, son ex l’enfonce et son avocat réclame son acquittement.
Publié le 20-01-2023 à 15h37 - Mis à jour le 20-01-2023 à 15h38
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Le 27 février 2021, un habitant de Grâce-Hollogne avait été surpris par une vendeuse du magasin hutois Mr Bricolage. Pensant d’abord qu’il était en train de voler, en partie dissimulé par sa veste posée sur son caddie, elle avait visionné les images des caméras de surveillance avec son gérant et il leur avait alors semblé que le client était en fait en train de se masturber. Interpellé, l’homme avait d’abord reconnu platement devant la police. Mais lors d’une audience en décembre 2021, il avait avancé une tout autre explication, évoquant une atteinte de son nerf pudendal. Une pathologie qui provoque des tensions, des brûlures et des douleurs dans la zone génitale qui ne pourraient être soulagées que par des massages bien précis.
Un expert avait alors été désigné pour attester de la maladie du Liégeois. Puis l’affaire était revenue devant le tribunal en septembre 2022, pour plaidoiries. Sauf qu’un report de dernière minute avait été demandé par le Ministère public. Quelques jours avant l’audience, la dernière ex du prévenu (avec qui il est en guerre pour la garde de leur fille de 2 ans) avait en effet fait suivre des pièces, des preuves selon elle, à la substitut du procureur du roi. Des mails et des documents dans lesquels elle expliquait et tentait de démontrer que l’homme mentait en mettant en avant une maladie. Et c’est bien là le nœud de cette affaire, cette maladie. Le prévenu prétend en être atteint (ce qui expliquerait ce qu’on lui reproche), son ex dément et le Ministère public est convaincu que l’homme est un manipulateur et qu’il a monté cette histoire de maladie de toutes pièces après avoir été arrêté. "Les gestes qu’il a eus dans le rayon et qu’on voit sur la vidéo sont on ne peut plus clairs, insiste la substitut du procureur du roi. Il a aussi raconté pendant des mois à sa compagne de l’époque (NDLR: celle qui l’a dénoncé) qu’il avait été arrêté pour une bagarre alors que le sexe n’était absolument pas un sujet tabou dans le couple. On n’a pas non plus de radios ou d’échographies dans le dossier, tout ne réside que sur des plaintes subjectives quant à ses douleurs." Étant donné que le prévenu n’a pas d’antécédent judiciaire, la substitut s’est dit d’accord pour des mesures probatoires (10 mois de prison s’il ne respectait pas les conditions qui lui seraient imposées).
« Il se masse ! »
L’avocat du prévenu réclame l’acquittement, démontant chaque argument à charge du dossier, coloré selon lui par la guerre que se livrent le prévenu et son ex autour de la garde de leur fille. Pour lui, le problème médical de son client a été objectivé, entre autres par l’expert qui évoque une maladie provoquant des douleurs soudaines et violentes "pouvant mener à des syncopes" et la "contrainte irrésistible" de poser certains gestes pour se soulager. "J’ai moi-même visionné 7-8 fois la vidéo et ce qu’on voit ne dure que deux secondes, c’est très furtif. Il se masse, il ne se masturbe pas ! Ce n’est pas un exhibitionniste non plus puisqu’il se “cache” derrière sa veste: d’ailleurs, la vendeuse croit d’abord qu’il est en train de voler. Quant au fait qu’il l’ait caché à sa compagne et à sa famille et inventé cette histoire de bagarre, c’est compréhensible: cette maladie s’appelle aussi celle “du nerf honteux”, quel homme donc aurait dit la vérité devant tout le monde ? Autre chose qui ne tient pas: il aurait pris toutes les infos sur cette maladie sur internet et grugé ensuite plusieurs médecins ?"
L’avocat a ainsi demandé au tribunal de ne pas céder aux déclarations de l’ex de son client, sur lesquelles une bonne partie du dossier est bâti.
Jugement le 17 février.